Ma bibliothèque musicale comprend des centaines d'ouvrages plus ou moins indispensables, d'autres parfaitement anecdotiques. Dans le salon résident ceux qui traitent d'un compositeur ou d'un genre particulier. Certains artistes qui ont compté à une époque particulière de ma vie accumulent les références, tels Charles Ives, Edgard Varèse, Arnold Schönberg, Gustav Mahler, Erik Satie, Francis Poulenc, Glenn Gould, Frank Zappa, Robert Wyatt, les Beatles, etc. Des collections comme celles du Mot et le Reste, nombreux dictionnaires, des livrets d'opéra, des biographies, des livres d'images se voient de loin sur les étagères. Comment me passer des entretiens de Varèse avec Charbonnier, des livres de Cage, des souvenirs d'Yvette Guilbert ou Denise Duval, du Style et l'Idée, des recueils de Daniel Caux ou Carles-Comolli, Philippe Langlois, Philippe Robert ou Jean-Noël von der Weid, Alex Ross ou David Toop, des photographies de Guy le Querrec ou Guy Vivien, de la BD Underground ? J'ai déplacé dans le studio les ouvrages plus techniques, partitions de jazz et de tango, classiques et contemporaines, traités d'orchestration de Koechlin, l'incontournable Acoustique et Musique de Leipp, ceux consacrés à des instruments, etc. Dans les archives on trouvera les revues comme L'Art Vivant, Musique en Jeu, Jazz Ensuite, Le Journal des Allumés, Muziq, etc. J'y puise régulièrement des informations, des pistes, petits cailloux semés au fil de mes découvertes.
Étienne Brunet m'en signale un qui me manquait et m'intéresserait forcément, Qu'est-ce que la musique ? de David Byrne. Si le fondateur des Talking Heads prend parfois exemple sur son travail, il embrasse un éventail extrêmement large de sujets qui tournent autour de la musique, d'une manière à la fois encyclopédique et tout à fait personnelle. Je me sens aussitôt beaucoup d'affinités avec ce point de vue documenté qui aborde aussi bien les techniques d'enregistrement et de diffusion, l'économie des différents supports, compare le studio et la scène en livrant ses recettes explorées au fil de sa carrière, sans prendre parti pour aucune manière, mais réfléchissant sans cesse au pour et au contre. Ces 450 pages partent dans tous les sens, mais c'est parfaitement structuré. Tout amateur de musique devrait y trouver son compte, a fortiori les musiciens qui s'interrogent souvent sans connaître tous les rouages d'un métier protéiforme.

→ David Byrne, Qu'est-ce que la musique ?, trad. Claire Martinet, ed. Philharmonie de Paris, 28€