70 Humeurs & opinions - avril 2008 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mardi 29 avril 2008

Vivre debout


Long échange de commentaires à propos de la photo des soldats chinois portant dans leurs bras une toge de moine bouddhiste, frauduleusement légendée.
Hier, un lecteur écrivait : " Faut tout de même se méfier de tout et en ce siècle où le virtuel est roi, nous n'avons même plus d'infos qui nous permettent de nous faire une idée sur quoi que ce soit ! ! ! . . ."

En effet, ce n'est pas facile.
Mais si les informations ne sont pas fiables, nous avons une culture, nous avons une histoire, nous en portons les traces. Les leçons de l'histoire sont inestimables. C'est pourquoi nous devons nous souvenir aussi loin que cela est possible. Nous possédons aussi des clefs. L'une d'elles est la question "à qui profite le crime ?"
Une autre est la solidarité. Rien ne se fera si nous sommes isolés. Nos biens ne nous appartiennent qu'à tous. Pas seulement à l'espèce humaine, mais à tout ce qui vit. Et cela ne peut hélas se passer seulement dans la paix. Parce qu'en face, la lutte bat son plein.
Le virtuel est volatile, ce ne sont qu'apparences. Si nous existons, nous devons le faire sentir à ceux et celles qui nous entourent. "Pourquoi ?" est une troisième clef. Il y en a bien d'autres. Baisser les bras nous est interdit. Si l'exploitation de l'homme par l'homme n'est pas une invention récente, la résistance est aussi ancienne...
Et la vigilance s'exerce jour après jour. Sans relâche. Pas seulement avec des idées, pas seulement dans les actes, mais en réapprenant à respirer, à voir, à écouter, à toucher...
Heureusement la vie est longue. Cela nous laisse le temps de faire quelques pas.
Heureusement elle est courte. Et tout cela n'a que peu d'importance en regard de l'univers.
Ce n'est pas une raison pour être complice de la stupidité et de l'horreur.
Quel boulot !
Mais quelle satisfaction de vivre debout...

jeudi 24 avril 2008

L'air conditionnel


Depuis que l'ANPE s'est installée un peu plus haut dans la rue, un énorme bruit de soufflerie sort des grilles du spacieux garage qui jouxte leurs bureaux. La nuit, on dirait le son d'un groupe électrogène fonctionnant sans interruption. Comme je leur rends visite, le directeur a l'amabilité de me montrer leurs nouveaux locaux tous beaux tous blancs avec passerelles et escaliers de métal clair. Mais la lumière zénithale qui tombe de la verrière les "oblige" à recourir à l'air conditionné et c'est là que le bât blesse. L'architecte a fait sortir les énormes tuyaux carrés au rez-de-chaussée, orientés vers le trottoir de manière à ce que toute la rue en profite, la cavité du parking jouant le rôle de caisse de résonance, particulièrement "pompant" la nuit, allez savoir pourquoi. Mon guide n'en sait pas plus, car contrairement aux Assedic qui sont très riches (dixit), les ANPE ne peuvent acheter leurs locaux et les agences sont toutes locataires.
L'air conditionné est un système choquant tant il est gourmand en énergie dans notre époque de gaspillage et de pollution généralisée. J'ai pris la photo à Bangkok depuis la fenêtre de notre hôtel qu'il était impossible d'ouvrir sous peine de ne plus nous entendre. Si j'avais photographié la vue de notre chambre à Manhattan, les appareils auraient été mieux agencés, mais le vacarme aurait été le même. De grandes orgues s'y élèvent vers un ciel invisible en faisant vibrer les façades arrière des gigantesques buildings serrés les uns contre les autres. Leurs fenêtres sont simplement condamnées, comme nous-mêmes à respirer cet air filtré et malsain, au risque de nous prendre pour de vieux légionnaires cacochymes. Ici repose. Dans le monde entier cette folie se développe, sans souci des dégâts écologiques que cette lubie produit.
À New York, par exemple, on crève de chaud l'hiver et on ressort frigorifiés l'été. Le choc thermique aura raison de notre corps si l'on avait résisté à la pollution de l'air. Il faut se trimballer avec un pull-over en pleine canicule, des fois que l'on ait besoin d'entrer faire ses courses dans un magasin ou envie d'aller se payer une toile, et en plein hiver, il vaut mieux choisir des vêtements chauds et légers que l'on pourra ôter et porter sur le bras dès que l'on devra pénétrer où que ce soit. En Asie comme en Amérique, l'été on gèle dans les taxis comme dans le moindre immeuble un peu cossu. L'hiver on dégouline de sueur. Pas moyen de couper la clim' et d'ouvrir la fenêtre tant le bruit est assourdissant ! Les allergiques à ce système abusivement exploité sont donc condamnés à ne pas fermer l'œil de la nuit, dégoulinant dans leur jus puisque les ventilateurs plafonniers ont le plus souvent été envoyés à la décharge. Tant d'absurdité et de gâchis sont consternants. Encore une des manifestations qu'il est coutume d'appeler le progrès.

lundi 21 avril 2008

... ou ne me demandez pas pourquoi


"Oh, ben ça alors !" Les mots sont sortis de ma bouche sans que je comprenne ce qui arrivait. Les fleurs, trop lourdes, ont fait basculé le pot qui s'est brisé en atterrissant. J'aimerais savoir reconstituer l'amarylis comme Cocteau sauve la fleur d'hibiscus, vedette de son film Le Testament d'Orphée... ou ne me demandez pas pourquoi, en rembobinant celui de la catastrophe, mais je ne suis pas encore assez "expert en phénixologie". "Qu'est-ce que cela ?" demande le poète. "C'est la science qui permet de mourir un grand nombre de fois pour renaître" répond Cégeste. "Je n'aime pas cette fleur morte" se plaint le poète devant la tige coupée. "On ne ressuscite pas toujours ce qu'on aime..."

jeudi 17 avril 2008

Une fleur et un pavé


Je m'étais promis de ne rien écrire avant le 10 mai, date anniversaire en ce qui me concerne et j'y reviendrai le jour dit. Mais après avoir regardé la soirée "Mai 68" sur Arte mardi soir, j'ai eu envie d'apporter un petit commentaire. En première partie de soirée, deux films intéressants y étaient astucieusement programmés, on peut encore les regarder sur Arte.tv en V.O.D. Il s'agissait d'un documentaire sur l'expérience scolaire de Vitruve (En mai fais ce qu'il te plaît de Stéphanie Kaim) et le second sur le festival de films pornos Wet Dreams en 1971 à Amsterdam (Jouissez sans entraves d'Yvonne Debeaumarche). La confrontation des images tournées par Geneviève Bastide lorsque les élèves avaient huit ans et celles des protagonistes quarante ans plus tard est passionnante, l'expérience de responsabilité / créativité des enfants et les difficultés de réinsertion qui s'en suivirent soulèvent une question qui a fortement marqué les parents issus des rêves de 68. La libération sexuelle est abordée avec les mêmes pincettes en ce qui concerne les paradoxes que cette autre expérience a générés. Le choix des deux invités de Daniel Leconte n'était par contre pas à la hauteur, en l'occurrence Bettina Röhl, fille d'Ulrike Meinhof et Klaus Rainer Röhl, devenue réactionnaire jusqu'au bout des ongles et révisionniste pathologique, d'une part, et de l'autre le consensuel Philippe Val, patron contesté de Charlie Hebdo. La fin de soirée s'achevait par le chef d'œuvre de Chris Marker, Le fond de l'air est rouge, une version raccourcie de 4 à 3 heures par le cinéaste lui-même, qui sortira en DVD le 24 avril, à ne manquer sous aucun prétexte.
Tous s'accordaient pour conclure qu'il n'y avait pas eu un seul Mai 68, mais plusieurs. En effet, l'époque fut un mélange de sources dont l'incompatibilité apparente fomenta des idées variées qui donnèrent à chacun et chacune la possibilité d'en hériter comme bon lui semblait. Si Mai 68 commença pour certains à Nanterre le 22 mars avec une histoire de non-mixité des dortoirs des filles et des garçons (le sexe !), pour d'autres la Guerre du Vietnam fut déterminante (révolte anti-impérialiste et éveil politique)... Pour les hippies d'alors, le Flower Power réconciliait les deux dans son "Make Love Not War" ! Mai 68 fut une révolution de mœurs (libération sexuelle, féminisme, explosion du carcan hérité de l'après-guerre, remise en question des conventions, etc.) et un mouvement politique (prise de conscience étudiante, luttes ouvrières, revendications salariales, etc.). Cette histoire explosa sur toute la planète en même temps de Paris à Tokyo, de Berlin à San Francisco... Le rock et le free jazz accompagnaient la mutation ! Le théâtre descendait dans la salle. Le cinéma resplendissait (on dit d'ailleurs que l'affaire Langlois annonça les événements). Ce qu'on a coutume d'appeler la drogue dans les émissions de télé était alors très peu répandue en regard de ce que c'est devenu. Du jour au lendemain, la jeunesse prit conscience de sa force, ou plus exactement de son potentiel, jusqu'aux lycées où l'on n'avait jamais connu le moindre "incident". Tout semblait calme, anesthésié. Il y eut un avant et un après, du moins pour celles et ceux qui vivaient dans les grandes villes et évidemment particulièrement dans la capitale, puisqu'en France tout est centralisé, même la révolution. Si tant de groupuscules naquirent et s'épanouirent, s'opposant à la droite comme à ce qu'ils appelaient alors le "révisionnisme" stalinien du Parti Communiste Français, cette révolution fut d'abord intérieure à chacun, avec le retour du questionnement, un pavé dans une main et une fleur dans l'autre, la balance de l'une à l'autre relevant du choix de chacun, ou de ses origines de classe ! Le gris cédait la place au rouge et noir ou au psychédélisme haut en couleurs. L'impossible devenait le réel.
Les critiques injustement imputées aux évènements de mai sont en fait les conséquences de la puissante réaction qui suivit, retour de bâton de la droite et de tous les conformismes.

mardi 15 avril 2008

Lettre ouverte aux intervenants en milieu pédagogique


Depuis plusieurs années, à l'École des Arts Décos de Strasbourg comme dans de nombreuses autres écoles et universités, je prêche la bonne parole du design sonore en exposant mes "vues" sur les rapports qui régissent le son et les images dans l'audiovisuel. J'y dirige régulièrement un workshop dans le cadre du passionnant atelier de didactique visuelle dont s'occupe avec zèle Olivier Poncer. Cette année, comme j'avais accepté, pour la première fois, de participer au jury de diplôme, je reçus une feuille contractuelle à remplir qui eut le mérite de me mettre en boule lorsque j'en découvris les termes. Un défraiement de 45 euros m'était octroyé tandis qu'une chambre d'hôtel m'était réservée à 77 euros la nuit ! J'appelai illico l'administration de l'ESAD nullement surprise par mon coup de téléphone et précisai alors par écrit ma position :
" ... Je suis absolument désolé de décliner votre invitation, mais les conditions proposées m'apparaissent inacceptables : il est impensable qu'un professionnel paye la différence entre le prix de l'hôtel et le défraiement afférent...
Ou, hélas pratique courante dans notre pays, qu'il avance les frais de déplacement pour être remboursé des semaines plus tard. Tout doit être fait pour lui faciliter la tâche car les indemnités versées sont généralement une maigre compensation à la perte ses revenus habituels.
Participer à un jury de diplôme n'est pas une mince affaire ; si la responsabilité morale que cela exige justifie que l'on y sacrifie quelques jours de son temps et de son travail, il ne s'agit ni d'œuvre de solidarité ni d'engagement militant. Malgré la satisfaction d'avoir pu être utile aux jeunes gens impliqués, on en ressort le plus souvent exténué.
Aussi, et je compte écrire un article sur le sujet dans les semaines qui suivent et en débattre ouvertement et publiquement avec mes collègues, il est inacceptable de participer à un jury de diplôme sans que les tracasseries administratives nous soient autant que possible épargnées et en aucun cas il ne doit nous en coûter le moindre denier de notre poche..."
L'administration me confia que la Ville, la DRAC et la direction de l'École avaient déjà été averties de cette clause inacceptable, mais qu'aucun membre du jury n'avait jamais râlé ouvertement. Par contre, grand nombre d'entre eux ne s'y prêtaient qu'une seule fois et ne revenaient plus jamais, ce qui laisse planer une grave inquiétude sur la remise des diplômes (DNSEP), compromise puisqu'il devient de plus en plus difficile de convaincre des professionnels d'y participer. Les trois instances ayant opposé, une fois de plus, un refus de prendre en charge correctement la venue des professionnels sollicités, j'engage mes collègues à ne pas céder face à ces choix aussi dévalorisants qu'absurdes. Cela permettra de faire fléchir les autorités de tutelle qui comprendront peut-être que, tandis que les fonctionnaires et salariés ont leur revenu assuré lorsqu'ils participent à ce genre de responsabilités, les professionnels, subissant forcément déjà un manque à gagner, ne peuvent, en plus, accepter d'en être de leur poche... Je précise que cette situation n'a rien d'exceptionnel et qu'il est donc important d'avoir une position solidaire sur ce genre de pratique : les conférences, participations à des tables rondes, à des jurys, etc. doivent être justement rémunérées et défrayées si l'on veut maintenir la qualité des interventions professionnelles extérieures dont les étudiants sont en droit de bénéficier.

jeudi 10 avril 2008

Des yeux pour voir...


De même qu'il est absolument impensable de prendre pour argent comptant la globalité des informations véhiculées par la presse qui ne fait que développer ce que les grandes agences officielles lui communiquent (AFP, Reuters...) - rappelez-vous, par exemple, les récentes affaires de RER ou même d'Outreau - nous devons rester extrêmement prudents avec celles que nous recevons quotidiennement sur Internet et ne surtout rien réexpédier avant d'en avoir vérifier l'authenticité. Les mails dénonciateurs à scandale s'avèrent souvent être des informations passablement tronquées ou se révèlent de simples hoax qui encombrent le réseau et font perdre toute crédibilité à "la résistance" qui s'y développe, ce qui est peut-être le but de ceux qui les inventent.
Hier, j'avais déjà écrit les trois premières propositions lorsque Françoise m'a fait suivre l'enquête de Michel Collon. Il y avait quelque chose qui ne collait pas entre la photographie et son commentaire. Pas besoin d'être très malin, j'avais "vu" juste l'image avant de lire : le coup d'œil initial ne correspondait pas à la légende. Peut-être parce que j'ai l'habitude de chercher le hors-champ et qu'ici l'attitude des badauds en disait long...
En 1989, le prétendu charnier de Timisoara en Roumanie nous avait mis la puce à l'oreille. La même année, l'exécution du couple Ceauşescu nous a immédiatement paru une mise en scène. La localisation de leurs blessures ne correspondait pas aux impacts des balles filmés sur le mur derrière eux. Procès expéditif, rien ne collait, aujourd'hui j'ai oublié les détails, inhumation dans une tombe anonyme, on a vite fait de se débarrasser de la question.
Pendant la première guerre du Golfe, à quinze jours d'intervalle, je vois à la télévision le même pont détruit sous deux noms différents. Les oiseaux mazoutés du Koweït ne faisaient pas non plus partie de la faune locale. Et les puits de pétrole étaient censés brûler pendant des années et des années... Douze ans plus tard, on comprendra que Saddam Hussein n'a probablement pas été arrêté à cette saison, mais six mois plus tôt, l'état de la végétation (les palmiers à l'arrière-plan) jouant le rôle d'indice révélateur. Les images imprécises d'usines d'armes de destruction massive en Irak font partie du lot...
On a beau voir et revoir les films réalisés autour du 11 septembre 2001, on reste coi devant la crédulité du public. Les démonstrations sont pourtant renversantes (1 2 3). À moins de rebondissements spectaculaires dont les Américains ont le secret, la version officielle du gouvernement Bush figurera dans les livres d'histoire et le président des États Unis ne sera jamais traduit en justice.
En Union Soviétique, les victimes des purges staliniennes étaient systématiquement effacées des photos de groupe. On pourrait jouer au jeu des sept erreurs tellement l'évidence saute aux yeux.
Je ne cite que quelques exemples qui me reviennent à l'esprit ce matin, mais la liste est longue, des manipulations reconnues, de celles qui le seront un jour, de toutes celles qui passeront à la trappe. En ce qui concerne les légendes abusives, tronquées, détournées, le meilleur exemple est de regarder les actualités télévisées qui ne montrent rien et disent tout, tout ce que les téléspectateurs doivent en penser. Le contre exemple pourrait être représenté par le passionnant magazine No comment sur la chaîne Euronews, mais il y a toujours une façon de cadrer ou de monter les images. Un documentaire, même sans être accompagné du rituel commentaire, n'a rien à voir avec une prétendue vérité. Le cinéma-vérité est une pure vue de l'esprit, une arnaque digne du marketing. LA vérité elle-même n'existe pas, nous apprenait-on en philo au lycée. Il faut en voir de toutes les couleurs pour faire ses choix, regarder, écouter, prendre ses distances avec les évidences et se demander encore et encore "pourquoi?". La théorie du complot, déclinée de diverses manières selon les époques ou les enjeux géopolitiques, peut évidemment engendrer des effets révisionnistes. Il est donc nécessaire de creuser les zones de doute en s'informant de diverses manières, accepter de changer d'angle, analyser les arguments des uns et des autres, en réfléchissant chaque fois à qui profite le crime ?

mercredi 9 avril 2008

L'habit ne fait pas le moine


Quelle interprétation de cette photo préférez-vous ?

A. Militaires défroqués : la force de conviction de l'opposition tibétaine fait passer des soldats chinois dans le camp adverse.
B. Après la répression sanglante, les militaires chinois rapportent chacun un trophée de chasse.
C. La version officielle communiquée par l'Agence de Communication de Grande Bretagne (20 mars) : au Tibet, les militaires chinois viennent de "toucher leur paquetage" pour se déguiser en moines bouddhistes et créer des incidents.
D. Les moines ayant refusé de jouer le rôle de figurants dans un film, des soldats ont reçu instruction de porter les robes pour les remplacer.

Réponse en cliquant sur lire la suite !

Lire la suite

lundi 7 avril 2008

La neige (tarte à la crème)


Je suis planté derrière ma fenêtre au lieu d'aller me coucher. Pourquoi la neige exerce-t-elle cette fascination ? Avant que le duvet habille les arbres, avant qu'un manteau blanc recouvre les trottoirs et la chaussée, la chute des cristaux cotonneux poussés par le vent ressemble à une danse de particules folles qui ne savent pas où s'envoler, mais que le hasard pousse dans tous les sens, chaque flocon semblant posséder son propre discernement telles les créatures comportementales qu'Antoine programme sur sa machine. Longue phrase qui n'en finit pas de tomber. Sans un bruit. Le silence. Si léger. S'élance. Craignons-nous son éphémérité lorsque la température extérieure ne lui offre d'autre alternative que son évaporation, aussi rapide que son apparition ? Ou l'effet mérité du rêve incapable de se reproduire tous les ans avec assurance ! Il faut savoir attendre. Des mois de patience. Il suffirait de retourner la ville. Upside down. Les pieds en l'air, la tête en bas. La secouer. Retomber en enfance. Ce n'est pas Noël pour autant. Les gens ont faim, ils ont froid, les perspectives sont noires. Il n'y a que la page qui soit blanche. On recommencera à y écrire ses rêves. Ses révoltes. Ses espérances.