Gentillesse et politesse, les deux termes me semblent à l'opposé l'un de l'autre. La gentillesse est tournée vers autrui sans contrepartie tandis que la politesse semble l'être, alors qu'elle obéit à des règles fixées socialement. La gentillesse revêt le même sens pour tous les êtres humains. La politesse ne s'exprime pas de la même manière suivant les cultures. L'une est altruiste, l'autre sert à opérer une sélection de classe parmi les individus. Exprimer un "bonjour", "s'il-vous-plaît" ou "merci" ne produira pas les mêmes effets selon le ton employé. Le ton est difficilement reproductible en langage écrit, mais dans la vie de tous les jours il en dit long sur la relation qu'entretiennent les protagonistes. On comprendra que les échanges par mail ou sur les réseaux sociaux sont souvent plus brutaux que les intentions de l'auteur. Au téléphone le ton en dit long. De visu, les yeux ne trompent pas. Ainsi que dire des gestes ! S'il s'agit de formuler une critique, on a toujours le choix de le faire sans brusquer ou offenser son interlocuteur. La musique de la politesse est plus sèche, sa fermeté peut sembler vexante ou agressive. On peut s'en passer si la gentillesse prend le relais. Mais en l'absence de bienveillance la politesse devient indispensable pour cadrer la relation dans des limites raisonnables. Pour terminer avec cette réflexion somme toute banale, on pourrait dire que devant la faillite de la gentillesse, la politesse permet de contenir le dialogue dans des limites acceptables. La politesse cache souvent le désir inavoué de s'empêcher toute gentillesse. Ménager la susceptibilité de l'autre, le souhait d'éviter les quiproquos, ne se maîtrisent pas au travers des rapports sociaux, mais dans la relation personnelle que chacun/e décide de construire, ne serait-ce que dans l'éphémérité d'une rencontre.