J'ai déjà évoqué mes 5 novembre. Les plus vieux souriront, les plus jeunes s'inclineront, tous et toutes ont le pouvoir de s'en moquer. Mais 67 ans, ce n'est pas donné à tout le monde. À moi cela fait bizarre. Quel que soit son âge, on connaît l'effet des anniversaires. Un petit bilan s'impose lorsque l'on représente le plus ancien de la famille. Ma mère est morte en février. Mon petit-fils commence à parler. J'ai entamé une nouvelle vie. Les chats sont de plus en plus câlins. Certaines années sont révolutionnaires. Je n'ai rien perdu de mon enthousiasme ni de mon envie de mordre, de mon désespoir ni de mes espérances, mais la sérénité remplace progressivement la colère. La gymnastique : éviter d'en rajouter lorsque les ennuis vous tombent dessus. Ils ne font que passer. Nous aussi. Je me sens beaucoup mieux depuis que je pratique le sauna chaque matin, suivi de la douche froide quel que soit le temps. Une gloire. Le régime de la retraite est apaisant, même si je n'ai rien changé à mes activités. Depuis 14 ans que je publie chaque jour un petit article, je suis de plus en plus lu. C'est une manière de me rendre utile, un acte militant. Une mémoire, quand la mienne est saturée. Une libération, de partager ce qui me préoccupe. Une discipline, alors que je suis rétif à la plupart. 4277 articles du blog à ce jour, autant de non-anniversaires à fêter. L'assurance qu'aucune journée ne ressemble à une autre. Comment assumer son éphémérité dans l'univers ? Tous les trips sont égocentriques. L'anniversaire de sa naissance est symbolique de quelque chose qui n'appartient qu'à soi. Ce sont pourtant les mamans qu'il serait juste de louer ce jour-là. Ensuite on prend la tangente. Petit à petit. Personne ne devient jamais grand. On fait semblant. Je fais semblant d'avoir 67 ans aujourd'hui.