À la bissectrice de notre récent voyage à Prague et de l'époustouflante installation d'Anish Kapoor au Grand Palais, l'exposition Plastique Ludique à la Galerie des Jouets du musée des Arts décoratifs à Paris présente les créations de la designer de jouets tchèque Libuše Niklová. Ce n'est pas parce que la plupart de ses jouets sont gonflables qu'ils vous couperont le souffle, mais leur fantaisie poétique laisse rêveur. On aimerait ne pas savoir nager pour emprunter la bouée papillon, on voudrait avoir le droit de prendre son bain avec son Nautilus, on adorerait pouvoir assembler son bestiaire en kit pour réaliser soi-même des bestioles couinantes au corps d'accordéon (en accords d'éon ?). Je compte bien retourner acheter un buffle rouge, un éléphant bleu ou une girafe gonflables, réédités par la firme Fatra (25 euros, exclusivement à la boutique du musée) !


Gaspar s'est prêté au jeu comme le fils de l'artiste, Petr Nikl, homme de théâtre et illustrateur, s'amusant avec les jouets sonores de sa mère qui l'ont inspiré. Un troupeau de buffles s'est échappé des vitrines. Les enfants les chevauchent dans un joyeux tintamarre, désacralisation de l'espace muséographique dont est coutumière la conservatrice Dorothée Charles qui a, cette fois, travaillé avec Tereza Bruthansová, commissaire de l'exposition qui se tiendra jusqu'au 6 novembre. Il y a deux ans, nos propres lapins avaient passé cinq mois dans cette aile du Louvre ! On reste entre bêtes... Cela me rappelle chaque fois l'anecdote rapportée par Jean Cocteau de la création de Parade avec la musique d'Erik Satie ; devant lui une dame s'esclaffa "si j'avais su que c'était si bête j'aurais amené les enfants". Alors, n'hésitez pas, allez-y avec eux, et si vous n'en n'avez pas prenez-vous par la main : la Galerie des Jouets du Musée des Arts Décoratifs produit une fois de plus un temps suspendu, qui renvoie, dans le meilleur des cas, à l'essence-même (et je ne dis pas cela parce que l'on peut voir en contrebas dix-sept sublimes automobiles de collection des années 30 à nos jours) de ce qui nous permet d'avancer, l'art de s'envoler dans l'imaginaire, de transposer le réel dans un monde magique, celui où personne ne nous dit que c'est impossible, parce que les rêves sont la seule vérité dont nous ne devrions jamais douter.