70 Humeurs & opinions - mai 2010 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mardi 25 mai 2010

Jet lag maîtrisé


La mélatonine reste interdite à la vente en France. J'en prends si peu que la date d'expiration m'oblige à en acheter un nouveau pot chaque fois que je vais aux États Unis ou au Canada. L'hormone du sommeil permet de recaler l'horloge biologique après un long voyage en court-circuitant le jet lag. L'effet du décalage horaire est déjà atténué si l'on se cale sur les horaires du pays d'arrivée, mais prendre une gélule de 300 mg à 18h la veille et une autre à la même heure lorsque l'on a atterri, donne un coup de pouce salvateur. Une boîte de 100 gélules coûte environ 15 euros et permettrait donc plus d'une vingtaine d'aller et retour !
J'avais bien besoin de me reposer après une semaine de concerts tardifs et de levers tôt. De plus je dors très difficilement dans l'avion. Si j'arrive à m'endormir un haut-parleur me réveille aussitôt en me hurlant dans les oreilles qu'un repas va être servi ou qu'il faut attacher sa ceinture parce que nous traversons une zone de turbulences. Rentré à la maison, j'ai toujours mille affaires à régler et la journée fut bien remplie par la visite d'amis en famille et une réunion urgente de travail. Le soir, j'étais ratatiné et m'endormis facilement. Le tout est de rester au lit jusqu'à mon horaire habituel. La mélatonine fit son petit effet et je reprends ainsi mon rythme de folie composé d'inquiétante hyperactivité et d'épanouissement radieux entamé chaque matin ici-même.

samedi 15 mai 2010

La Chine vue de travers


Dans Libération du jeudi 13 mai...
Là je m'arrête une seconde en souvenir d'un autre 13 mai place Denfert-Rochereau, j'avais 15 ans et déjà plus toutes mes dents après un accident dans la cour de l'école et 4 germo-sectomies sur celles de la sagesse, c'était un lundi, ma seconde manif après celle du vendredi précédent. Je ne peux jamais évoquer ces deux dates sans remonter le temps. Comme je parlais avec émotion du 10 mai 1968 avec l'excellent et facond boucher de la rue de Noisy-le-Sec qui connaît par cœur toutes les tirades du cinéma français, Charly me raconte que lui non plus ne peut l'oublier puisqu'elle marque son arrivée à Paris depuis sa Croatie natale. Les anniversaires n'ont pas les mêmes significations pour chacun, et si on tient le coup on finira par en avoir 365 par an et 366 les années bissextiles...
Donc jeudi dernier, en avant-dernières pages de Libé, la réalisatrice Isabel Coixet qui fait trôner un baigneur de 6 mètres de haut dans le pavillon espagnol de l'exposition universelle de Shangai, un truc hideux nommé Miguelín, souriant, gazouillant et remuant la tête, ne se contente pas d'étaler son stérile égocentrisme à propos des enfants, elle explique son choix pour "faire passer un message aux Chinois". Et là je cite, parce que cela vaut son pesant d'arrogance et de mépris post-colonial, motivé par une inculture crasse et honteuse : "Au pays de l'enfant unique et du bébé roi, celui-ci fait un tabac ! Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas tout de faire des enfants. Il faut aussi leur donner une bonne vie : la liberté d'expression, l'égalité, l'assurance-maladie, un monde sans pollution, tout ce qui manque en Chine !" Ah, la civilisation ! On croirait entendre les explorateurs découvrant les premiers Pygmées dans les années 20. Quelle condescendance ! En reprenant les termes de sa leçon aux petits Chinois, banalité ressassée à longueur de temps par tous les prétendus tenants de la démocratie, je m'interroge sur le pays où son bébé qui fait des bulles fut construit, puisque, bien qu'espagnol, il est "made in USA". Commençons par le tabac dont la Chine est le premier producteur et manufacturier au monde. Ce n'est pas vraiment la question, d'accord. On s'interrogera par contre sur l'enfant-roi (n'avons-nous pas gâté nos petits princes et nos petites princesses, et ce quelle que soit la classe sociale en comparaison du reste du monde ?), sur l'égalité dans les pays occidentaux où l'écart entre riches et pauvres se creuse sans cesse dans des proportions scandaleuses, sur l'assurance-maladie (la récente réforme obamesque sur la santé est un cadeau aux assurances devenues obligatoires y compris à ceux qui n'en ont pas plus les moyens qu'avant !), sur la pollution à l'heure où la côte sud des États Unis est engluée dans le pétrole BP et où nous continuons à ne rien faire pour ralentir la catastrophe planétaire, et même sur la liberté d'expression où toute notre presse est aux mains du Capital et où les États cherchent à contrôler Internet comme tout le monde (Hadopi n'est que le pied dans la porte, étudiez bien LOPPSI qui pend à nos longs nez !).
Peut-être devrions-nous aussi rappeler à cette dame qui n'a pas inventé la poudre tout ce dont nous avons hérité de ce peuple cruel et inculte : le papier, l'imprimerie, la boussole, le compas, l'horloge, la soie, la porcelaine, le papier-monnaie, le forage, le sismographe, la brouette, le gouvernail axial, le parapluie, l'allumette, les pâtes, la bière, le thé, etc. Aujourd'hui le "Made in China" montre bien l'hypocrisie et le cynisme des libéraux que personne ne force à aller tout faire fabriquer là-bas. Nous profitons des prix en condamnant ce qui les y autorise. L'ultra-libéralisme associé au parti unique fait rêver plus d'un pays occidental en dessinant un modèle qui fait froid dans le dos. Les services de communication de nos états cherchent à camoufler et atténuer l'emprise chinoise par des campagnes de dénégation. Je ne vais pas recommencer avec le bourrage de crânes sur le Tibet, Slavoj Žižek en ayant fait en son temps une remarquable démonstration dans le Monde Diplomatique...
La Chine n'est certes pas un modèle, mais qui prétendons-nous représenter pour lui donner des leçons ?

mardi 11 mai 2010

Tous les mots qui sont tus et tous les cris qui tuent


Face aux pratiques honteuses qui régissent leur sphère professionnelle, nombreux préfèrent se taire ou s'en ouvrir "off the record", préférant le plus souvent m'envoyer un mail privé que laisser un commentaire public. Les souffrances sont muettes et on en crève (cf. mes deux articles sur Albert Ayler). Les salariés d'Orange, que l'entreprise nomme France Telecom pour ne pas ternir son image, en savent quelque chose. Le secteur de l'enseignement compte ses morts. Partout règne la terreur, car la solidarité s'est évanouie au profit de luttes catégorielles privilégiant les revendications pratiques au débat de fond. L'éthique a vécu.
Dans le milieu artistique certains évoquent leur amitié pour justifier de ne pas prendre position. À quoi sert un ami si ce n'est tirer la sonnette d'alarme en cas de grave dérive de celles ou ceux que nous aimons ?
Si j'ose écrire "tous les mots qui sont tus et tous les cris qui tuent", je le dois à la distance prise avec les attitudes sectaires des milieux traversés qui me firent souffrir lorsque j'étais plus jeune. De se taire, ils se terrent, les aigreurs les engloutissant avec l'âge. J'ai la chance de dire tout haut ce que nombre pensent tout bas, facilitée par un modeste accès aux médias. L'utiliserais-je comme une psychanalyse ? Mes souffrances se dissiperaient-elles de pouvoir les exprimer ? Cela y participe certainement. Si ce n'était le cas, mon journal impudique me vaut suffisamment d'insultes et de menaces pour que je m'en inquiète au lieu de m'en moquer.
Avec un coup de pouce des thérapeutes du dos, je continue à vivre debout. Je veux me regarder dans la glace sans craindre les rides ni faire des grimaces. Ma révolte me fut dictée par la devise de mon pays apprise à l'école : sans liberté, sans égalité, sans fraternité, qu'espérons-nous ? Je ne suis que le produit de cette révolution historique qui devint permanente à l'orée de celle de mes quinze ans. Comprenant qu'elle devait s'exercer au quotidien, à notre petit niveau, avant d'espérer changer le monde, j'ai décidé d'agir dans un combat de proximité, dans ma pratique d'abord, en l'exprimant ensuite. Je serai d'autant plus armé contre les leurres de ce que l'on appelle abusivement la démocratie, une manipulation honteuse des cerveaux disponibles. Continuant à rêver, je n'ai pas désarmé face à la bêtise et à la méchanceté, au gâchis et à l'ignorance. La seule différence, ma colère est devenue sereine, je ne suis plus énervé, mais déterminé.
Quel que soit notre âge, souvenons-nous de pourquoi nous combattions et demandons-nous ce qui a changé !

P.S.: je tiens à préciser que je ne pensais à personne en particulier tant vous avez été nombreux à m'envoyer des messages de sympathie. Mon intention n'était pas non plus de critiquer votre discrétion que je comprends fort bien vu les positions que vous occupez... Encore merci pour tous vos commentaires et courriels "off the record" qui me touchent sincèrement.

samedi 8 mai 2010

Les bonnes poires, le paltoquet et un sacré fantôme


Commençons par dédier cet article à tous les témoins de second ordre dont le nom n'est pas cité sur la jaquette du livre consacré à l'un des plus grands musiciens américains de l'histoire de la musique, le digne héritier de Charles Ives et John Coltrane, à savoir l'immense Albert Ayler, retrouvé noyé dans l'East River en novembre 1970 à l'âge de trente quatre ans...
Voici donc : à Noël Akchoté, Pascal Anquetil, Philippe Aronson, Guillaume Belhomme, Flavien Berger, François Billard, Jean-Jacques Birgé, Alexandre Breton, Dave Burrell, Roy Campbell, Bernard Chambaz, Jean-Louis Comolli, Richard Davis, Michel Delorme, Matthieu Donarier, Pascal Dusapin, Edouard Fouré Caul-Futy, Alex Grillo, Henry Grimes, Philippe Gumplowicz, Mats Gustafsson, Lee Konitz, Oliver Lake, Joachim Kühn, Mathieu Nuss, Guillaume Orti, Jean-Marc Padovani, William Parker, Annette Peacock, Hervé Péjaudier, Ivo Perelman, Serge Pey, Alexandre Pierrepont, Sam Rivers, Ildefonso Rodriguez, Jean Saavedra, Jean-Pierre Sarrazac, Martin Sarrazac, Alan Silva, François-René Simon, Jedediah Sklower, Sébastien Smirou, Tristan Soler, Bernard Stollman, Christian Tarting, John Tchicai, Mathieu Terrier (absent du sommaire), Henri Texier, Samuel Thiébaut, Ken Vandermark, Barry Wallenstein, Christian Wasselin, Jason Weiss, illustrés par les photographies de Philippe Gras, Horace, Guy Kopelowicz, Christian Rose, Bill Smith, Thierry Trombert, Val Wilmer !
Plus on est exigeant, plus on est respecté. Cette constatation est terrible. Elle justifie les "caprices" de certains artistes face aux entrepreneurs de spectacles ou, comme ici, à un journaliste compilateur qui commanda des contributions à nombre d'entre eux sans les rétribuer, méthode douteuse pour un ouvrage vendu 25 euros, et, sujet de mon courroux, sans leur accorder à tous la même considération, ce qui devient franchement mesquin, surtout lorsque le cuistre accueille la critique avec outrecuidance au lieu de s'en excuser gentiment. Espérons qu'aucun auteur n'a été payé si ce n'est l'astucieux "directeur artistique" ou alors je suis encore plus naïf que je ne le croyais. L'incorrection porte sur les auteurs cités en quatrième de couverture et les laissés pour compte. Quant à l'absence de ces derniers sur le site de l'éditeur, Le mot et le reste, complice en indélicatesse d'autant qu'encore plus sélectif, elle ne pourra se justifier par manque de place ! Nous avons donné le mot, ils ont gardé le reste.
Le paltoquet n'en est pas à son coup d'essai. Franck Médioni m'avait déjà commandé un texte accompagné d'une œuvre graphique pour son précédent Jazz En Suite et j'avais découvert seulement à publication que notre contribution avait sauté sans que nous en fussions avertis. J'avais embringué l'artiste peintre Marie-Christine Gayffier dans cette galère, qui heureusement ne m'en tint pas rigueur. Faut-il que je sois stupide pour me laisser berner une seconde fois ! L'incorrection est une récurrence que je tente d'éviter en ne travaillant qu'avec des personnes bien intentionnées. Leur solidarité fait passer bien des mesquineries de notre monde de malotrus dont le ton brutal et arrogant est hélas dicté par nos dirigeants. Faut-il que je sois veule pour ne pas souligner le rôle de chacun lorsque je chroniquai l'excellent livre sur Joëlle Léandre, qu'elle écrivit en fait seule, l'intrigant notoire en phase de sarkozisme se contentant essentiellement de retranscrire les propos de la contrebassiste qui dut reprendre et structurer elle-même son langage. Certains à qui je m'en ouvris de souligner que le livre n'en fut que meilleur. Mais qui s'en soucie ? Cela arrange tout le monde de faire semblant. Ces pratiques n'intéressent pas les lecteurs, elles se perpétuent dans le silence jusqu'au jour où L'idiot met les pieds dans le plat.
On aura compris que la puce venue me susurrer à l'oreille le nom des oubliés commença par mon nom, la maline ! N'étant donc pas le seul à être considéré comme un sous-contribuant je recopiai d'entrée la liste des parias dont la prose est juste bonne à gonfler l'ouvrage de ses 356 pages avant de rappeler celle des illustres supposés vendeurs qui n'y sont pour rien, à savoir Amiri Baraka, Daniel Berger, Zéno Bianu, Jacques Bisceglia, Yves Buin, Philippe Carles, Daniel Caux, Jean-Louis Chautemps, Jayne Cortez, Christian Désagulier (traducteur cité pour Martine Joulia et Jean-Yves Bériou oubliés), Raphaël Imbert, Steve Lake (absent du sommaire), Robert Latxague, Michel Le Bris, Didier Levallet, Yoyo Maeght, Francis Marmande, bien évidemment Franck Médioni, Jean-Pierre Moussaron, Jacques Réda, PL Renou, Philippe Robert, Gérard Rouy, François Tusques, "pour leurs contributions". Ainsi que Peter Brötzmann, Ornette Coleman, Alain Corneau, François Corneloup, Bertrand Denzler, Bobby Few, Charles Gayle, Noah Howard, Ronald Shannon Jackson, François Jeanneau, Sylvain Kassap, Steve Lacy, Daunik Lazro, Joëlle Léandre, Urs Leimgruber, David Liebman, Joe Lovano, Joe McPhee, Thurston Moore, David Murray, Sunny Murray, Evan Parker, Gary Peacok, Michel Portal, Marc Ribot, Sonny Rollins, Louis Sclavis, Archie Shepp, Wayne Shorter, Cecil Taylor, David S. Ware, "pour leurs témoignages". Que du beau monde !
Mon article est bien assez long pour aujourd'hui, je reviendrai plus tard sur tous les témoignages lorsque j'aurai terminé de lire Albert Ayler, témoignages sur un Holy Ghost. Ce genre d'ouvrage est une aubaine pour qui souhaite en mettre plein la vue pour pas un rond. Je pratiquais ce sport du temps où je publiais la Question de JJB dans Le Journal des Allumés du Jazz, mais je n'ai jamais censuré aucun texte, ni mis en valeur une réponse plutôt qu'une autre.
Cette pratique odieuse, équivalant à ne pas inscrire tous les protagonistes d'un film à son générique ou dans les crédits d'un CD, jette une ombre sur l'excellente maison qui publie vingt-cinq titres par an au sein de cinq collections, dont une largement consacrée à la musique avec de sérieux auteurs tels Philippe Thieyre, Joseph Ghosn, Aymeric Leroy, Christophe Delbrouck, Philippe Robert ou Guy Darol. Mazette, voici qu'à mon tour je cite les uns et pas les autres ! Mais la différence est de taille : je ne leur ai rien demandé, ne les ai pas fait travailler pour des nèfles et mon article vous est gracieusement offert. Si je préfère en général évoquer ce qui me plaît, la liberté dont je jouis dans cette colonne m'affranchit par contre des nuisibles nécrophages et de leur pouvoir éphémère.

samedi 1 mai 2010

La glycine du 1er mai


Claude Monet disait à ses jardiniers : "cette année je veux que tout mon jardin soit mauve". Plusieurs mois à l'avance, il imaginait son modèle comme on prépare ses couleurs. J'en ai eu marre de chercher les failles du système, je me suis allongé quelques instants. Les mystères de l'informatique sont plus absurdes que les énigmes de la nature. J'ai empoigné le courrier, c'était triste. Le Journal des Allumés finit par ressembler à Jazz Mag. Je n'ai pas encore ouvert le Diplo arrivé hier matin, mais ce n'est jamais rose. La vacuité de la presse me pousse à nouveau vers les romans ; hélas, leur lecture saupoudrée me fait vite perdre le fil. J'oscille entre Haruki Murakami et Christiane Rochefort. À la vue de l'enveloppe des impôts, je me laisse espérer en payer plus l'an prochain. Après une bonne saison, l'oseille fleurit à côté des orties. Je comprends mal ceux qui s'en plaignent ou les professions où le truandage est de rigueur. Participer aux dépenses de la cité me semble sain. Évidemment j'aimerais mieux que l'on affecte mon obole à la culture, à la santé, à l'éducation, à l'emploi, à la solidarité, à la préservation de la nature et des autres espèces... Plutôt qu'à perpétuer le gâchis. On préfère produire des armes, entretenir une police agressive et faire des cadeaux de roi aux nantis et aux copains du Fouquet's.
Les fleurs poussent et trépassent. Il y a dix ans le jardin était envahi de centaines de roses jaunes. Les coquelicots rouge vif ne sont apparus qu'en 2000 pour ne plus jamais éclore. Depuis l'an passé, les brins de muguet sont devenus rares. Les plantes les plus vigoureuses étouffent les plus tendres. Sans produit toxique qui risquerait de polluer nos herbes aromatiques, sans interférence trop brutale de ma part sur le cours du temps, le jardin suit son petit bonhomme de chemin. J'évite parfois certaines injustices trop flagrantes, certains assassinats programmés. Les bambous gagnent toujours du terrain et la glycine que Françoise a plantée étend ses grappes sur le lavatère et l'églantier. Les iris violet nous font de l'œil. En juin nous repeindrons le mur du studio qui s'est très abîmé, jaune d'or et parme.
Pensant au défilé, j'imagine de nouveaux moyens de lutte contre le patronat. La désobéissance civile va de pair avec le courage de ses actes. Voire de sa propre pensée. La peur de soi-même régit l'inconscient collectif. Tout est lisse, une mer d'huile, un océan d'hydrocarbure, tandis que l'horreur se profile. À secouer l'arbre mort, on craint qu'il en tombe des fruits pourris, bruns, vert-de-gris. Pourtant, si nous ne nous prenons pas en main nous risquons d'en voir de toutes les couleurs.