70 Humeurs & opinions - décembre 2012 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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lundi 31 décembre 2012

Pareil ou différent ?


Pareil ou différent ? D'un côté on peut craindre que 2013 soit pire. La dégringolade annoncée se vérifie. La planète subit l'érosion du profit. Les financiers ont la plupart des gouvernements à leurs bottes et les exploités se contentent de moins. Quand s'en contenteront-ils de moins en moins ? Lorsque la coupe sera pleine elle débordera fatalement. Mais ce n'est pas encore l'heure des vœux, bien que nous en ayons déjà reçus alors que l'année n'est pas terminée. On a pourtant jusqu'à fin janvier. Pressés d'en finir ou de commencer ? J'aurais aimé avoir écrit ceux de POL, image et texte tout à fait remarquables !
Pareil ou différent ? À la taille de l'univers chaque vague représente un siècle.
Le sable effacera nos pas.
Ce n'est pas une raison pour marcher n'importe où. Sur les traces des uns ou sur les pieds des autres, à côté de nos pompes ou droit dans nos bottes, vers la sagesse ou à notre perte, sur des charbons ardents ou tout simplement du pied gauche... On peut toujours s'envoler comme ce type au-dessus de l'horizon, un petit point dans le ciel, mais il lui faudra redescendre sur terre, la tâche est immense.

mercredi 12 décembre 2012

Pour en finir avec le travail (reprise)


Quand Debord, Vaneigem et les situs écrivaient des chansons...

(...) à l'avant-première de La fiancée du danger, film dont j'avais composé la musique, la réalisatrice Michèle Larue me présenta Jacques Le Glou. Distributeur de films français à l'étranger, il est aussi connu pour avoir réalisé un disque-culte avec ses copains situationnistes, Pour en finir avec le travail (en écoute sur Deezer).

"Chansons du prolétariat révolutionnaire" écrites par Guy Debord, sa compagne Alice Becker-Ho, Raoul Vaneigem, Étienne Roda-Gil, détournements de Le Glou de chansons fameuses (Il est cinq heures d'après Dutronc-Lanzman, La bicyclette de Barouh-Lai devenue La mitraillette, Les bureaucrates se ramassent à la pelle d'après Prévert-Kosma, etc.), l'ensemble est évidemment jubilatoire, et magnifiquement réalisé selon les codes de la variété de l'époque avec des musiciens de l'Opéra. Seule chanson historique, L'bon dieu dans la merde, est célèbre pour avoir été chantée par Ravachol en montant sur la guillotine. Les voix sont celles de Jacques Marchais, Jacqueline Danno (sous le pseudonyme de Vanessa Hachloum, Hachloum comme HLM !) et Michel Devy. Le 33 tours, épuisé en quatre mois, a été réédité en 1998 par EPM, et à nouveau en 2008 sous le titre Les Chansons Radicales de Mai 68.

Le Glou m'en apprit de belles sur les droits d'auteur. En 1974, Brassens, Ferré et Moustaki avaient refusé que leurs chansons soient détournées par cette bande d'anarchistes. Aujourd'hui la législation a "évolué". On peut changer les paroles d'une chanson sans avoir besoin d'en demander l'autorisation ni aux ayants droit ni à la Sacem, mais ce sont les auteurs de l'original qui touchent les droits ! Les chansonniers ont de beaux jours devant eux.

Je termine ce billet en ne résistant pas à vous livrer les premiers vers de La java des bons enfants écrits par l'auteur de La société du spectacle, définitivement politiquement incorrect :

'' Dans la rue des Bons Enfants
On vend tout au plus offrant,
Y avait un commissariat
Et maintenant il n'est plus là.
Une explosion fantastique
N'en a pas laissé une brique,
On crut que c'était Fantômas
Mais c'était la lutte des classes...
Sache que ta meilleure amie
Prolétaire, c'est la chimie...''

P.S. : les véritables auteurs s'étaient amusés à attribuer les chansons à des auteurs "imaginaires". Ainsi, dans le 33 tours original, La java des bons enfants était signée Raymond Callemin, dit Raymond-La-Science, membre de la Bande à Bonnot, et datée de 1912. En réalité il s'agissait pour celle-ci de Guy Debord et Francis Lemonnier" (saxophoniste de Red Noise et Komintern !).

lundi 10 décembre 2012

Sylvain Rifflet et Alphabet


Bien avant d'avoir réalisé mon propre Alphabet en 1999 d'après Kvĕta Pacovská avec Frédéric Durieu et Murielle Lefèvre, j'adorais ce qu'en faisaient les graphistes et autres plasticiens. Lorsque les musiciens s'en emparent son évocation génère souvent de belles surprises. Ainsi le Concise British Alphabet de Soft Machine sur leur second album, enregistré à l'endroit et à l'envers, et, plus près de nous, Sylvain Rifflet qui le joue dans le désordre au gré de son inspiration protéiforme, porté par de magnifiques envolées lyriques. Samedi, sur la scène du Triton, son quartet est léger comme l'air qu'il souffle sur le public qui s'est déplacé malgré la pluie qui glace Paris et Les Lilas.
Son Alphabet rappelle le rock progressif du temps où il s'inventait, empreint de jazz et de classique. Il ne s'agit ici d'aucun revival, mais une superbe invention de thèmes, timbres, rythmes qui nous emmène simplement ailleurs. Les flûtes de Jocelyn Mienniel et la clarinette de Rifflet donnent forcément un petit côté musique française à l'édifice. La batterie de métaux de Benjamin Flament, traitée électroniquement comme tous les instruments de l'orchestre, et la guitare de Phil Giordani dessinent un étrange rituel où la répétition accélère nos pulsions cardiaques sans que le palpitant n'étouffe la sensibilité des compositions. Sur scène, le quartet ne se cantonne pas à ces quelques lettres de noblesse. Rifflet nous livre les prémisses de son prochain projet autour du compositeur Moondog, propose un nouvel arrangement de Xiasme d'Edward Perraud en passe de devenir un tube parmi tous ces musiciens hypercréatifs et, en dernier rappel, un solo de sax ténor où Rifflet souffle magiquement le Tout dit clôturant le dernier disque de la chanteuse Camille.
Sylvain Rifflet et Alphabet offrent gracieusement leur travail aux internautes qui souhaitent le télécharger en mp3, à moins de préférer le recevoir chez soi sous la forme d'un CD pour seulement 10 euros. C'est bientôt Noël !

dimanche 2 décembre 2012

Fermeture des commentaires


Pendant la fermeture (que j'espère passagère) des commentaires, consécutive à une attaque débile de publicité robotique, plusieurs centaines en quelques minutes, vous pouvez écrire directement à info(at)drame.org pour que les vôtres soient publiés tout de même.
N.B.: je les ferme par intermittence. Vérifiez. En cas d'impossibilité, je peux publier un commentaire en votre nom si vous le souhaitez...