La mobilisation porte ses fruits. La mairie de Bagnolet a installé des toilettes et un point d'eau pour les 150 Baras, expulsés le 29 juin de la rue René Alazard à Bagnolet, qui ont trouvé un refuge provisoire sous le pont de l'échangeur à Gallieni. Il ne leur manque que des sanitaires nettoyés et surtout un toit et des papiers français pour qu'ils puissent travailler dans des conditions décentes. C'est le propos de la tribune adressée au premier ministre, en copie hier sur Libération et Mediapart, signée par une cinquantaine de personnalités. Depuis cinq ans les Baras sont exploités par des employeurs sans scrupules qui les paient au noir bien en dessous du SMIC alors qu'ils vivaient correctement en Libye avant que la France déclare la guerre à Khadafi. L'Italie leur fournit des papiers européens que notre pays ne reconnaît pas. L'Europe a les limites de ses intérêts économiques, c'est même le seul fondement sur lequel est bâtie sa constitution, constitution refusée par le peuple français, mais ratifiée de la plus anti-démocratique manière. Heureusement les riverains associés aux antennes des Lilas et Bagnolet de la Ligue des Droits de l'Homme et RESF, de Balipa et d'autres associations sur la brèche depuis cinq ans, leur apportent leur soutien, moral et pratique. Les supermarchés des environs ont donné leurs invendus, des voisins avaient aussi apporté des bonbonnes d'eau, des duvets, des vêtements, etc., mais ils manquent tout de même de nourriture, bouteilles d'eau, produits d'hygiène... Le point noir, c'est le Préfet de Seine-Saint-Denis qui interdit fermement la moindre tente qui les mettrait à l'abri des intempéries, les menaçant d'envoyer aussitôt les CRS... Même l'eau et les toilettes ont été installées contre ses ordres !


La menace d'une nouvelle expulsion musclée pèse sur leurs têtes. On a vu comment les 2000 migrants ont été virés de la Porte de la Chapelle après que les autorités aient laissé pourrir la situation. En leur refusant la moindre hygiène, elles peuvent arguer ensuite de l'insalubrité du campement sauvage... La régularisation des immigrés ne peut que profiter aux travailleurs français, évitant ainsi la concurrence que leur imposent les entreprises frauduleuses.