Article du 30 août 2006

J'aime bien les titres composés dont il est souvent difficile de se souvenir, comme Beau temps mais orageux en fin de journée, Extension du domaine de la lutte, Établissement d'un ciel d'alternance, Eternal Sunshine of a Spotless Mind, Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, We're Only in It for the Money, Gruppo di famiglia in un interno, etc. Lina Wertmüller est la championne avec Film d'amore e d'anarchia, ovvero 'stamattina alle 10 in via dei Fiori nella nota casa di tolleranza...', Travolti da un insolito destino nell'azzurro mare d'agosto, La fine del mondo nel nostro solito letto in una notte piena di pioggia, Fatto di sangue fra due uomini per causa di una vedova - si sospettano moventi politici, Scherzo del destino in agguato dietro l'angolo come un brigante da strada, Notte d'estate con profilo greco, occhi a mandorla e odore di basilico, Metalmeccanico e parrucchiera in un turbine di sesso e di politica...
En changeant habilement le titre de son premier long-métrage initialement appelé Organisation, Jean-Marc Moutout dresse parfaitement le paysage social du monde du travail aux prises avec le cynisme du capital. Filmé comme une comédie dramatique, c'est en réalité un drame qui se joue lorsqu'un jeune ingénu est engagé pour réaliser un audit sur une usine de métaux en but au rachat par une société plus importante. Le casting est si réussi, le mécanisme si précis que Moutout peut parler de "fiction documentée". Le film est devenu un incontournable dans toutes les boîtes de consulting, que ça les arrange ou pas. Je l'avais vu à sa sortie en 2004. Il existe en double DVD avec les courts métrages de Moutout, Tout doit disparaître et Électrons statiques ainsi qu'un documentaire inédit, Par Ici la sortie. C'est probablement l'un des meilleurs films français de ces dernières années, le genre de truc que la télévision devrait produire, question de salubrité publique. Il ne s'agit pas seulement de la restructuration d'une entreprise mais de la façon dont chacune et chacun prend la vie et considère le travail. La fin laisse d'ailleurs à chaque protagoniste le soin de s'inventer un avenir, dépression ou joie de vivre, combat ou compromission...