70 Humeurs & opinions - juillet 2007 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mardi 31 juillet 2007

Le combat des idées


Je voulais attendre de l'avoir terminé avant de l'évoquer ici, mais la biographie à deux voix de Fidel Castro avec Ignacio Ramonet est aussi imposante (700 pages) que passionnante. Le livre d'entretiens mené par le "patron" du Monde Diplomatique souffre d'un black out surprenant du reste de la presse. Ça commence comme un roman d'aventures pour devenir une revue de toutes les questions qu'un homme de gauche est à même de se poser. De se poser encore. L'utopie. Nous allons de révélation en révélation. Fidel Castro parle clair, sans langue de bois. Cela n'évitera pas les détracteurs. On n'a pas besoin d'adhérer à toutes ses positions pour dévorer cette épopée qui ne s'éteindra pas avec la mort du comandante, car son témoignage est un document absolument exceptionnel. Vous voudrez tout savoir et vous apprendrez beaucoup de Cuba et sur la planète. La chronologie s'emballe quand pointe la révolution. Les antécédents historiques sont invoqués. L'avenir est offert sur un plateau. Ramonet a potassé son sujet pendant un an et enregistré cent heures d'entretien. Castro a peaufiné son discours pendant un demi-siècle. Il n'évite aucune question embarrassante. Tout y passe. C'est un livre d'histoire et d'histoires, l'histoire d'un homme et d'une révolution, un livre. Le roman de l'été, sans hésiter.

vendredi 27 juillet 2007

La haine est le salaire des pauvres


Hier j'ai dû effacer un paquet de propos racistes sur YouTube en commentaires de mon film Le sniper et j'ai techniquement interdit à leurs auteurs de continuer de se répandre. Internet favorise les échanges, mais certaines limites s'imposent. Libre à chaque rédacteur de jouer son rôle de modérateur en excluant la haine de son site.
Les commentaires qui y sont commis, souvent sous couvert d'anonymat, sont aussi de la responsabilité légale de celui qui les gère. Il est parfaitement attaquable en justice même si les phrases litigieuses ont été supprimées très vite. Cela explique que les commentaires de certains blogs nécessitent de passer par l'acceptation d'un modérateur avant de pouvoir être publiés.
N'empêche que cette haine est un douloureux retour à la réalité, même et surtout si elle est niée et bafouée. En 1991, je chantais Der Hass ist der Armen Lohn sur le disque Kind Lieder d'Un Drame Musical Instantané, une chanson que j'écrivis en partie en allemand avec en tête Un survivant de Varsovie, une des dernières œuvres d'Arnold Schönberg :

Der Rassenhass.
Je weniger davon dir Rede ist, um so besser fühlt man sich.
La haine raciale
Profitverschleierung'
La haine Le profit.

Der Hass ist der Armen Lohn
Je weniger davon dir Rede ist, um so besser fühlt man sich.
Denn diejenigen, die ihn einimpfen, wollen seinen Pelz,
Sein Robbenfell oder seine Schlangenhaut:
Elefanten Sterne!
Profit,
Je mehr davon die Rede ist, um so besser wird man sich fühlen.

La haine est le salaire des pauvres.
Moins on en parle mieux on se porte.
Targui, Palestiniens,
Le profit, source des maux,
Vous arrache la peau.

Was gibt es gerechteres als man selbst, der sich vermengt?
Völker in der Mehrzahl der Arten
Geben wir Cäsar das wenige, das ihm gebührt.
Für jeden einzelnen ist es viel,
Für alle zusammen ist es alles.

Photo de l'expo Kiefer au Grand Palais.
Le texte du sniper - Exposition à Soft Target (Utrecht)
Texte original d'Un survivant de Varsovie (1947).

samedi 21 juillet 2007

La police frappe une femme enceinte pour des safous


Voir le blog de Karl Laske, journaliste à Libération. Un témoin a filmé la scène.
C'est pourtant délicieux, les safous. J'en ai acheté récemment à ces femmes africaines assises sur le trottoir à la Goutte d'or. Elles étaient gentilles, elles m'ont expliqué qu'il fallait les cuire cinq minutes dans l'eau bouillante. J'ai trouvé ça bon même refroidi. On dirait de petits avocats, mais avec un goût acide. Il y a un gros noyau. On mange la peau.
Je me souviens de Jeannot qui vendait le poisson aux Halles à la sauvette. Il appelait ma mère de derrière une porte cochère. Parfois les marchands de quat' saisons prenaient leurs jambes à leur cou pour échapper aux rafles. J'en ai déjà parlé, mais cela m'a marqué. Les flics préfèrent cuisiner les femmes enceintes que les safous. Ils n'ont aucun goût.

vendredi 20 juillet 2007

Pétition de soutien à La Rumeur


Nous artistes, intellectuels, et citoyens, nous déclarons solidaires du groupe de rap La Rumeur, poursuivi avec acharnement et malgré deux relaxes, depuis cinq ans par le ministère de l’intérieur pour avoir publié un texte mettant en cause les violences policières depuis plusieurs décennies en France. Nous le faisons au nom du principe fondamental de la liberté d’expression. Mais aussi parce que nous estimons qu’il est urgent que s’ouvre enfin un débat sans tabou sur les pages sombres de l’histoire de la police française. La justice doit reconnaître qu’il n’est pas diffamatoire de revenir sur les massacres d’octobre 1961, de Charonne, ou les bavures commises depuis les années 80.

Signez la pétition sur le site de La Rumeur.

Premiers signataires : Noir Désir (Serge Teyssot-Gay, Denis Barthe, Bertrand Cantat, Kristina Rady, Milo Cantat), Mouss et Hakim (Zebda), Kader Aoun, Jacky Berroyer, Benjamin Biolay, Cali, Maurice Rajsfus (historien), Esther Benbassa (directrice d'études à EPHE-Sorbonne), Denis Robert (écrivain), Olivier Cachin (journaliste), Christophe Honoré (réalisateur), Raphaël Frydman (réalisateur), Erik Blondin (gardien de la paix), Geneviève Sellier (universitaire)...

Le groupe de rap La Rumeur déplore que la vindicte se poursuive cinq ans après la plainte déposée par Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’intérieur. Compte tenu de son précieux attachement à la liberté d’expression (« Je préfère un excès de caricature à un excès de censure »), l’actuel président de la République aurait pu demander l’arrêt des poursuites contre le texte de Hamé.
Le tribunal correctionnel de Paris avait pourtant considéré en première instance que Hamé se bornait à présenter « des bavures commises par les représentants de l’ordre (…), dont la réalité n’est, en elle-même, pas contestable, puisque souvent à l’origine de rapports et de commissions officielles, comme plus fréquents dans les quartiers et cités de banlieue » et qu’une telle opinion relevait de la liberté d’expression.
La Rumeur ne renie rien, ni l’insécurité dont ont été victimes des générations d’immigrés, ni les discriminations et bavures dont ils font encore l’objet.
La Rumeur entend faire du procès devant la Cour d’appel de Versailles des états généraux d’une histoire trop souvent rejetée dans le silence. La justice reconnaîtra-t-elle les pages sombres de la police française ? Ou considèrera-t-elle diffamatoire d’évoquer les massacres d’octobre 1961 et Charonne, ou les violences mortelles commises depuis les années 80 ?
Dominique Tricaud (avocat à la Cour) - Hamé

jeudi 19 juillet 2007

À qui profite le crime ?


Dans son commentaire d'un de mes billets sur le 11 septembre, Alain m'indique un nouveau film, Oil, smoke and mirrors (Du pétrole et des écrans de fumée) réalisé par Ronan Doyle, qui met en parallèle le futur choc pétrolier, estimé pour dans trois ans environ, et la stratégie politique et géopolitique des États Unis. La première partie du film aborde la crise de l'énergie et ses conséquences directes (récession, chômage, mouvements sociaux, répression, guerres, etc.), la seconde revient sur le 11 septembre qui a permis l'invasion nord-américaine de plusieurs pays producteurs. Ce film de 50 minutes n'apporte pas de nouvelles preuves sur le montage médiatique de toutes ces opérations, mais il livre les témoignages déterminants de personnalités telles que Michael Meacher, parlementaire et ancien ministre britannique de l'environnement, Andreas von Bülow, ancien ministre allemand des sciences et technologies, des économistes, journalistes, historiens, un ancien officier britannique du MI5, etc.
Comme d'habitude, ce film de 50 minutes ne convaincra que ceux déjà conscients de la supercherie dont le monde est victime, l'une des plus énormes de l'histoire de l'humanité. Il leur permettra peut-être de se sentir moins seuls et de ne pas se prendre pour de grands paranos. L'horreur est difficilement acceptable, la manipulation dure à avaler, et pourtant, l'Histoire est pleine de ces provocations... Un exemple parmi d'autres, rappelons que la grande majorité des Juifs n'ont pas voulu croire à ce qui se passait et se préparait en Allemagne dans les années 30 et 40.
Ce qui devrait mettre la puce à l'oreille de ceux qui doutent encore, c'est qu'aucune théorie ne s'oppose à celle du complot, aucun argument ne vient contrarier les allégations qui accusent le gouvernement Bush, fer de lance de la mafia pétrolière texane, d'avoir sciemment et cyniquement organisé le 11 septembre. Les témoignages s'accumulent (billets des 29 mars, 27 avril, 6 septembre 2006 et 17 avril 2007 avec liens vers les films accessibles sur Internet, ainsi que le site extrêmement documenté de Mike Rupert). Les preuves sont détruites, les arguments ignorés. La trahison est si énorme que personne ne veut y croire. Pour le gouvernement US et la presse occidentale qui s'en fait le relais, il n'y aurait que de vilains terroristes jaloux du succès étatsunien qui voudraient assassiner tous les mécréants qui ne sont pas musulmans ! On crée un méchant d'opérette, on désigne les coupables. Le rouge avec son couteau entre les dents est remplacé par le fou de dieu. Or l'économie américaine est dans une impasse, dépendant de plus en plus des investisseurs chinois et de ce fichu or noir qui permet à la planète de se chauffer (au delà de ce qui est raisonnable d'ailleurs !), de se nourrir, de faire voyager personnes et marchandises, de vivre au-dessus de ses moyens... De faire la guerre aussi !
L'adage est pourtant infaillible : "À qui profite le crime ?"

lundi 16 juillet 2007

L'inconscient ignore les contraires


Lorsque Dominique Soto, présidente de SOS Racisme (une émanation de Parti Socialiste auquel d'ailleurs il appartient), défend Rachida Dati, ministre de la Justice (on dit aussi Garde des Sceaux), en affirmant qu'elle est attaquée "parce qu'elle est jeune, femme, et d'origine maghrébine", elle l'affuble de toutes sortes d'insignes dangereusement apolitiques.
Il me semble qu'en critiquant les projets politiques répressifs et réactionnaires de Rachida Dati, le discours est fondamentalement moins ségrégationniste que celui de ceux ou celles qui montent en épingle ses appartenances communautaires. En d'autres termes, le racisme ou le machisme vont parfois se nicher, certainement involontairement, dans des discours qui prétendent les attaquer.
Si le racisme est la haine d'une part de soi-même, si le machisme cache une fragilité fondamentale, si la haine des jeunes exprime un regret de ne plus l'être, si celle des homos souligne un refoulement de ses propres pulsions, alors on peut émettre un doute sur les idéaux de ceux qui réduisent les actes et les paroles des personnalités politiques à leur apparence ou appartenance communautaire, à leur vie privée ou à leurs racines.
Rachida Dati ne peut être jugée que pour ses propos, ses projets et ses actes, tous éminemment politiques. Hélas !

Illustration : Jean Bruller, dit Vercors

dimanche 15 juillet 2007

Répression et solidarité


Sur son Glob, Jean Rochard publiait hier un billet intitulé Rendez-vous à l'enterrement de la liberté d'expression suscité par l'annulation, par la chambre criminelle de la Cour de cassation, de la décision de la cour d'appel de relaxer Mohamed Bourokba, dit Hamé, du groupe La Rumeur (page de Wikipédia détaillant toute la procédure), inculpé pour "diffamations publiques envers la police nationale". Ce délire rappelle la condamnation du livre Tous coupables sauf que, cette fois, le Président de la République s'acharne personnellement contre un artiste. La Cour de cassation a l'habitude de juger la forme, pas le fond, c'est très inquiétant !
Pendant ce temps, le garde des Sceaux Rachida Dati se désolidarise de ses deux frères inculpés pour trafic de stupéfiants. Récidiviste, Jamal Dati écoperait d'une lourde peine sous le coup de la loi des peines plancher promues par sa charmante sœur dont les collaborateurs démissionnent les uns après les autres à cause de son autoritarisme. Des fonctionnaires du Ministère de la Justice qui n'ont pourtant pas été débauchés du Parti Socialiste ! Son autre frère, Omar Dati, n'est accusé que pour quelques centaines de grammes de hasch... Mais je suis mauvaise langue, la solidarité s'exerce pleinement puisque la Licra et SOS-Racisme se sont portés au secours de Rachida Dati qui "paie, dès son arrivée, le prix fort d'être la première personne issue de l'immigration maghrébine à accéder à une telle responsabilité gouvernementale".
Il serait maladroit de diaboliser Nicolas Sarkozy qui n'a encore pas fait grand chose si ce n'est une excellente opération médiatique allant de paire avec l'anéantissement du Front National, du Parti Socialiste et des velléités des jeunes loups de son propre parti. Pourquoi être brutal lorsqu'on peut faire cela en douceur et avec le sourire ? C'est tout de même plus élégant qu'une nuit des longs couteaux ou deux tours qui coûtaient une fortune à ses propriétaires, non ? Il faudra attendre prudemment la rentrée et le prochain cabinet pour constater les ravages de sa politique et ce qu'il reste de ses promesses qui, pour nombre d'entre elles, on préférerait qu'il ne les tienne pas.
Comment s'opposer à cette vague conservatrice et réactionnaire si l'opposition reste divisée ? Il paraît que la jeunesse est de plus en plus sarkoziste, mais la gauche l'a fait-elle encore rêver ? Les nantis de l'Europe ont émoussé toutes les utopies. La démocratie bourgeoise est au comble de son cynisme. Ceux qui condamnent mai 68 aimeraient effacer quarante ans d'histoire, revenir avant... Cela se fait couramment. L'occident est à bout de souffle, le reste du monde est sur les genoux. Alors, si la révolte vient de l'extérieur, il semble urgent de voyager.

Photogramme d'Un chant d'amour de Jean Genet

vendredi 13 juillet 2007

Comme un poisson dans l'eau


On dit que d'abord il va faire chaud, puis qu'un jour il fera beau. L'instabilité de la météo offre des surprises, volte-face soudaines et inattendues. Cela ne me déplaît pas. Rien n'est éternel, rien n'est immuable. Pourquoi se plaindre du temps ? Tous les climats ont leurs avantages et leurs inconvénients. Mais si "il n' y a plus de saisons" ?
Lorsqu'il pleut, je pense aux cultivateurs, je reste à la maison ou j'enfile ma cape imperméable pour chevaucher mon vélo pliant. S'il pleut trop, je ne bouge plus, ça me calme ! Le soleil donne le sourire, mais je suis plus souvent qu'on ne le croit dans la lune et il ne me voit pas. Qu'il m'attende, le temps que j'émerge de mon laboratoire... On sait bien que les beaux jours reviendront, pluie ou soleil. Pas de catastrophe. Je regarde souffler le vent tant qu'il plie les hauts bambous à l'horizontal, Scotch se fait dorer le poil au soleil, je n'ai pas besoin d'arroser, la neige rappelle l'enfance, le tonnerre ravit le musicien...
En 1999, la tempête a emporté la cheminée. Ses cent kilos sont tombés dans le chemin de terre, à quelques mètres de mon voisin qui s'était réveillé plus tôt que moi. Je débouche régulièrement l'évacuation du jardin et les gouttières pour ne pas reproduire d'inondation. J'entretiens la chaudière. J'ai des ventilateurs. Si j'en ai marre, je change d'atmosphère ou d'hémisphère. Nous grimpons dans la montagne lorsque la canicule terrasse les habitants de la vallée. Tant que j'aimerai le temps, il se laissera apprivoiser et je vivrai. Ici aussi j'applique la formule de Cocteau énoncée par Phono Un dans Les Mariés de la Tour Eiffel : "Puisque ces mystères me dépassent, feignons d'en être l'organisateur..."

jeudi 5 juillet 2007

À la mode de chez nous


Le "nouveau" Président de la République est un malin. Il ferait croire à la population qu'il incarne la révolution face à l'immobilisme des socialistes, sur le mode "nous, nous ferons ce que nous disons, les autres n'ont fait que des promesses". La gauche incarnerait la réaction et la droite les forces de progrès. Cela rappelle les détracteurs du vélo à Paris qui vous suggèrent les carrioles à cheval ou les chars à bœufs, ou encore les défenseurs du mp3 contre la qualité réelle des CD. À admettre qu'il y ait ici et là révolution, il en existe toutes sortes qui ne vont certainement pas dans le sens de l'amélioration des conditions de vie. La révolution islamiste iranienne, le développement métastasique automobile, la compression audio montrent alors ce qu'est en réalité le progrès, une manière de vendre la modernité, étymologiquement "à la mode"... À la mode de chez nous on nous plante avec les coûts, à la mode de chez nous on nous plante avec les fous, à la mode de chez nous on nous plante avec le goût, à la mode de chez nous on nous bourre vraiment le mou. J'aurais pu choisir d'autres rimes en sous, en tout, que ça n'y changerait rien, le progrès est un leurre que brandit le pouvoir chaque fois que les arguments idéologiques font défaut. Je ne m'étendrai pas sur la faillite de la démocratie bourgeoise, le lobby automobile et les ressources planétaires, mais l'on peut s'inquiéter d'une population à qui l'on fait avaler n'importe quoi sous couvert de modernité ou de progrès. Une révolution est un mouvement cyclique qui nous fait revenir à notre point de départ, un tour complet, un tour de passe-passe, mais c'est ainsi que les hommes vivent, s'enfonçant tous les jours un peu plus dans l'ignominie et l'aveuglement. La révolte est tout autre. On y reviendra... Il fait des bonds, il fait des bonds, il fait des bonds...
L'extrême-gauche se désespère donc du tour que prennent les choses. On confond Mai 68 à la réaction qui n'a eu de cesse de revenir sur ses acquis. Sarkozy a toujours rêvé de revenir à l'état d'avant, on le comprend, tout était clair, chacun à sa place, les femmes, les prolos, l'ordre. Mais il ne faudrait pas pour autant le diaboliser en découvrant une France glissant radicalement à droite. Elle l'a toujours été et nous n'avons jamais représenté qu'une frange marginale attachée à une morale héritée des Lumières, de la Révolution française, de la Commune et de 1917 ou 1936. Il est sain de rêver et de développer de nouvelles utopies lorsque la classe politique s'affole à en perdre tout repère. Né en 1952, je ne me souviens pas d'avoir connu autre chose que la droite au pouvoir. Peu de souvenir de la IVème République avec René Coty, mais la mémoire de la Vème, pom pom pom pooom. D'abord 1958 et la Guerre d'Algérie avec De Gaulle, jusqu'en 69, puis Pompidou qui incarnait la puissance des banques, Giscard d'Estaing le faux aristo arrogant, petite accalmie mitterrandienne d'un ou deux ans au lancement mais la social-démocratie montre vite son vrai visage, cohabitation, Chirac... Y voyez-vous autre chose que la droite aux rênes du pays ? Moi pas. Alors on s'y fait, d'appartenir à la résistance. La lutte continue, parce qu'on n'a pas le choix. On refuse les accords stratégiques qui détruisent ce pourquoi nous combattons, des idées qui nous permettent de nous regarder dans la glace sans honte de ce que nous avons été et de ce que nous sommes devenus. La route est longue.