Le DVD du nouveau documentaire de Nicolas Philibert est sauvé par ses bonus. Le réalisateur filme de manière très banale ce montage choral sur le hors-champ des ondes. Si l'on n'est jamais entré dans la Maison de la Radio, avenue du Président Kennedy à Paris, on sera peut-être séduit de découvrir quelques visages dont on ne connaît que les voix, ou d'arpenter les couloirs que Jean-Luc Godard immortalisa pour Alphaville en 1965. Le tournage est censé se passer le temps de deux tours d'horloge, mais je n'ai pas repéré celles qui ornent tous les studios, connectées au même ordinateur central. Moins catastrophique que Nénette (2010), regard paresseux sur l'orang-outang du Jardin des Plantes, on ne s'ennuiera pas, mais on n'apprendra pas grand chose non plus. On est loin de La Voix de son maître coréalisé avec Gérard Mordillat ou du Pays des sourds. Philibert a tout de même toujours eu la fâcheuse manie de couper juste avant que cela devienne vraiment intéressant comme dans La moindre des choses. Ici tout est découpé en confettis, hymne au travail certes, mais promenade basique digne d'un guide vidéo acheté à la sortie de n'importe quel monument historique. Des séquences musicales viennent ponctuer la promenade et on sera probablement ravis de croiser le duo d'Antonio Placer et Jean-Marie Machado, ou les automates musicaux de Pierre Bastien.
C'est d'ailleurs un bonus musical de 38 minutes qui sauve cette galette, lectures de Jacques Bonnaffé accompagné par le clarinettiste Louis Sclavis (qui ne joue pas de sax comme écrit sur le boîtier !). Interprète de nombreux livres audio, le comédien est un habitué des lectures en musique. Pendant le Festival d'Avignon au Musée Calvet il évoque les héros du Tour de France en improvisant les intermèdes de Forcenés. Le musicien fait sonner les rayons de sa sanza dans les montées, joue de l'harmonica dans les descentes, bruite les plats, mais ne se laisse pas distancer par le cornet à pistons de Bonnaffé. Leur complicité est explicite. Le montage de Philibert, qui manque fondamentalement de point de vue, n'a rien de notable, mais on est contents comme avec le petit interview du météorologiste Joël Collado (Ed. Montparnasse).