Les bonnes nouvelles jouent à saute-moutons avec les épreuves. Soudain seul, je me sens un peu blogueur...

Pas si drôle que ça, la semaine. Dormi très peu. Le disque dur de mon PowerBook a crashé. Formatage obligatoire. En fin de journée j'aidai Stéphane à fomater le sien. Une précédente fois, Apple avait remplacé le disque de mon iBook. Les portables, c'est fragile. Tout réinstaller. Je ne cesse de répéter qu'il faut faire des copies de sauvegarde et ne laisser que des alias sur le bureau, n'est-ce pas Mathilde ?
Nicolas et moi sommes obligés de continuer Coexistences sans Jean-Noël. Titre de circonstance. L'absence est-elle compatible avec la coexistence ? On a fini par craquer. Travailler ensemble exige une morale à toute épreuve, une exigence individuelle, une responsabilité. Même pas suffisant de l'être. Se savoir responsable. De tout, de soi, de ce qui vous arrive, du regard de l'autre. Vivre ensemble, ce n'est pas facile. Il faut beaucoup de tendresse, avec soi déjà. De la confiance, en soi pour commencer, le minimum nécessaire, mais entière envers les amis. De la générosité, pour ne pas partir avec, pour que ça ne s'éteigne pas avec soi. La solidarité est une qualité qui se perd. Partout, chacun exige de jouir de ses droits, qu'en est-il de ses devoirs ? Cocteau dit qu'une ?uvre est une morale. L'installation a repris une direction cohérente avec le projet initial et retrouvé sa viabilité. Un travail colossal pour un nouveau rêve de somnambules.
Fredéric est réapparu. Il avait "fait un break". En deux jours, nous avons terminé un nouveau module entamé il y a six mois, une version cool de Pixel by Pixel. Je suis excité par la musique que je découvre en bougeant doucement la souris. Je me laisse porté, hypnotisé. Et déjà se profile une nouvelle machine du type de La Pâte à Son, cette fois avec des sons et un design "adulte". J'enregistre près de 250 sons dans la journée... L'excitation fait place à l'impatience, j'automatise mes gestes, j'explose mon catalogue imaginaire.
Noël et Michèle me proposent de composer la musique de leur prochain film qui est en montage. J'accepte sans n'en rien savoir. Je suis certain d'y faire "autre chose". Ça me plaît.
Antoine se demande que faire avec sonicobject.com. Les projets fabuleux ont la vie brève lorsque les moyens de les promouvoir font défaut. On a beau être habitués, on ne peut chaque fois que pester contre tant de gâchis. J'aimerais bien recommencer à travailler avec Antoine sur une suite à Machiavel.
On dit que Violet aurait vendu 12 000 lapins communicants à Wanadoo. Je souhaiterais beaucoup plus théâtraliser les messages, vraiment développer la fiction lagomorphique de Nabaztag.
Je suis un peu fatigué, mais je me rends compte que j'ai travaillé entre 12 et 16 heures presque tous les jours. Le soir, dîners délicieux avec des amis adorables. Ça rassure. Le travail et les amis. Exposition décevante à la Fondation Cartier. Dans la pièce blanche de Ham Jin, on n'entendait même pas une mouche voler. Elles étaient très occupées à prendre la pose. Elsa et moi les cherchons à la loupe. Bel effet d'échelle, réflexion très zen et rigolote. Elsa me parle de sa peur de vieillir, elle a vingt ans, j'espère l'avoir rassurée. C'est si bon de grandir. Tout est bon. Même avec son lot de misères, la vie est comme un bonbon, qu'on la suce ou qu'on la croque. On ne vieillit pas, on avance tous ensemble, même système de repère, Bernard ne devrait pas être si nostalgique, il finira par rater l'époque. La curiosité m'entraîne. Giraï a 95 ans et il ne pense quà l'avenir. Bel exemple.
Françoise est descendue dans le sud. Elle le verra. Je pense tout le temps à elle. Pourtant j'ai le temps, tout le temps... C'est si tentant.
Claire a bien arrangé la mise en page de la pochette de la chanson Ça ira que nous avions enregistrée en 2000 avec Bernard, Cédric et Philippe, et sur laquelle Baco a couché sa voix la semaine dernière. Peut-être à cause des paroles que j'ai écrites, je voulais l'illustrer avec une image tournée en 93 à Johannesburg : un black le poing levé au milieu d'une manif. Françoise trouve que ça date et me conseille de reprendre plutôt mon fond d'écran, un magnifique criquet vert posé sur une pierre. L'insecte donne un ton nouveau au morceau, dramatiquement actuel ou anticipatif !?
Je passe un temps fou à corriger et améliorer le prochain numéro du Journal des Allumés du Jazz, même chose avec le site... La nouvelle maquette est très chouette, elle fait respirer le Journal. Je suis fatigué de tout faire avec Valérie et Jean. Je crains de me retrouver vraiment tout seul avec le double-cd Les Actualités à réaliser pour la fin de l'année. Heureusement, les labels ont commencé à envoyer leurs morceaux et leurs images, ça se présente très bien. Etienne envoie deux articles et un arrangement du Kabaret de la dernière chance de Pierre Barouh. J'aime bien sa passion, même si elle le détruit, beaucoup trop souvent.
Nous avançons à pas de géant dans notre voyage dans le temps à bord du Chronatoscaphe. C'est un plaisir de travailler avec Jean. Ça va vite et ça fuse sans artifices. Il vient de m'envoyer les sons des loons, des canards du Minnesota qui portent les petits, si j'ai bien compris. Comme souvent chez les canards, leurs chants sont incroyables. La semaine prochaine, nous devons enregistrer les dialogues avec Nathalie et Laurent. Je les mixerai ensuite avec la soixantaine d'ambiances et d'événements que j'ai concoctés pour le triple cd. Jean m'a apporté le nouvel album de Jef Lee sur lequel je fais une apparition fantôme : il a spécifié "angel sounds", je me cherche, un ange passe.
Je croyais avoir vécu une semaine épouvantable, et puis à y penser pour écrire, je me rends compte que j'ai plutôt bien pris les choses et fait plein de trucs. J'ai même eu le temps de regarder House of Bamboo de Fuller, The Secret Agent d'Hitchcock, My Sister Eileen de Quine (grâce à Godard qui en parlait dans son disque 25cm sur Une femme est une femme : "Chorégraphie de Bob Fosse !"), Something Wild de Demme, La religieuse de Rivette... J'ai écouté le disque en DTS d'Olivier Sens et Guillaume Orti (la musique électroacoustique convient très bien à la spatialisation du son), le nouveau Kronos qui joue des chansons de Bollywood, les rééditions de nato (Trenet, The Melody Four, K.Okhi chante Bardot, Coxhill)... Evidemment, côté sommeil, c'est bref, trsè bref. Il faut absolument que je m'arrête. J'avais pourtant commencé par là.