Je suis très inquiet. La grippe qui me terrasse m'a empêché de dormir quatre nuits de suite. Au début c'était les éternuements incessants, puis la toux a pris le relais, bousculant mes côtes. Pour faire baisser la fièvre je prends quatre Doliprane par jour, ce qui supprime les grelotements. Mais rien n'y fait vraiment, et surtout je ne dors pas. J'ai tout essayé, sauf les somnifères. Je n'en ai jamais pris. L'impression qu'il pourrait se passer quelque chose pendant mon sommeil et qu'il serait impossible de contrer. C'est comme les volets sur rue que je laisse toujours ouverts la nuit. J'ai l'habitude de dormir peu, mais je m'endors en trente secondes. Lorsque j'ai une insomnie je vais travailler et je me recouche au bout d'une heure, hop, réendormissement assuré. Cela ne marche pas. Est-ce le Lévothyrox que je prends depuis mon ablation de la thyroïde pourrait être à l'origine de ma veille ? Ou l'angoisse d'approcher la date anniversaire de la mort de mon père un 2 janvier, à l'âge qui est le mien aujourd'hui ? Les amis, les amies me suggèrent maints remèdes de bonne femme que ce soit pour la grippe ou l'insomnie, je les suis, mais aucun n'a le moindre effet. Je fais des mélanges. Nuits blanches est le titre d'un film de Lucchino Visconti, même scénario d'après Dostoïevski que les Quatre nuits d'un rêveur de Robert Bresson. Quatre nuits. Venise ou Paris. Deux villes encore magiques, la nuit. Deux films qui m'ont considérablement marqué. Peut-être ne suis-je pas encore remis de mes récentes séparations ? À côté de la plaque ! Pas question pour moi de rajouter une cinquième nuit blanche, mais comment faire ? Je n'ai pas l'impression d'être fatigué par le manque de sommeil, mais bien par cette vilaine grippe qui m'entraîne jusqu'à l'ennui, un sentiment pourtant très rare chez moi. Ce matin j'ai pris mon courage à deux mains et enregistré une musique de film pour Pierre-Oscar Lévy, ensuite je suis allé me recroqueviller sous la couette en attendant le médecin. Il y a des fins d'année plus rigolotes, mais il reste tout de même deux semaines...

P.S.: c'est bien la grippe, le camarade médecin m'a prescrit une ordonnance, je vais rester tranquille jusqu'à mon départ pour Nantes...