70 Multimedia - mai 2017 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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lundi 29 mai 2017

Boum ! primé au Japon


C'est à se demander si je ne devrais pas émigrer. Mes disques se vendent mieux à l'étranger, en particulier au pays du soleil levant. Pour l'instant en France seuls Les Inrocks et Jean Rochard sur le site du label nato ont chroniqué le récent CD d'El Strøm, Long Time No Sea, mais d'autres devraient suivre.
Et voilà que l'application pour tablettes Boum ! a reçu samedi dernier le Prix Spécial du Jury aux 5e Digital Ehon Awards auxquels ont participé 300 concurrents de trente-deux pays ! Trois critères étaient en jeu : que ce soit ludique et attrayant pour tous les enfants (Fun!), innovant et en quête de nouveaux moyens d'expression (Never seen before!), ouvrant l'imagination des enfants vers de nouveaux horizons (Broaden horizons!).


Comme nous ne pouvions nous déplacer à Tokyo pour recevoir le Prix, les Japonais nous ont demandé d'envoyer un petit mot en vidéo. Mikaël Cixous a réalisé une petite continuité graphique que Sonia Cruchon a montée en fonction de la musique que j'ai composée à partir de sons enregistrés pour l'application originale. C'est tout de même plus sympa que nos trombines, encore que mises en page par Mika façon Fab Four avec le développeur Mathias Franck en d'Artagnan, Les inéditeurs forment une sacrée chouette équipe gagnante...

jeudi 25 mai 2017

S'il ne restait qu'un chien


Écouter D' de Kabal autre part que dans ses œuvres met à la fois l'accent sur le texte et interroge sur le parti-pris de sa voix de basse gutturale. D' se l'est fabriquée comme tout musicien travaille le timbre de son instrument. Il en a une pour la ville et une autre pour la scène. Celle-là va chercher Lucifer, un diable bienveillant, du côté du peuple et des opprimés. On est sur le ring. La monotonie du slam, ses monocordes vocales, joue sur le rythme des consonnes assénées comme des coups de poing, directs et uppercuts vus sous l'angle du vainqueur. Les deux autres membres du TRIO•SKYZO•PHONY, Franco Mannara et Raphaël Otchakowsky, jouent les soigneurs, accompagnant la voix du Havre, une métonymie qui parle par celle de D'. Leur musique suit les ostinatos, répétitive, inéluctable.


L'auteur, Joseph Andras, nous évite au moins les alexandrins. La ville du Havre raconte son passé à la première personne du singulier. Histoire singulière de la traite des Noirs, des insurrections révolutionnaires, des luttes sociales et de la guerre, loin de l'image dorée du commerce international. La mise en pages du livre, car c'est un petit fascicule littéraire avant d'être un CD, le second glissé dans une fente du premier, joue des "à la ligne" qui scandent ce récit épique écrit en janvier dernier entre la France et la Kanaky. Andras, que l'on connaît pour avoir refusé le Prix Goncourt du premier roman 2016, vit au Havre. Il dissèque sa ville avec rage dans une leçon d'anatomie au scalpel et à la machette. La société en prend pour son grade. Derrière les façades de cette ville gérée par notre nouveau premier ministre bien réac, ses entrailles révèlent une histoire terrible. Le titre S'il ne restait qu'un chien fait-il référence à la sublime autobiographie du compositeur Charlie Mingus traduite en français sous celui de Moins qu'un chien ou à la chanson de Léo Ferré, manifeste qui a donné naissance au spoken word à la française ? Aux deux probablement. Une poésie de la révolte.

→ Joseph Andras par D' de Kabal, S'il ne restait qu'un chien, Actes-Sud, Livre + CD, 19€

lundi 22 mai 2017

Prévert Exquis, épisodes 9 à 12 (vidéo)


Nous sommes arrivés au terme de notre web-série Prévert Exquis réalisées par Isabelle Fougère, Sonia Cruchon, Mikaël Cixous et moi-même à l'occasion du quarantième anniversaire de la mort de Jacques Prévert. Les douze épisodes sont regroupés sur le site de TV5Monde, douze ultra-courts collages pleins de fantaisie imaginés dans la plus grande liberté. Y aura-t-il une seconde saison ? Allez savoir...


Jacques Prévert dit Barbara (quelle connerie la guerre) accompagné par la guitare incroyablement moderne de Henri Crolla. Je laisse filer les bombardements sur l'entretien avec la petite fille du poète, Eugénie Bachelot-Prévert, puis s'écoule une rivière lorsque Prévert, le compositeur Joseph Kosma et le décorateur Alexandre Trauner, tous deux juifs hongrois, se réfugient dans le sud de la France. Eugénie raconte que les deux grands amis, Prévert et Trauner, sont enterrés côte à côte dans le petit cimetière d'Omonville-la-Petite en Normandie. Mikaël Cixous a réalisé une magnifique animation qui s'efface avec le temps.


Pour Des animaux terrestres (La terre qui est quelque fois si jolie) j'ai composé une petite partition sonore en mélangeant la voix de Jacques Prévert avec les sons de la guerre et des oiseaux exotiques in situ. Par contre lorsque Eugénie se moque de Michel Houellebecq qui trouve les poèmes de son grand-père cul-cul-la-praline, je reprends au clavier le même programme de synthétiseur que j'utilisai sur le deuxième mouvement d'Établissement d'un ciel d'alternance enregistré justement avec Houellebecq !


La voix de Nicolas Le Du suffit à Pour toi mon amour (Se faire Maître) pour lequel Isabelle Fougère a encore trouvé un sous-titre exemplaire tiré d'une autre œuvre de Prévert. J'ai simplement ajouté le papier peint d'un pré vert rempli de petits zoziaux pour à la fois donner le côté fleur bleue à l'image et provoquer une distance avec la dureté critique que le texte distille. Sonia Cruchon a une fois de plus eu une idée formidable pour "illustrer" le poème de Prévert en jouant sur une analogie en évitant l'anecdotique, et en s'échappant de la version chantée par Juliette Gréco. Eugénie raconte également un certain envers du décor, assez terrible à mes yeux...


J'ai travaillé Les amants (Le cœur à l'ouvrage) comme la partition sonore d'un film où les bruitages en décalage par rapport à l'image jouent sur la complémentarité plutôt que le surlignage de l'action. Et puis non, pas tant que cela. Les grands boulevards, une ambulance, un coup de foudre, l'électrocardiogramme qui se transforme en chant d'oiseau... Une pièce originale pour piano accompagne tendrement ce dernier entretien, exactement ce que j'évite d'habitude au cinéma !

mardi 9 mai 2017

Prévert Exquis, épisodes 5 à 8 (vidéo)


Nous continuons l'aventure avec quatre nouveaux épisodes. La web-série PRÉVERT EXQUIS est diffusée à raison d'un ultra-court métrage chaque mercredi et chaque samedi. Le 5ème est charmant, le 6ème loufoque, le 7ème politique, le 8ème aussi dérangeant que craquant...


Nous avons réalisé plusieurs versions de L'amour à la robote (L'électronique rêvera pour vous), mais celle interprétée par Jacques Prévert avec Henri Crolla à la guitare contraste parfaitement avec l'animation réalisée par Mikaël Cixous, ce pont entre le passé et le présent. Sur le site de TV5Monde, pour l'entretien avec Eugénie Bachelot-Prévert, je me suis amusé à improviser la guitare dans le style très moderne de Crolla...


Sonia Cruchon dit le poème de Cortège (À tue tête et à cloche-pied) en accélérant progressivement le rythme sur la musique électronique que j'ai composée, mais j'ai emprunté à Machiavel le fond sonore de l'entretien. Il fallait une sorte de spirale comme si nous étions aspirés par le vide...


Retour à la voix de Prévert pour Citroën (Merde à l'or), mais le citron est pressé sur les trois temps d'une valse, sa légèreté contrastant ironiquement avec l'aliénation diabolique de l'exploitation de l'homme par l'homme. Elle continue sur l'entretien avec la petite fille du poète.


On voit que le sous-titre de Sanguine (Je voudrais tant que tu te souviennes) est comme chaque fois extrait d'une autre œuvre de Prévert, choisi par Isabelle Fougère. Sonia n'y est pas allée de main morte en choisissant le modèle et Nicolas Le Du lui a prêté sa voix. J'ai simplement ajouté quelques zoziaux pour rendre encore plus printanier ce huitième épisode. La musique du générique est évidemment la même partout, mais cette fois, à la fin, Nevchehirlian chante Attendez-moi sous l'orme comme Yves Montand chantant Sanguine pendant l'entretien qui se réfère à ces deux interprètes...