70 Humeurs & opinions - septembre 2021 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mardi 28 septembre 2021

Fourrière


Chaque fois que j'ai une contravention je me pose la question des impôts indirects. Que le police place des pièges à des endroits d'où le risque est exclu se comprend ; c'est une arnaque légale, une amende facile contre laquelle je ne peux m'insurger puisque j'étais en tort. Lors d'un déménagement, je me suis garé à un endroit interdit qui ne gênait absolument personne, mais la "dépanneuse" d'un garagiste collabo a emporté ma Kangoo à la fourrière située derrière le stade Charléty avant que j'ai eu le temps de dire ouf. Quelques minutes au sous-sol du parking dédié m'ont coûté 179 euros auxquels s'ajoutent la contravention pour stationnement interdit. Toute journée supplémentaire est facturée 29 euros. Une heure plus tard j'avais récupéré mon véhicule, mais tandis que je reprenais piteusement ma route je pensais à la somme qu'une contravention représente pour un riche ou un pauvre. À mon niveau cela augmentait simplement le coût du déménagement, mais pour un smicard touchant 1231,12 € net par mois, le total de la douloureuse équivaut à plus du quart de son salaire. Aucun gouvernement n'a jamais indexé les contraventions sur les revenus, ce qui semblerait juste, voire dissuasif chez les rupins qui n'ont rien à faire de la loi et ne risquent que leurs douze points, par exemple en faisant de la vitesse avec leur SUV. Même sans posséder de véhicule, chacun/e peut être victime d''une amende, par exemple dans les transports en commun. Or ces taxes aux entorses à la loi sont scandaleusement les mêmes quels que soient ses moyens, et reviennent à un impôt indirect des plus inégaux.

mardi 7 septembre 2021

Êtes-vous heureux ?


En relisant mon article du 16 septembre 2008, je suis encore plus inquiet qu'alors. Les populations sont anesthésiées depuis plus d'un an par la crise dite sanitaire. On nous raconte n'importe quoi et son contraire. À qui, à quoi se fier ? Le clivage gauche-droite est remplacé par les provax et les antivax, par celles et ceux qui craignent pour leur vie ou celle de leurs proches, et les autres qui sont catastrophés par la société que les puissants nous préparent. La démobilisation est à son comble. Le passe sanitaire transforme les restaurateurs et les organisateurs de spectacles en flics. Les cerveaux prennent le moule. La droite saisit l'opportunité et crée des amalgames. En fait tout le monde crée des amalgames. Le capitalisme s'est refait une santé sur le dos d'un virus qui mute, qui mute, mute, mute... Mais comment gérerons-nous les prochaines catastrophes, probablement beaucoup plus graves, que ce soient de nouveaux virus ou les conséquences du réchauffement climatique ?

Celluloïd, encre, laque, allumette. Nous allons encore nous faire passer pour de grands paranoïaques. Il n'y a pas grand chose à y faire. Avec quelques amis, nous évoquions la thèse du complot dont nous affublent celles et ceux qui préfèrent ne pas faire de vagues, absorbant docilement la potion. C'est que le soporifique a prouvé son efficacité ! On nous dit que la manipulation serait trop énorme. Et Dieu(x) dans tout ça ? Oui, que pensez-vous de Dieu(x) ? Pour un athée, n'est-il pas la plus extraordinaire manipulation de l'histoire de l'humanité ? C'est gros comme une maison, mais la grande majorité des bipèdes de la planète s'y conforment. Ciel, nous sommes faits ! Conditionnés. Toute organisation sociale est pensée pour nous assujettir. Les esprits rebelles sont dénoncés, torturés, lapidés, brûlés, ou plus "humainement" enfermés. La famille est un des piliers de l'entreprise. Nous mangeons ce que l'on nous dit de manger, nous roulons ce que l'on nous dit de rouler, nous volons comme on nous dit de voler, nous pensons ce que l'on nous dit de penser, nous rêvons dans les limites de ce raisonnable. Nous consommons, nous cautionnons. Je comprends les ermites, mais je me vois mieux en phalanstère ! Impossible de s'échapper. L'engagement politique est encore une manière de l'accepter. Le refus passe par la délinquance, la folie ou l'art.
Il y a des nuances, mais rien ne s'acquiert sans douleur. Le vrai travail n'est pas celui qui profite aux patrons. Résistance active. Le devoir de penser par soi-même. Agir. Tout est organisé pour ne profiter qu'à un tout petit groupe, suffisamment important pour permettre au système de perdurer. Les "révolutionnaires" en sont aussi les garants. Sans controverse, le système s'épuise de lui-même. L'étau est bien serré. Notre civilisation est en bout de course. Le découragement gagne les militants. Après quelques grosses catastrophes économiques ou écologiques, de nouvelles utopies verront le jour. Anesthésiés, les êtres humains n'ont jamais su faire autrement. Faut que ça saigne pour remettre les prétendues valeurs immuables en question et faire masse. Je ne suis pas certain d'être clair. Nous acceptons les us et coutumes pour argent comptant. Pas question d'imaginer d'autres manières de vivre. Ordre, travail, famille, patrie, propriété, tout est cadenassé. Les politiques jouent sur la sécurité, il n'y en a aucune. C'est un rappel à l'ordre. Ne pas se révolter. Accepter son état de petit soldat. Avaler le poison jour après jour, 20 heures après 20 heures, la messe est dite. Nerf des rapports homme-femme, la sexualité est tabou. Quelle est notre marge de manœuvre ? À chacun de la définir si nous ne voulons pas vieillir prématurément. Il y a tant de morts-vivants (clin d'œil à Romero). Une question en attendant, reprise du formidable film de 1961 d'Edgard Morin et Jean Rouch, Chronique d'un été : "êtes-vous heureux ?"