C'est étrange de retrouver cet article du 12 mai 2009, et cette photo, alors que mon trackpad m'a récemment zigouillé le pouce droit. Je me suis retrouvé avec un pouce à gâchette, le nerf ne glissant plus dans sa gaine. Alors que les géniaux praticiens attitrés qui me sortent habituellement des ornières n'ont pas pu régler mon problème, le bon docteur Hoang m'a astucieusement conseillé d'acquérir une souris verticale et cela commence à aller mieux. J'avais essayé lamentablement la tablette graphique qui n'est vraiment pas faite pour moi. En dehors de cela je me prépare à avaler une gélule d'iode radioactif, car mon cancer de la thyroïde n'était pas aussi "sympa" qu'annoncé. Je trouve néanmoins qu'en vieillissant je vais de mieux en mieux et supporte la douleur beaucoup plus facilement que lorsque j'étais plus jeune. Je vois tout ce qui m'arrive de manière expérimentale. Il n'y a que l'autre qui est en moi que je ne contrôle pas et qui fait des siennes à des moments où je ne m'y attends pas !

Même pas mal ! J'en ai déjà parlé, j'apprends à contrôler la douleur. Comme je ne suis pas masochiste et que je ne fais pas exprès de me faire mal, je ne peux pas tester mes théories quand ça me chante. Depuis quelques années, je travaille sur la brûlure jusqu'à non seulement ne plus la ressentir, mais ne même plus en avoir de trace. J'en étais si convaincu samedi que j'ai montré [...] le mauvais endroit de ma main ! Pourtant un peu au-dessus, on voyait très bien la marque... Revenons en arrière jusqu'au grill que je touche en enfournant un poulet fumé à la mode chinoise. Ma peau ressemble alors à une viande dorée à souhait. Impressionnant. Je pose un glaçon illico sur la plaie pendant une dizaine de minutes tandis que j'étudie les sensations successives provoquées par la chaleur et le froid conjugués. J'enfile les adjectifs comme des perles sur le chapelet de mon imagination jusqu'à presque regretter de ne plus rien sentir. Quel autre secret possède le fakir qui marche sur des braises ? La brûlure finit par ressembler à celle du piment que j'affectionne plus que de raison. Je tiens l'analogie. Cela en devient agréable. La grosse sangsue rougeâtre devient un tatouage éphémère qui disparaîtra comme toutes les autres blessures. Enfin, presque toutes. J'ai sur la cuisse un coin de peau particulièrement doux qu'un bistouri dessina lorsque j'étais enfant. Comme si la leçon n'était pas suffisante, je plonge la même main dans les orties [...] pour la soupe. Pas de trace cette fois, mais une anesthésie électrique et collante qui monte en pointe vers le poing. Stop. On arrête là les expériences. Aller dans le sens de la douleur, l'apprivoiser, rend ces déboires piquants et instructifs.