Pourquoi les dernières saisons des meilleures séries sont-elles souvent ratées ? Mad Men avait ainsi déjà perdu tout son intérêt. La fin de Game of Thrones avait été bâclée. Récemment Le bureau des légendes n'avait pas su conserver sa rigueur exemplaire. La quadrature du cercle est un piège. À chercher à boucler la boucle, les scénaristes s'enferrent. Il n'est pas si simple de résoudre. En musique la coda est un art. Je n'ai jamais aimé les codas, j'ai toujours préféré terminer en l'air. Ce n'est pas une queue de poisson. Plutôt une ouverture. Une ouverture sur l'imaginaire de chacun plutôt qu'une manière de pouvoir un jour remettre le couvert. Alan Ball avait réussi un coup de maître avec le dernier épisode de l'inégalable Six Feet Under, histoire qu'aucun producteur ne l'exhorte à rallonger la sauce. Même chose avec The Wire de David Simon, passionnante jusqu'au bout.
La sixième et dernière saison de Peaky Blinders est une énorme déception. Triste et molle, elle essaie un autre ton, très sombre, mais la passion n'y est plus. Cillian Murphy n'est plus que l'ombre de lui-même et même la musique est ratée. Peut-être que les droits d'auteur des morceaux de rock ont grimpé avec le succès de la série ? Je ne "spoile" jamais rien, mais on peut franchement s'éviter cette désillusion. Tout semble tiré en longueur. Six épisodes qui auraient pu n'en faire qu'un, alors qu'on nous annonce un long métrage pour plus tard. Séquel séquelle. À être trop gourmand, la poule aux œufs d'or devient stérile.


Ces derniers temps j'ai préféré regarder la troisième saison de L'amie prodigieuse, produite par la RAI, que diffusera France-TV, un peu plus faible que les précédentes, donc inquiétude sur la quatrième et ultime à venir l'an prochain. Ou The Tunnel que je n'avais jamais vue ; la première saison de ce thriller franco-britannique est un remake de l'excellente série suédo-danoise Bron, mais les deux suivantes sont des scénarios originaux (Canal +). Ou la seconde de la dystopique Raised by Wolves (Warner TV) dont les premiers épisodes avaient été réalisés par Ridley Scott. J'ai regardé l'intégralité de l'israélienne Shtisel, plongée dans la vie d'une famille juive haredim, c'est charmant, un peu répétitif, intéressant, même si je préfère mille fois Unorthodox. La britannique Vigil qui se passe dans un sous-marin est un bon thriller. Je ne parle pas des séries déjà évoquées dans cette colonne ! Je n'ai terminé ni Severance (Apple TV+) ni la seconde saison d'En thérapie (Arte). La première, assez kafkaïenne, avec Adam Scott, John Turturro, Christopher Walken, Patricia Arquette, véhicule un humour absurde. J'ignore où cela va nous mener. La seconde semble du niveau de la première saison, cette fois réalisée selon les personnages par Agnès Jaoui, Emmanuelle Bercot, Arnaud Desplechin et Emmanuel Finkiel, avec toujours d'excellents comédiens, dont évidemment Frédéric Pierrot.
J'avais gardé un excellent souvenir de Frédéric Pierrot qui était le narrateur du spectacle et du CD Chroniques de résistance produit par nato et dans lequel ma fille Elsa chantait sept chansons. J'avais écrit les paroles de l'une d'elles sur une musique de Tony Hymas.