J'ai regardé quelques blockbusters comme la comédie policière A Simple Favor moins plan-plan que le début ne le laisse penser, le féministe The Wife ou le politiquement correct Green Book dont on devine les ressorts sympathiques aussitôt la présentation des personnages, les navets First Man et Roma encensés par la critique, le fadasse western The Sisters Brothers, la bluette A Star is Born, le barjo Bad Times at the El Royale qui ne tient pas la distance, la pochade macho Polar, Black'47 sempiternel film historique irlandais contre la colonisation britannique, et puis je me suis énervé contre A Private War, catéchisme politique des guerres que les États Unis livrent contre les régimes qui lui résistent.
Sous prétexte de faire le portrait de la journaliste Marie Colvin morte à Homs en 2012, le réalisateur caricature les Tigres tamouls du Sri Lanka, Khadafi ou le conflit syrien. Pire, il fait des héros des correspondants de guerre dont la mentalité est en réalité proche des soldats qui les entourent, pire, des têtes brûlées suicidaires. C'est en général de quoi sont faits les héros. Je n'ai jamais compris la guerre, si ce n'est celles de libération évidemment. L'avidité des envahisseurs m'a toujours paru absurde et criminelle. Pendant le Siège de Sarajevo les journalistes qui se pointaient sur la ligne de front étaient de véritables dangers publics. Sous prétexte de voir ce qui se passait de l'autre côté, ils faisaient repérer ceux qui les protégeaient. J'y ai croisé un grand Américain qui portait deux gilets pare-balles l'un sur l'autre. La production m'avait déconseillé cette protection qui nous signalait comme cible privilégiée.








J'avais adoré le livre de Slavoj Žižek, Bienvenue dans le désert du réel, qui s'appuie sur les blockbusters pour analyser les investissements pulsionnels et idéologiques qui ont façonné notre nouvel ordre mondial depuis le 11 septembre 2001. Les films hollywoodiens sont de plus en plus formatés. La plupart sont destinés à un public américain de 15 ans. Ils flattent ce que les décideurs pensent être l'attente du public. De temps en temps émerge un long métrage un peu moins convenu. White Boy Rick ou The Hate U Give ont des sujets intéressants et leurs acteurs sont excellents comme dans presque tous les films que j'ai dégommés dans mon premier paragraphe, mais cela ne suffit pas pour laisser un souvenir impérissable. The Favourite n'est pas le meilleur Lánthimos, Widows est un polar assez personnel, ils sont au dessus de la mêlée, mais leurs réalisateurs ne sont pas américains. En intégrant les bandes-annonces je me rends compte que trois sur les quatre ont des femmes comme personnages principaux et qu'aussi trois sur quatre évoquent le racisme aux USA. Par contre les camarades new-yorkais m'écrivent que jamais un film aussi raciste que Intouchables, sorti récemment aux USA, n'aurait pu y être réalisé.
Heureusement les films étrangers et ma cinéphilie me sauvent, mais ça c'est une autre histoire... Le sujet d'autres articles, passés et à venir !

Illustration : Nils Westergard