70 Multimedia - février 2013 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 11 février 2013

Seconde Nature invite Clauss-Birgé-Kassap


Si je travaille avec Nicolas Clauss depuis le début du siècle, du site Flying Puppet à La machine de Leonardo da Vinci en passant par Somnambules et Les Portes, j'ai connu Sylvain Kassap en 1976, mais nous n'avions encore jamais joué ensemble en public si ce n'est au sein de la Compagnie Lubat à la fin des années 70. Dans une intimité partagée avec quelques autres Allumés il nous est arrivé d'improviser lors de rencontres inopinées, mais il aura fallu trente-sept ans pour croiser nos univers sonores sur une scène. L'occasion est trop belle.
Dans le cadre de l'exposition de Nicolas organisée par Seconde Nature du 22 janvier au 15 mars à Aix-en-Provence, nous présenterons donc en trio une performance audiovisuelle ce mardi 12 février à 19h. Improvisant (sur) huit tableaux interactifs, nouvelles versions de Jumeau Bar et Fès, plus cinq inédits dont Pozzallo, Entraves, Arpettes et Bâches, nous réfléchirons ces espaces abritant d’étranges rituels : autour d’un zinc, sous le soleil marocain, dans un cimetière sicilien, au milieu de danseurs, dans un atelier de couture, sur une mer imaginaire… Les clarinettes et le chalumeau de Sylvain dessineront de merveilleuses mélodies tandis que je caresserai mon nouveau clavier ou les boutons lumineux du Tenori-on. Il transformera ses sons avec un KaosPad, je tordrai le cou de l'un et l'autre avec mon éternel H3000, et nous inviterons le public à rejoindre nos évocations somnambuliques sous les trois écrans où se formeront et déformeront d'hallucinantes images, beauté convulsive et prisme critique.

Sur réservation ou 3 € pour les non-adhérents.

jeudi 7 février 2013

Disparition soudaine et momentanée


Ce jour-là, La Machine à rêves de Leonardo da Vinci était réapparue après une éclipse de trois jours de l'Apple Store suite à un bug du plus obscur.
Si Jacques Perconte appuya sur le déclencheur de son appareil il rata ma disparition soudaine entre le podium et l'écran. Pourtant prévenu de ne pas dépasser la ligne blanche continue, je n'avais pas prévu d'appuyer ma démonstration en allant toucher les images projetées sur le mur. Exclamation de stupeur dans la salle du CFA lorsque je m'enfonçai dans le trou noir, me rattrapant de justesse et glissant en souplesse dans les cinquante centimètres béants. Rien de cassé, lunettes écrasées, bientôt réparées par l'opticien de la Porte des Lilas. Un peu contrarié je continuai ma conférence sur le design sonore et la création musicale dans leur relation aux images sans montrer mon émoi. Et moi, et moi, et moi, chantait Dutronc. Mon intervention autour de ma vie, mon œuvre s'appuyait cette fois sur la projection d'Alphabet, Leonardo et FluxTune. Je citai Cocteau, Renoir, Ophüls, pour justifier de la nécessité des arrières pensées, de la technique pour pouvoir l'oublier, des hors-champs géographiques ou temporels...
Il y a plus de trente ans j'étais tombé de la scène de Villeneuve d'Ascq tandis que je pratiquais la respiration continue. Roulé boulé avec la flûte en bouche, je faillis bien me tuer. Les pieds en l'air la tête en bas, pour rassurer mes deux camarades restés en haut je repris la musique à l'endroit où j'en étais resté avant de dégringoler.
Rescapé, j'ai pris l'habitude de prendre des repères et d'assurer mes arrières. C'est sans compter l'enthousiasme qui vous fait oublier jusqu'à votre propre corps !

lundi 4 février 2013

Le Modèle Standard de Masse


Suis-je seul dans l'univers à vouer un culte à Francis Masse ?
Suis-je seul dans l'univers à vouer un culte ?
Suis-je seul dans l'univers ?
Suis-je seul ?
Suis-je ?
Gloups !

Les matheux s'en donneront à cœur joie, les poètes s'envoleront vers les étoiles, les amateurs de BD en auront pour leur compte et tous finiront par se marrer. En déménageant de Grenoble vers l'Hérault, Francis Masse a fait exploser le carcan de la bande dessinée, il a construit, sculpté, sérigraphié et le voici de retour avec un nouveau concept, le dessin d'humour scientifique ! Sur chaque page, un dessin, une légende (en français et en anglais !), presque un modèle standard... Les mots compliqués pour les rétifs à la théorie de la relativité sont en italiques et clairement expliqués dans un petit glossaire à la fin de l'ouvrage. Car le Modèle Standard avec des capitales renvoie à la physique des particules. Fan de ses courts métrages hirsutes où Albrecht Dürer croise le flaire avec Luis Buñuel je retrouve en une seule vignette la profondeur philosophique de ses sagas d'aimant ciel, s'appuyant toujours sur le réel d'après-demain, sorte de surréel spéculatif où l'humour ne se moque jamais de la science, bien au contraire, mais la souligne en allégories loufoques sans entamer la rigueur de l'analyse. Si les équations vous rebutent vous pourrez toujours apprécier l'adéquation entre les superbes images à la plume et au pinceau et les évocations quantiques et cosmologiques de ce bel ouvrage de 112 pages édité par Le Chant des Muses. Et Masse de conclure dans sa préface : « Maintenant, il est trop tard, le trou noir (de chine) nous absorbe… Accrochez-vous au pinceau, dans ces pages, les échelles se dérobent… »