Les petits moineaux qui se balançaient sur les hauts bambous ont disparu depuis plusieurs années. Heureusement les mésanges charbonnières sont restées fidèles. Elles me rendent souvent visite par quatre. Les mésanges ont une prédisposition pour la vie de couple. Comme moi. Enfin, comme j'aime. Les merles, incomparables solistes jazz, ne sont pas en reste, mais il y a une chose que j'adore, c'est en admirer une se regarder dans la glace. Une demi-douzaine de miroirs sont installés dans le jardin pour agrandir l'espace et créer quelques illusions d'optique. La mésange dévore probablement de minuscules insectes, mais sa propre image l'intrigue, sous son loup de Zorro. Je n'ai jamais vu qu'un geai se livrer comme elle pendant des heures à cet exercice narcissique.


J'ai pris de nombreuses photos depuis le studio. Caché par les deux fenêtres parallèles qui m'assurent un complet silence, je peux m'approcher sans qu'elle perçoive ma présence. Par contre, la sienne fut signalée en amont par ses coups de bec saccadés sur une vieille branche du kiwi. La semaine dernière, depuis la vitre du sauna, j'ai suivi un pinson et des rougequeues noirs. J'ai toujours peur que Django n'en croque un, mais les souris, et faute de grives les vers de terre, sont des proies plus faciles à attraper.