Deux solutions s'ouvrent à vous, lecteurs, lectrices. Soit vous foncez acheter la nouvelle bande dessinée de Marc-Antoine Mathieu, un nouveau petit chef d'œuvre, sans me demander pourquoi, juste parce que vous avez pris l'habitude de me faire confiance, soit vous regardez la vidéo ci-dessous. Le mieux serait évidemment de la découvrir après, tant la narration réserve de surprises vertigineuses. J'avoue être un fan de cet auteur qui, pour moi, a pris le relais de Francis Masse qui n'écrit plus beaucoup, se consacrant à la sculpture. Lui se revendique plutôt de Windsor McKay, Fred et Kafka, avec raison. Dans cette colonne je me suis fendu d'articles sur quelques unes de ses œuvres précédentes, en particulier 3", Le décalage, Sens, Le livre des livres... J'aurais aussi bien pu évoquer l'inventeur de la non-case, arpenteur du grand rien, ses sept volumes de Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves, le coffret 3 rêveries. Marc-Antoine Mathieu joue avec la physique et la métaphysique en interrogeant le medium et sa forme, poussant la bande dessinée dans ses retranchements. Cette fois, avec le thriller Deep Me on avance les yeux fermés, du moins ceux de son héros, qui se découvre s'appeler Adam. Mais je préfère vous laisser tourner les pages pour cette plongée dans l'inconnu plutôt que divulgâcher l'objet, car tous les livres de Mathieu sont aussi des objets, incopiables, impossibles à dématérialiser, des œuvres expérimentales qui tiennent du rêve, de la science-fiction, de l'anticipation, de l'interrogation pure. À mon avis la bande-annonce ci-dessous en dit trop. À vous de choisir !


→ Marc-Antoine Mathieu, Deep Me, Ed. Delcourt, 120 pages, 19,99€