Je me répète. Étienne Brunet pas. Le saxophoniste est un des rares expérimentateurs de la scène jazz. Ne s'endort jamais. Lorsqu'il enregistrait des disques physiques, chacun obéissait à un concept original. Lorsqu'il renvoyait la balle à des poètes il jouait les rimes. Lorsqu'il réalise ses clips vidéos il met le nez dans le code. Lorsqu'il écrit c'est cru. Les mots ne sont pas faits pour être admirés. Souvent en Thaïlande, comme une seconde patrie, il côtoie les musiciens du cru. Regardez. Ce sont les images d'un gamin. Étienne Brunet n'a pas besoin de retomber en enfance. Son intégrité est l'enfance de l'art. Pendant le confinement il mettait en ligne ses improvisations quotidiennes depuis son balcon. Il avait déjà chroniqué ses Nuits debout. Beaucoup devraient envier sa générosité et sa sincérité. Cela va au delà du style, au delà des notes. Il n'a jamais vraiment vécu de la musique, c'est elle qui a vécu de lui. La liberté se paie cher dans un monde où tout a un prix. Il s'en fiche. C'est de la monnaie de singe. Il fait tourner les éléphants comme Dali chez Disney ou Marker à Ljubljana.


Sa partition est un jardin de fleurs. Ses équipiers dansent du même pied. Un pied de nez à la société du spectacle qu'il connaît sur le bout des doigts. Le guitariste Don Pengoon est sur la même longueur d'onde. À deux ils forment une ronde. Un point d'orgue. Et c'est déjà fini. Tacet.