Internet a généré de nouvelles pratiques, des tics et des tocs dont les usagers ne sont pas toujours conscients. Les anciens détracteurs du zapping télévisuel se retrouvent à surfer des heures ou à passer leurs journées sur FaceBook sans se rendre compte qu'ils ont reproduit ce qu'ils abhorraient. Malgré la mutation des réseaux et l'apparition de nouveaux termes ces usages dérivant des mêmes causes interrogent le labyrinthe névrotique où nous évoluons. Combien d'entre nous sont-ils capables de passer à proximité de leur écran sans checker leurs mails pour la énième fois de la journée ? Idem sur FaceBook, application épouvantablement mal conçue et devenue pourtant incontournable pour une grande partie du milliard et demi d'utilisateurs actifs.
Si les informations affichées sont filtrées et hiérarchisées par FaceBook sans que l'on en comprenne le sens ou que l'on puisse intervenir soi-même dessus, on remarquera qu'elles sont toutes délivrées sur le même plan, paradoxalement comme si elles avaient a priori toutes le même intérêt. C'est pourtant totalement faux, FaceBook se livre aux joies du ranking tout comme Google lorsqu'on lance une recherche. Et si l'on tente de s'y plonger, cet aplatissement de l'information ne semble faire aucun tri d'importance. L'annonce d'une actualité déterminante ne devenant majeure que par la multiplicité des partages, certaines passent à l'as exactement comme avec les médias traditionnels, journaux, radio, télévision. La quantification des "Like" est également très surprenante : sur l'annonce de mon blog où je ne montre que le titre, la première photo et le lien vers l'article complet je constate 70 "Like" et une vingtaine de commentaires sur notre nouvelle cuisine de bobo (merci !) contre à peine une poignée pour mes articles politiques ou culturels (benzalors). Les vidéos de chats remportent un succès déconcertant. La honte m'assaille parfois devant l'absence de poids et mesures. J'imagine que des ethnologues se penchent sur l'impact que ces nouvelles pratiques ont sur notre inconscient et donc sur nos relations quotidiennes.
Il n'est pas plus possible de croire en la véracité des informations sur aucun médium, qu'elles soient institutionnelles ou contradictoires sans mener une enquête approfondie et se demander à qui profite le crime. Quels intérêts financiers ou politiques sont en jeu ? Mais au delà de la foi notre métabolisme est soumis à rude épreuve car notre temps ne se gère plus pareil, découpé en tranches par la navigation sur la Toile chronophage. Le temps certes, mais aussi l'espace, car nous ne sommes presque plus jamais seuls, livrés à nous-mêmes, depuis que nous emportons avec nous un objet nomade, fil à la patte qui nous rend accessibles et dépendants partout et tout le temps.