L'expulsion honteuse des Roms était censée servir de paravent à l'affaire Bettencourt. Mauvaise pioche : Mediapart pointe à nouveau cette manifestation exemplaire de la collusion du monde des affaires avec l'État voyou en publiant les enregistrements sonores où l'on entend tout ! Comme l'Europe s'en mêle et place la France sur la sellette, il faut trouver un nouveau truc pour déjouer l'attention du public. L'enlèvement de cinq Français au Niger tombe à pic et l'annonce de la réactivation du plan Vigipirate devrait offrir un peu de répit aux bandits qui nous gouvernent et qui opèrent, de plus, avec une extrême maladresse. Il ne leur suffit pas d'être méchants, il faut aussi qu'ils soient mauvais.
On ne va revenir sur la déportation des Roms puisque le monde entier se charge de rappeler les droits de l'homme à notre beau pays. Je suggère par contre aux amateurs de polars et de conspiration politique de s'abonner à Mediapart pour s'offrir le plaisir d'écouter Patrice de Maistre, l'homme de confiance de Liliane Bettencourt dévoiler les secrets de la corruption. Obligé d'articuler clairement pour permettre à sa cliente un peu sourde de le comprendre, il nous fait partager un feuilleton digne des meilleures fictions américaines. Mediapart organise le dossier en sept chapitres :
1. Les enregistrements, les témoignages, les documents
2- Eric Woerth, l'UMP, conflit d'intérêts et financements politiques
3- Polémique sur l'indépendance de la justice
4- Editoriaux, analyses, entretiens
5- Mediapart et le droit à l'information
6- Bettencourt, une histoire et un groupe, L'Oréal
7- Comment l'affaire est devenue un scandale politique
Entendre de Maistre réclamer son petit cadeau, du superflu, mais qui lui ferait tellement plaisir, un yacht en l'occurrence, ou expliquer que faire des chèques à Valérie Pécresse, Éric Woerth et Nicolas Sarkozy, "c'est pas cher et ils apprécient", est aussi ahurissant que tout le reste. En couverture de Télérama, le couple de sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot en remet une couche en étudiant comment vivent les riches en France. Mediapart les suit en vidéo... L'étau se resserre autour de Woerth que le président de la République a soutenu mordicus, et pour cause ! Dans un pays qui se prétend démocratique, tout le gouvernement aurait dû démissionner et le peuple devrait voter sa méfiance pour que le système sarkozien soit balayé. Une fois pour toutes ? Certainement pas ! Cela ne résoudrait pas les problèmes de fond, puisqu'aujourd'hui ce sont les financiers qui dirigent les états, avec à leurs têtes des marionnettes. Berlusconi est un des rares à jouer sur les deux tableaux, magnat corrompu jusqu'à la moelle ayant réussi à mettre la main sur le pouvoir. En France, son homologue n'est qu'un petit valet à la solde du Capital.
Acculé, il devient agressif, voire dangereux lorsque son homme de main Hortefeux, chargé des basses œuvres, évoque un risque terroriste sur le sol français. De deux choses l'une, soit la France a des cadavres dans le placard et ses "élus" savent très bien pourquoi des attentats seraient susceptibles d'être perpétrés en représailles, comme lors des factures impayées à l'Iran qui avaient abouti à la boucherie du magasin Tati rue de Rennes en 1986, soit les services secrets pourraient déclencher ici ou là quelque "pare-feu" qui mettrait en fait le feu aux poudres...
Vous pouvez penser que je me fais du cinéma, mais je ne suis qu'un amateur en termes de storytelling. Reprenez toutes les grandes affaires depuis l'incendie de Rome jusqu'au 11 septembre, en passant par celui du Reichstag, en vous demandant à qui profite le crime, et vous aurez froid dans le dos. Sur Mediapart, l'enquête sur l'assassinat des moines de Tibéhirine montre bien comment on peut se jouer de la crédulité de la population et faire porter le chapeau à la partie adverse. L'Histoire rendra peut-être justice, mais le mal aura été fait. N'attendons pas qu'il soit trop tard pour chasser les imposteurs !

P.S.: pardonnez-moi d'illustrer mon billet avec une image gore, ce n'est pas mon habitude. Je suis également désolé de ne pas être capable d'indiquer l'auteur de la photo, et enfin, non, ce n'est pas Sylvester Stallone dans Rambo V. Un terroriste peut en cacher un autre !