Le label Finders Keepers exhume deux musiques de film formidables de Jean-Claude Vannier, La bête noire pour Patrick Chaput en 1983 et Paris n'existe pas pour Robert Benayoun en 1969.
Celle-ci est cosignée avec Serge Gainsbourg qui joue dans le film. On comprend que Gainsbourg ait demandé ensuite à Vannier de collaborer à l'écriture de l'Histoire de Melody Nelson pour laquelle Vannier s'insurgera d'en être connu essentiellement comme l'arrangeur alors qu'il revendique en avoir écrit la plupart de la musique. Pour Paris n'existe pas les saxophonistes Philippe Maté et Jean-Louis Chautemps (tous deux passés par Jef Gilson et plus tard le Quatuor de saxophones) émergent de temps en temps de l'orchestre tandis que les deux compositeurs s'amusent comme des fous en préparant le piano avec des tournevis et des briquets. Ils cosigneront encore plusieurs musiques de film (Cannabis, La Horse, Slogan) et Vannier composera L'Enfant assassin des mouches d'après un conte écrit par Gainsbourg avant d'arrêter leur collaboration en 1973. L'année suivante Vannier réussira un nouveau coup de maître en orchestrant Brassens, démonstration époustouflante du génie mélodique et harmonique du poète sétois à force d'inventivité timbrale. Il en existe une fantastique version live intitulée L'enfant, la mouche et les allumettes‬ réalisée pour un show de Roland Petit accompagnant la collection automne/hiver 1971 d'Yves Saint-Laurent.
Jean-Claude Vannier, qui avait commencé en arrangeant Brigitte Fontaine (pour son premier album solo), Michel Polnareff (Tous les bateaux, tous les oiseaux), Johnny Hallyday (Que je t'aime) et bientôt Barbara (l'album Madame) est au sommet de son art avec La bête noire. Il retrouve un Philippe Maté très free au saxophone soprano et engage les Insolitudes, quatuor de percussionnistes qui comprend Bernard Lubat, Marc Chantereau, Pierre-Alain Dahan et Michel Zanlonghi. S'il tient le piano, Vannier a toujours su utiliser les percussions, en particulier les claviers. Ses musiques possèdent une fantaisie ludique me rappelant Michel Magne. Peu de compositeurs osaient mélanger les timbres de l'orchestre classique avec des instruments bizarres, sans compter ses arrangements de cordes inspirés par la musique arabe. Ces associations lui confèrent une fausse naïveté, mais une vraie créativité qu'on dit que seuls les enfants possèdent.

→ Jean Claude Vannier, La bête noire / Paris n'existe pas, LP Finders Keepers, sur Bandcamp 22£