Article du 29 mai 2006

Après réception du coffret glamour des 5 films de Mae West (DVD Zone 1), quelques remarques s'imposent.
Ne considérer Mae West que comme un sex symbol est parfaitement réducteur. C'est avant tout une militante des droits des femmes et ses provocations les exhortent à se libérer du joug des hommes, avec humour et sensualité. Je l'imagine plutôt comme un croisement entre Groucho Marx et Marylin Monroe, une bombe oui, mais tenue par une anarchiste aux formes plantureuses. Ses poumons suscitèrent aux soldats de l'US Navy, dont elle soutenait involontairement le moral, d'appeler leur gilet de sauvetage par son nom. C'est drôle mais bien réducteur et représentatif de l'esprit des hommes.


Mae West est devenue célèbre par le scandale de ses pièces Sex et Drag ; celle-ci, traitant de l'homosexualité en 1927, lui apporta le soutien des gays dont elle devint l'une des égéries. On la retrouvera ainsi en 1970 dans le kitchissime et jubilatoire film-culte Myra Breckinridge avec Raquel Welch et John Huston (photo). Jubilatoire est le terme, il me permet de ranger les films de Mae West à côté de ceux des Frères Marx, de Tex Avery ou de certains Jacques Demy, des films qui vous font échapper au suicide les soirs de déprime solitaire ! Mae West n'a physiquement rien d'un sex symbol, c'est sa gouaille brooklynienne qui lui donne tout son piment, saupoudrée d'un brin de déhanchement provocateur, certes. La comparaison avec Groucho est flagrante. Ce qui choque chez elle, c'est qu'elle se comporte avec le même toupet qu'un homme. Josianne Balasko et Valérie Lemercier en sont les héritières.


Dans ses chansons, Mae West swingue. Elle chanta avec Duke Ellington et Louis Armstrong, respectivement dans Ce n'est pas un péché (Belle of the Nineties) de Leo McCarey et Fifi Peau-de-pêche (Every day's a holiday) de A.E.Sutherland. Mais elle n'était pas seulement une chanteuse jazz et une comédienne drôle et incisive, elle écrivait elle-même ses textes et ses scénarios. C'est un auteur ! Son autobiographie La vertu n'est pas mon fort (Goodness had nothing to do with it) est un petit fascicule édifiant même si son écriture (ou sa traduction ?) n'est pas exceptionnelle. C'est l'histoire d'une femme intelligente qui a beaucoup travaillé pour s'en sortir et qui a analysé et compris très tôt le monde qui l'entoure.


Il faut redécrouvrir les films de Mae West, ils portent toujours en eux un pouvoir provocateur dans le combat pour l'émancipation des femmes. Le coffret, très bon marché, réunit cinq films, Go West Young Man d'Henry Hathaway (le plus amoral), Goin' To Town, I'm No Angel (avec Cary Grant qu'elle lança), My Little Chickadee (avec W.C Fields) et Night After Night (son premier).