Ulysse avait disparu un samedi soir et nous l'avions retrouvé mort le lendemain matin. Aussi lorsque Oulala n'est pas rentrée dimanche, nous nous sommes forcément inquiétés, un peu traumatisés par la fin de son frère, de la portée précédente. Les chats sortent la nuit, mais que le matin soit venu, les voilà réclamer leur pitance. Or Oulala disparut samedi soir sans laisser d'adresse. Le petit Django la cherchait en vain. Je faisais le tour du quartier, mais le chantier labyrinthique un peu plus bas, fermé le dimanche, recèle quantité de fosses dont un matou ne pourrait ressortir s'il s'y aventurait. Avouons que Françoise et moi avons mal dormi et qu'il faisait encore nuit quand nous nous sommes levés pour aller voir les ouvriers dès potron-minet. J'ai sifflé dans le jardin comme j'en ai l'habitude pour rappeler les chatons au bercail. J'entends bien miauler, mais où ? Le son vient d'en haut ! Levant la tête je découvre la chatte au bord du toit des voisins, à plus de dix mètres du sol. La seule manière d'y accéder pour elle fut de grimper le long du lierre sur toute la hauteur du bâtiment depuis le chantier mitoyen. On ne dira pas un exploit surhumain, mais surfélin ! J'attends que l'heure soit plus décente pour sonner chez nos voisins, qui, manque de chance, sont exceptionnellement absents ce lundi. Il ne reste qu'une solution, aller la chercher nous-mêmes. Le grand escabeau nous permet d'accéder au toit incurvé du garage en métal, puis je pose notre plus grande échelle dessus le long du mur, mais il est impossible de la stabiliser à cause de la courbe. Je coince un pied de chaque côté d'un des renforts, l'épaule tenant en force l'échelle qui repose que sur un point pendant que Françoise joue les acrobates car elle est nettement plus légère que moi. Oulala râle lorsqu'elle l'attrape par le cou, pendant que Django galope dans tous les sens sur le garage. Il eusse fallu un troisième larron pour photographier ce numéro d'équilibristes improbable. En croisant Raymond, l'amant le plus assidu d'Oulala, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Django sauf qu'il a les yeux verts au lieu de jaunes et qu'il est entier, je comprends que le soupirant entrevu hier au travers des grilles du chantier a entraîné sa copine qui s'est laissée prendre.


J'arrache les trois affichettes que j'avais collées devant chez nous et sur la palissade des travaux. La journée s'annonce plus sereine que la veille. Je profite insidieusement du succès des billets félins pour vous suggérer de regarder le discours sur l'écologie de Jean-Luc Mélenchon, une remarquable leçon de choses comme on appelait cela au cours d'histoire naturelle. Ceux qui refusent le cynisme ambiant sont déjà convaincus, les autres pourraient changer d'avis sur celui auquel les médias dressent un costard injuste qui ne lui sied pas du tout. Si vous préférez la bande dessinée, le programme est décliné avec humour par Melaka, Reno Pixellu et Olivier Tonneau.