Je n'avais aucune idée préconçue avant de lancer le film The Little Girl Who Lives Down the Lane (La petite fille au bout du chemin) que les Éditions Montparnasse viennent de publier en DVD. Je savais seulement que c'était le premier rôle principal pour la jeune Jodie Foster qui, cette même année de 1976, avait joué entre autres dans Taxi Driver et Bugsy Malone. Dès les premières images je suis intrigué par cette petite fille qui semble vivre seule dans une grande maison louée par son père. Le film de Nicolas Gessner, tourné au Québec avec un petit budget, est pour les uns un thriller, pour d'autres une romance entre deux adolescents, voire un film d'épouvante, ce qui m'épate un peu au vu de ce qui se pratique aujourd'hui. Il est certain que les énigmes sont nombreuses et le suspense sévèrement entretenu. J'y ai lu une bonne dose d'humour noir qui tranche avec le politiquement correct de tant de films actuels.


Martin Sheen incarne un pédophile agressif, le chanteur Mort Schuman a l'exquise bonhommie du flic de service et tous les autres acteurs jouent parfaitement leur rôle, du jeune prestidigitateur boiteux à l'odieuse propriétaire, tous dessinant un portrait terrible d'une petite ville de province où un couvercle est sévèrement vissé sur les agissements hypocrites de cette bourgeoisie mesquine. Le personnage joué par Jodie Foster, 13 ans dans le film, a suscité maints débats sur les droits de l'enfant, soulevant la question de la maturité, variable selon les individus. Suspense, érotisme, humour et tendresse font de ce film un objet unique que beaucoup ont considéré immoral à sa sortie. Mais qui de la gamine ou de la société qu'elle réfute est la plus immorale ?

→ Nicolas Gessner, La petite fille au bout du chemin, DVD Éditions Montparnasse, 15€