Il faut que Ça sue. Retrouver un équilibre perdu, se reconstruire après un demi-siècle de laisser-aller. Rapport au corps, exclusivement. Rallonger les télomères ! Lorsque j'avais 18 ans je marchais sur les mains, faisais des sauts périlleux, à tel point que j'avais servi d'étalon aux examinateurs du Bac. Refusant les sports d'équipe qui me rappelaient les compétitions nationalistes que je considérais elles-mêmes comme l'école de la guerre, je me faisais enfermer dans le gymnase, seul, par le professeur d'éducation physique, Monsieur Leroux, un type formidable qui avait fait sienne la devise "mens sana in corpore sano". Barres parallèles, cheval d'arçon, tapis de sol. Par un curieux hasard je retrouvais à l'Idhec son fils William qui joue d'ailleurs de la trompette dans mon film La nuit du phoque !
Lorsque la gymnastique ne fut plus obligatoire, j'ai pensé que le sport en chambre, c'est ainsi que j'envisageais les galipettes coquines, suffisait. On a de ces idées lorsqu'on sort enfin de l'adolescence. À 31 ans je me retrouve par terre. S'ensuivent des décennies de lumbagos à répétition, de cruralgies, sciatiques, torticolis. Les ostéopathes ont pris le relais des kinésithérapeutes. Les rebouteux, magnétiseurs, masseuses de tuina m'ont plus d'une fois sorti de la panade. Mes exercices quotidiens ont fait rentrer la hernie discale, mais toutes les vertèbres lombaires se sont tassées avec le temps. Avec le temps, va, tout s'en va. Mes séances matinales au sauna infrarouge m'évitent les mauvaises surprises dont j'étais foutumier du quai, mais je ne peux pas m'habituer à voir le petit ventre du Bouddah dans la glace et à abandonner certains vêtements que j'adore. Tout avait commencé avec les goûters de ma fille que j'accompagnais avec gourmandise. À 50 ans perdre du poids est une épreuve dont peu sortent gagnants, à moins de se priver de ce qu'il y a de meilleur. Ils reprennent les kilos tellement plus rapidement qu'ils les avaient perdus, malgré l'aide des naturopathes qui ne peuvent pas être toujours là pour réguler nos lâcher-prises. Je me suis donc inscrit dans un centre de remise en forme, mais y aller une fois par semaine ne sert pas à grand chose. Seules la régularité et l'assiduité sont réellement efficaces.
Lorsque j'ai constaté que Peter avait perdu 17 kilos en un an sur son vélo d'appartement et retrouvé son corps de jeune homme, hormis les plis (on ne revient jamais en arrière), j'ai cassé ma tire-lire. Voici donc le protocole quotidien que je m'impose désormais : échauffement au pistolet masseur, une demi-heure à pédaler comme un fou en suivant les programmes des coachs sur l'écran, récupération au pistolet masseur pour éviter les courbatures, puis sauna, évidemment suivi par la douche froide. Pour remuscler mes bras j'ai commencé par acquérir un élastique. J'ajouterai bientôt quelques exercices de yoga pour réamorcer la fontaine de jouvence qui occupe ma tête, mais avait déserté mon corps.