Comme on pouvait s'y attendre, faire jouer nos 100 lapins dans un vivarium rectangulaire ne pouvait qu'exagérer les effets de réverbération et de délai qui profitent merveilleusement à la partition de Nabaz'mob. À l'intérieur de la gigantesque boîte hermétique, le son est grandiose. La musique rebondit sur les parois de verre parallèles comme la lumière se réfléchit en multipliant le nombre de sources. Cela conforte notre opinion que, pour les petites salles, rien ne vaudra jamais le son des 100 petits haut-parleurs sans aucune autre amplification. Au Musée des Arts Décoratifs nous n'avons pas ce choix car les vitres sont inamovibles, aussi avons-nous accroché quatre microphones sensibles au plafond et caché quatre enceintes sous la jupe de la vitrine. Le volume sonore est ainsi parfaitement dosable et l'effet quadriphonique redonne sa dimension spatiale à l'œuvre sans que nous en soyons contrariés. Cela nous permet de trouver un équilibre agréable avec Play Meccano Play, l'installation très percussive de l'ami Pierre Bastien dans l'autre salle, on y reviendra. J'ai panoramiqué les quatre voies de façon à ce que les sons s'étalent de cour à jardin en relation directe avec les lapins qui les produisent, prenant soin de régler un peu différemment le timbre des deux couples stéréo afin de privilégier telles ou telles fréquences. Le résultat nous enchante.
Passé la blancheur des rongeurs, l'obscurité fait ressortir les couleurs lumineuses des museaux et des bedons. Les deux banquettes qui ferment le petit théâtre noir invitent les visiteurs à s'assoir devant le castelet pour assister au spectacle de 23 minutes... Camouflés en carotte et bâton, Antoine et moi avons risqué nos vies en entrant dans la cage pour réaliser une série de photographies étonnantes avec le concours de Leslie Veyrat (aide précieuse à plus d'un titre) et d'Olivier Souchard (qui a réalisé les petits films pour le site des Arts Décos), mais nous sommes ressortis aussitôt alors que les Nabaztag y rôtiront jusqu'au 8 novembre !
Dorothée Charles, tout sourire, virevolte au milieu de la Galerie des jouets dont elle est la conservatrice zélée, secondée par Anaïs David et Anne Monier, toutes aussi efficaces que diligentes. Quel plaisir de travailler dans ces conditions ! Un petit salut au passage à toutes les équipes qui nous ont reçus cette année avec le même entrain.
L'inauguration aura lieu le 24 et l'ouverture le lendemain, jeudi prochain...