Nombreux amis en manque de série TV me demandent de leur en recommander une en cette période de disette où les nouvelles saisons de Game of Thrones, Twin Peaks, The Americans, No Offence, etc., n'ont pas encore débuté... Une petite recherche mène mes doigts au premier épisode de Legion que je télécharge sans savoir de quoi il s'agit vraiment. Surprise, le premier épisode qui vient d'être mis en ligne est ouf de chez ouf, me faisant un peu penser à Utopia ! La série, inspirée des Marvel Comics, ne ressemble à aucune des adaptations que le cinéma enchaîne à la queue-leu-leu. Le montage adopte la schizophrénie vertigineuse du héros David Haller confondant le passé et le présent, mais surtout le rêve et la réalité. Les images explosent sur l'écran tandis que le spectateur est happé par l'énigme dont l'explication est livrée à la fin de l'épisode. L'hôpital psychiatrique où il est enfermé est le théâtre des hallucinations du jeune homme qui y rencontre l'âme sœur, mais tous les détails que j'aimerais livrer risquent de gâcher votre plaisir. Comme je suis stupéfait par l'imagination de l'auteur et la maestria de la réalisation, je découvre qu'il s'agit de Noah Hawley à qui l'on doit déjà les deux saisons de Fargo !


Après les audaces incroyables de la seconde saison de Fargo, Hawley a choisi d'écrire un scénario encore plus dingue en s'échappant du style original des X-Men, évitant le remake en construisant ses propres variations. Le sujet lui offre d'imaginer des scènes totalement inattendues. Confiante, la chaîne FX lui a laissé la liberté de créer comme il l'entendait, ce qui donne toujours les meilleurs résultats. Pour trouver son style, ses références furent à la fois à Orange mécanique, 2001, l'Odyssée de l'espace et Eternal Sunshine of the Spotless Mind ainsi que certains films de David Lynch, Terence Malick ou Paolo Sorrentino ! Autant que possible il choisit de réaliser les effets spéciaux à la caméra plutôt qu'avoir recours à l'informatique.
Pour la musique, il demande à Jeff Russo de s'inspirer de Dark Side of The Moon du Pink Floyd. Hawley a préparé Dan Stevens qui tient le rôle principal en composant une play-list de 160 morceaux dont Happy Jack des Who et She's Like A Rainbow des Rolling Stones que l'on entend dès les premières minutes, du sound design expérimental français (devinez qui !), des gens qui hurlent dans des citernes, Pink Floyd (Rachel Keller, déjà présente dans Fargo comme Jean Smart, qui joue la petite amie de Stevens, est appelée Sydney "Syd" Barrett en référence au fondateur du groupe, démissionnaire pour cause de maladie mentale)... Hawley soulève évidemment la question de la folie dans son décrochement du réel, mais aussi par sa fonction sociale, et le complot n'est évidemment jamais loin, préoccupation récurrente de ceux qui n'acceptent pas le story-telling de ceux qui dirigent la planète...