BBB, la tentation était trop forte. Barthélémi (Uriel), Birgé (Jean-Jacques), Breschand (Hélène). J'ai composé la pochette avant même d'avoir mixé l'album. Faisant souvent référence à la forme du disque pour les images des pochettes de mes albums virtuels, une pleine lune était tout indiquée pour dessiner un O commun à notre titre, Only Once. Rien qu'une fois. Donc B.O. comme bande originale. Ma musique va bien chercher ses racines dans le cinématographe, et les camarades choisis pour partager ces agapes y participent tout autant. Au temps qu'il faut pour enregistrer cette fois 57 minutes d'instantanés avec la harpiste et le percussionniste. Lors de ces rencontres on ne recommence jamais deux fois le même tour. La face cachée n'a rien à voir avec la face audible. C'est autre chose. L'inconscient qui nous pousse à agir sans qu'on sache comment nos mains, nos pieds, nos voix se meuvent en questions-réponses face à celles des autres improvisateurs. 220 volts face. Le courant passe. Hélène Breschand avait apporté sa harpe électrique, nettement plus légère à transporter, y adjoignant quelques pédales d'effets qui alternativement transforme sa voix. Du neuf, du jamais joué, jamais entendu, c'est chaque fois la gageure de ces séances. Uriel Barthélémi avait ajouté un synthétiseur à son set de batterie. Je jouai de mes claviers électroniques et autres machines diaboliques tel cet électro-aimant qui fait vibrer mes guimbardes sans que je les attaque, le Lyra-8 russe dont les commandes sont aussi particulières que les sons tordus qu'elles produisent, le Tenori-on japonais qui fait de la lumière ou la shahi baaja indienne que je branche sur la H9Max d'Eventide quand je n'y glisse pas mon nouveau kazoo amplifié. Comme souvent j'alterne avec des instruments acoustiques tels la trompette à anche, les flûtes, la cithare inanga ou l'erhu.


Only Once est donc le 88e album offert en écoute et téléchargement gratuits sur drame.org. Encore une journée de franche rigolade qui ne nous empêcha pas d'inventer sérieusement ces huit pièces collectives, motivées par le désir de nous rencontrer. Je ne connaissais pas Uriel, ne l'ayant entendu qu'une seule fois en public, et je n'avais jamais joué avec Hélène que je connais depuis longtemps et que j'avais programmée au Théâtre antique avec le photographe Hiroshi Sugimoto lorsque j'assumais le rôle de directeur musical des Soirées des Rencontres d'Arles. Comme d'habitude, je découvre seulement au mixage ce que nous avons joué, léger rééquilibrage des voies, mais très peu d'intervention de ma part, les musiciens contrôlant en direct leur place dans l'édifice. Il y a bien quelque chose de lunaire dans ces pièces où l'enfance est sans cesse convoquée. Mon ami Pierrot, drôle de fantôme circonflexe, joue à la vie, à la mort, ressuscitant, s'insurgeant, faisant mine de se reposer pour se réveiller à chaque nouvelle proposition. Hélène avait apporté du chocolat, on s'en doutera à l'écoute. Je ne me souviens plus de ce que j'avais cuisiné, mais les plaisirs du palais sont indispensables à une bonne entente, la résultante passant par l'ouïe, isolés que nous étions sous les casques.
Enregistré le 22 juin 2021, l'album fut mixé le 23 juillet, mon tour de France des amis m'ayant éloigné du 24 juin au 22 juillet. Je reste en vacances du blog pendant encore quelques semaines. Je m'y replongerai régulièrement, à raison de 5 jours sur 7, seulement après ma résurrection début septembre.

→ Birgé Breschand Barthélémi, Only Once, GRRR 3108, en écoute et téléchargement gratuits