L'engouement pour le programme de la France Insoumise augmente de jour en jour. Son candidat à la présidence de la République, dernier de la Ve avant que la Constituante accouche de la Constitution de la VIe (la vie !?), fait preuve d'une clarté exemplaire dans ses prestations publiques et médiatiques et si l'on est sensible à son argumentaire tant écologique qu'économique, pacifique et moral, Jean-Luc Mélenchon rassemble de plus en plus de suffrages à quelques jours du vote, laissant espérer qu'il se retrouve en lice pour le second tour. Or si Mélenchon se retrouve au second tour contre Marine Le Pen il a de très grandes chances de l'emporter. On cravache donc pour convaincre les indécis, les abstentionnistes, les hamonistes, les poutouistes, etc.
Première adresse aux abstentionnistes qui préfèrent militer au quotidien dans un combat de proximité, à Notre-Dame-des-Landes, auprès des "sans-papiers", etc. Souvent de tradition anarchiste, ils critiquent le culte de la personnalité des hommes et femmes politiques, choisissant la marge comme s'il était possible de s'exclure du jeu social. Cette démarche parfaitement louable et compréhensible peut paraître égoïste, car, souvent issus de la classe bourgeoise, ils se marginalisent dans un mouvement de solidarité limité. Ils ne désirent le plus souvent pas de véritable changement, leur marginalisation représentant un confort de l'esprit à la Zorro. Rappelez-vous que le justicier est un riche aristocrate qui prend la défense de la veuve et de l'orphelin, accompagné de son fidèle serviteur muet ! Or si Mélenchon devenait le dernier président de la Ve République, il entraînerait quantité de pays européens à sa suite, avec une petite chance de sauver la planète du gâchis et de la guerre mondiale qui se profile. L'enjeu est colossal, quand un Macron au contraire nous ferait glisser dans l'horreur qui est hélas déjà à l'œuvre...
Deuxième adresse aux "intellectuels de gauche" qui ne cessent de chercher la plus petite mesquinerie qui salirait Mélenchon, sans y arriver, mais boudant le plaisir de bousculer l'ordre des choses et de réaliser cette révolution pacifique. Même constatation sur leur désir de renverser le cours de l'Histoire. Le souhaitent-ils vraiment ou se complaisent-ils dans un pessimisme dont ils sont les héros ? À noter que presque tous et toutes sont des personnes intelligentes, mais avec un ego surdimensionné, incapables d'avaler qu'un politicien soit plus brillant qu'eux ! Ils attaquent honteusement la personnalité de Mélenchon, comme s'ils n'avaient jamais voté que pour des altruistes effacés. Ou bien ils ressassent ses prétendues attaches à Poutine, alors qu'il a été parfaitement explicite sur le sujet. En m'interrogeant sur ce qui lie ces détracteurs systématiques, je me souviens que des années durant ils ont été des gens que j'ai admirés, mais aujourd'hui ils se répandent misérablement sans développer le moindre argumentaire. Ils préfèrent jouer les va-t-en-guerre en Syrie comme jadis Romain Goupil en Irak ou BHL en Lybie, deux pays que nous avons totalement détruits, ils préfèrent louer Benoît Hamon placé là uniquement pour siphonner les voix de la France Insoumise, le candidat du PS renégat étant de toute évidence le freluquet Emmanuel Macron, sorte de pantin entre les pattes des banquiers à la manière de Bush Jr.
Mon article, que j'admets provocateur et réducteur, n'aura convaincu personne qui ne veuille être convaincu, comme disait Jean Renoir, mais j'avais envie de partager cette analyse sommaire avec toutes celles et tous ceux qui participent à ce mouvement d'une rare créativité où l'espoir reprend du poil de la bête, au moins ces deux dernières semaines, mais certainement pour plus longtemps, tant le travail des militants a redonné foi en la possibilité d'un autre monde, avec un programme qui servira quelle que soit l'issue du scrutin. La politique refait surface et envahit la rue. Je devrais mettre plus de points d'interrogation que d'affirmation, car je comprends aussi que la société du spectacle a atteint un point extrême où nombre d'entre nous ne savent plus s'ils jouent un rôle, s'ils sont agis ou s'ils ont encore la faculté de penser. J'ai moi-même encore des doutes que j'ai laissés de côté le temps de quelques jours...