En cette période sinistre où nos mines sont aussi grises que le ciel, l'humour est salvateur. Lorsqu'il est servi sur un plateau aux traits incisifs et couleurs chatoyantes de la graphiste Trax, on saute dessus toutes oreilles jointes, histoire de fuir le tunnel viral. Pourtant il n'y a rien de plus actuel que les préoccupations de la chanteuse Dominique Fonfrède dans ses phrases sensiques, émotionnelles ou absurdes, la bouche pleine de borborygmes et d'onomatopées. Ça dévore. Idem pour le piano préparé de Françoise Toullec. Id (ça en latin) aime. Ça aime, Ça qui est merveilleux. Dans la langue de Beckett qui inspire cette fois encore le duo, après Dramaticules, leur premier disque, ça se dit Oh this is a happy day. Ça sort de Oh les beaux jours !, une pièce de théâtre tragi-comique où Winnie est enterrée jusqu'au cou et s'enfonce peu à peu. Ça est à l'origine des choses que nous sommes. Qu'on nous sonne, le diable est dans les détails et les deux musiciennes y plongent corps et âme. Dans la harpe du piano, dans les petits riens du quotidien, plus dingue que le réel. Telles leurs cordes, si bien préparées que les deux filles peuvent se laisser glisser à l'improvisation comme ça leur chante. Il faut les voir aussi en concert ! Mais ici l'image est inscrite sur la galette. Fonfrède textualise, Toullec compose, et nous, nous compostualisons sur le chemin qui mène à la folie du monde. Y a de quoi rire ! Jaune, fou, éclaté. Merveilleux, sans aucun doute. Ah Ça oui !

→ Dominique Fonfrède & Françoise Toullec, Ça qui est merveilleux, CD GRRR, dist. Orkhêstra