Aucune route n'était plus indiquée sur la carte. Nous avions grimpé sans voir le gros réservoir en béton. Heureusement, un peu plus bas sur la gauche la 2CV camionnette verte était bien à sa place et un panneau à moitié effacé indiquait la piste. Nous suivions scrupuleusement les indications envoyées par Jean-Pierre, car la moindre erreur d'aiguillage aurait pu nous perdre sans que nous sachions comment faire demi-tour. Tout marchait comme sur des roulettes, quand au détour d'une côte nous nous trouvâmes en face d'une barrière de l'ONF qui n'avait jamais été fermée. Il y était réglementairement indiqué que toute circulation était interdite au delà. Évidemment nous n'avions pas la clef à pipe permettant de l'ouvrir, mais je finis par réussir avec la pince universelle qui ne quitte jamais le coffre de la voiture et qui, pour une fois, justifiait qu'on l'y garde. Bien que toujours en première et avançant avec le maximum de précaution le bas de caisse frotta deux fois. Au bout d'une petite heure nous arrivâmes chez nos amis, un havre de paix où le silence règne en maître. Le jour on entend pratiquement aucun oiseau et la nuit les cigales s'amusent en stéréophonie. Le Parc National des Cévennes est d'une beauté à couper le souffle. Voilà plus d'une douzaine d'années que je n'étais pas venu. La vieille école n'a rien perdu de son charme ni les ruines de leur éclat. Les pierres de lauze brillent sous le soleil comme les étoiles pâlissent quand la lune éclaire les collines. Le téléphone ne passe pas, mais je publie grâce au satellite et à l'énergie solaire.