70 Humeurs & opinions - septembre 2006 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 23 septembre 2006

Ben Laden, mort-né


Les agences de presse racontent que Ben Laden serait mort depuis quelque temps. Comment en douter ? Peu importe qu'il soit mort l'année dernière ou la semaine prochaine, Ben Laden ne pouvait (ré)apparaître sans mettre à mal l'intoxication de masse fomentée par le gouvernement américain. Dix ans agent de la CIA lorsque les USA soutenaient les Talibans contre les Soviétiques, il aurait retourné sa veste pour diriger la Jihad contre les mécréants de l'occident chrétien. On ne connaît de lui que des cassettes dont la mise en scène rappelle les plus mauvaises séries américaines, décor de carton pâte, texte récité, caricature pleine de contradictions s'il était censé suivre les préceptes que son interprétation de l'Islam lui ordonne. Quelle que soit l'efficacité de la plus puissante armée du monde (cough ! cough !), il ne pouvait apparaître au grand jour sans risquer de faire chuter le bel édifice de mensonges que l'on tente de nous faire avaler depuis cinq ans. Sa mort arrange tout le monde, les Américains comme les Arabes. Le diable ne parlera pas et le héros devient un mythe. Dans ce scénario catastrophe du plus mauvais goût, le terroriste Ben Laden était condamné à mort, depuis le premier épisode, par ses concepteurs-mêmes.

P.S.: Ben Laden ne sera officiellement mort que lorsque ceux qui l'ont nommé se seront trouvé un nouveau méchant.

lundi 11 septembre 2006

Découpe


L'escalier attire d'abord mon regard. Quatre à quatre. Toujours. Jusqu'au tournis. Escher. On pose sur les marches ce que l'on a besoin d'emporter avec ses jambes pour ne pas grimper les mains vides. La finesse de la rambarde est inattendue. Métal contre ciment. Donc certainement pas un bateau. Du solide. Je recule pour voir la fenêtre. Regarder au travers. Traverser. Le voyeur. Poli. Dépoli au niveau du bas ventre. Zoom sur le paysage. Déjà un souvenir. La côte. Horizontale vue d'une verticale. Le soir ?

samedi 9 septembre 2006

À l'assassin !


Notre voisin possédait deux grands arbres magnifiques, un cèdre et un peuplier qui participaient tous deux au charme du quartier. Il a fait couper le peuplier, probablement parce qu'il leur faisait de l'ombre. Il aurait pu l'élaguer comme le fit son prédécesseur. Il a préféré tout raser. Un massacre. Tout le voisinage l'a vécu comme un crime. Aujourd'hui silence. Les corbeaux, les tourterelles, les pies, tous les oiseaux de passage y faisaient halte. Un silence de mort.
Armé de sa tronçonneuse, ivre de destruction, il n'a pas pu s'arrêter là. Il a supprimé l'intégralité de la haie de conifères mitoyenne. Un désert. Un désert urbain. Pourquoi couper la haie qui faisait un effet tampon aussi profitable à lui qu'à nous, absorbant les nuisances sonores et, de notre côté, évitant aux ballons de foot de ses gamins de venir écraser nos fleurs et en casser les pots ? Mystère. Il y a des gens qui n'aiment pas ce qui leur rappelle la terre. Là où passe l'homme la nature trépasse. Nous sommes aussi furieux que s'il avait abattu son chien. Nous sommes aussi tristes que si nous avions perdu un ami. Combien de temps faut-il pour grandir, combien en faut-il pour mourir ?

Hier, certains me faisaient remarquer que si ce voisin ne vivait pas renfermé sur son communautarisme, on aurait pu en discuter avant qu'il ne commette l'irréparable. Quatre vingt ans effacés en quelques heures. Dans la rue, ce poumon appartenait à tous. Je me souviens des images de coupe au début du film Le diable probablement de Robert Bresson. Ce n'était pas la première fois, pourtant, en voyant les arbres qui s'abattent, en entendant la plainte du bois qui grince, les larmes me montent aux yeux et la colère en moi.

mercredi 6 septembre 2006

La théorie du complot (enfin à la télévision)


Loose Change passe sur Planète ce soir à 20h45 en version française. Voir billet du 29 mars dernier. À Libération ou Télérama comme ailleurs, les journalistes supportent mal d'être pris de court et critiquent toutes les enquêtes qui leur a échappé en tentant de les discréditer. En France, la liberté de la presse serait-elle finalement tributaire de ses sponsors et des organes gouvernementaux qui l'informe ? Ou bien, simplement, la vérité est trop incroyable ? Comme les élections truquées qui ont mis Bush Jr sur le trône, l'intox de l'anthrax ou les prétendues armes de destructions massives en Afghanistan et en Irak... Croyez-vous qu'ils admettraient leurs erreurs ? Non, ces "professionnels" donnent simplement l'information du jour, comme si de rien n'était ! Devant le succès rencontré par ce film aux USA et qui pose tant de questions qu'ils ont négligées, ils n'ont plus que le choix que d'annoncer, évidemment avec la réserve des mauvais joueurs, le meilleur film réalisé sur le 11 septembre 2001.
Rediffusions les 8 septembre à 13h30, le 9 à 14h05, le 14 à 13h25 et le 26 à 13h30.

mardi 5 septembre 2006

Hommage à "La lune et les étoiles"


Mes images pourraient-elles devenir une échappatoire au diabolique billet quotidien ? Mais, dans cette perspective, il faudrait probablement que je sois un peu moins casanier. Il ne suffit pas de se regarder dans la glace. Bouger. Changer d'angle. Je vais devoir réapprendre des gestes simples. J'ai longtemps rêvé d'un mode d'expression qui me permette de voyager. De voyager léger. Prendre l'air.
Je me photographie seulement pour me voir sans lunettes. Sur le moment, tout était flou, pire, absent. Je devine à peine l'appareil que je tiens à la main. Il faut viser l'à peu près. La presbytie est la marque irrémédiable du temps. De loin, tout est clair. Je prends du recul.
Il y a quatre ans en Arles, comme je mettais en musique le montage réalisé par Olivier Koechlin pour la projection dans le Théâtre Antique, j'avais été épaté par le courage des photographes qui se relayaient sur le site de Patrick Morelli, La lune et les étoiles, à raison d'un par an, mais d'une photographie mise en ligne chaque jour. Y ont participé Marie Paule Nègre, Alain Longuet, Arnaud Baumann, Xavier Lambours, Pascal Dolémieux, Aude Sirvain, Andréa Taos, Stéphanie Tetu, et ça continue avec Philippe Salaün. Ce Crépuscule des jours, blog commencé dès 1999, est accompagné de textes de Patrick Morelli, Andréa Taos et Philippe Pujas. Belle leçon de rêve et de ténacité !

samedi 2 septembre 2006

Autoportrait dans les toilettes du TGV


Le tiers de mes photos est réalisé avec mon téléphone, le reste avec un petit Nikon dont l’écran est pivotable. J’ai l’impression que mes meilleurs clichés ont été réalisés avec le portable à 2 millions de pixels, tandis que l’autre, avec ses 5 millions, offre un piqué largement dépassé par des appareils plus récents.
Avoir en permanence mon cellulaire dans la poche droite de mon jean est évidemment la solution la plus pratique. Il suffit que je pisse avant de faire le beau. Ayant une petite vessie, j’aurais du mal à attendre. Pas facile de viser comme ça, dans le train qui bouge tout le temps, mais je m’applique, question d’évaluation, de balistique.
Mes mains semblent énormes, des mains de musicien, d’autant que Françoise me fait remarquer que j’ai souvent le doigt sur l’objectif. L’index se devine d'ailleurs en bas à droite de l’image.
Dans les photos, j’essaie souvent d’avoir l’air énigmatique, un petit sourire sérieux, les lèvres sur le point de s’ouvrir pour que la parole reprenne le dessus.
Comme je passe inconsciemment en apnée dès qu’une mauvaise odeur pourrait m’assaillir, je retiens ici mon souffle, évitant le flou. Tiens la, tiens là je m’aime bien.

vendredi 1 septembre 2006

Guerre en Orient ou paix en Méditerranée ?


Remarquable article du philosophe Étienne Balibar et du physicien Jean-Marc Lévy-Leblond, paru dans Le Monde le 18 août dernier.