J'étais un peu fatigué et je m'attendais à un film contemplatif, alors évidemment j'ai un peu piqué du nez. Tandis que j'émergeais, le projecteur affichait un rêve sur l'écran. Pas celui de la luge qui arrivera plus tard. Des images magnifiques. Une lumière incroyable. Comme si la nature était éclairée de l'intérieur. Au début, j'avais bien reconnu les bruits de la guerre, au fond, loin, enfin, pas si loin. Sarajevo évidemment. La neige. Le vieil homme et l'enfant. Un classique. Le vieux porte de l'eau. Vie. Le jeune est près du feu. La vie toujours. L'eau et le feu. Voyage. C'est pour tout le monde. Le monde. Tout le temps. Dans l'entretien en bonus, le réalisateur, André Gil Mata, a du mal à s'exprimer avec des mots. Heureusement qu'il n'est pas là pour ça. L'échange est douloureux. La caméra lui sied mieux. Un cinéaste portugais qui filme au ralenti des images fantastiques en Bosnie. On perçoit l'empreinte de Béla Tarr à la film.factory. André Gil Mata cite La nuit du chasseur, la rivière dans la nuit étoilée, et puis Wiene, Murnau, Lang, des cinéastes du temps du muet qui inventèrent le sonore quand ils en eurent l'occasion. À côté du vieil homme et de l'enfant, les autres personnages sont hors-champ. On les entend. Bien. L'arbre (Drvo) est un film d'image et de son. Ce n'est pas si courant.



→ André Gil Mata, L'arbre (Drvo), DVD E.D.