70 Multimedia - avril 2019 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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lundi 22 avril 2019

La mort du Khazar rouge, condensé de Shlomo Sand


En écrivant un polar, l'historien Shlomo Sand, professeur à l'université de Tel Aviv, fait œuvre de vulgarisation. En passant à la fiction (sans notes en bas de page !), Sand résume ses recherches et analyses qu'il avait brillamment développées dans Comment le peuple juif fut inventé. Le polar a toujours été prisé par les auteurs gauchistes. Sand réussit admirablement en mêlant Histoire et intrigue criminelle. Ainsi, si vous désirez apprendre où en sont les découvertes époustouflantes sur l'histoire des Juifs le roman La mort du Khazar rouge en est une approche palpitante. Il s'appuie d'une part sur les écrits d'Ernest Renan, Marc Bloch, Arthur Koestler et le travail d'historien de Sand lui-même pour étayer sa thèse selon laquelle la diaspora juive serait le fruit de conversions successives, et que les Juifs n'ont jamais été chassés de Palestine il y a 2000 ans. Les Ashkénazes seraient en partie descendants de Khazars convertis. Le livre révèle également quantité de faits avérés souvent ignorés du grand public, que ce soit les lois israéliennes, l'assassinat de personnalités sur le territoire français, etc. Le thriller met en scène à la fois les agissements du Shabak, le service de sécurité intérieure israélien, et les mœurs des universitaires qui ne sont pas différents quel que soit le pays ! La fiction, donc nourrie par un travail à la fois historique et sociologique, a le mérite de nous tenir en haleine tout au long des 384 pages de ce polar fondamentalement politique.

→ Shlomo Sand, La Mort du Khazar Rouge, traduction de Michel Bilis, Editions du Seuil, 21€

lundi 8 avril 2019

Etienne Mineur exhume l'univers de Moebius pour Magado


En mars 2006, j'évoquai Magado sur mon blog :
Direction artistique d'Étienne Mineur, illustrations de Moebius (Jean Giraud), secondés par Hervé Lalo, musique et design sonore de Jean-Jacques Birgé... Magado est un projet avorté du portail jeunesse de Gallimard et du Seuil réunis ! Il existe quelques traces de ce travail inabouti sur le site de Lalo qui travaillait chez Gyoza en l'an 2000. Les sons n'ont pas été intégrés, les magazines et les jeux déjà réalisés ne sont pas en ligne, mais j'ai été heureux de découvrir ces rares traces d'une histoire trop belle pour être vraie, trop gigantesque pour trouver son modèle économique... Je devais engager une douzaine de créateurs sonores et superviser l'ensemble. Le Seuil fut le premier à se dédire, les licenciements ont suivi, nombreux et douloureux. C'est dommage, le courant passait bien avec Moebius. Étienne et moi sommes repartis pour de nouvelles aventures.

Grâce aux archives d'Hervé Lalo et aux miennes, Étienne Mineur a mis en ligne hier dimanche un article avec les croquis inédits de Moebius. J'ai retrouvé mes sons et les comptes-rendus de réunion sur un ancien MacBook où tourne encore Tri-Catalog, une application qui m'avait permis d'indexer les centaines de CD-R où sont gravées mes archives. Pour des questions de poids et de débit mes boucles d'ambiances ne devaient pas dépasser 4 secondes ! La partition sonore était composée de nombreux effets vocaux, souvent travaillés avec un Eventide H3000, de sons de synthèse et de bruitages abstraits, mais aussi, selon les secteurs du site, de parties symphoniques dramatiques ou de musiques pop entraînantes, etc. Il était programmé que Magado devienne un univers immense qui se renouvelle sans cesse de manière à fidéliser ses abonnés. Étienne Mineur souligne que "chose remarquable dans cet ambitieux projet, nous avions dès le départ intégré le design sonore (qui malheureusement arrive souvent à la fin de ce genre de projet) en la personne de mon compère Jean-Jaques Birgé (avec qui j’avais précédemment travaillé sur les CD Rom Au Cirque avec Seurat et Carton)".
Étienne se souvient qu'en 1999 au cours d'une réunion chez l'éditeur on lui avait demandé quel type d’illustrateur il faudrait. En plaisantant, il avait répondu qu’il fallait une perle rare comme Hergé (qui, petit détail, est mort en 1983 !) ou Moebius... Pendant que la discussion continuait dans un flou artistique comme je les fuis régulièrement, j'ai discrètement appelé mon camarade Jean Rochard, producteur du label nato, pour qui Moebius avait dessiné des pochettes de disques. Imaginez la tête de tout le monde, quelques instants plus tard, lorsque je les ai interrompus pour annoncer que le célèbre illustrateur était d'accord pour nous rencontrer ! La semaine suivante nous étions chez lui avec Étienne. Nous avions les yeux ouverts comme des soucoupes... La suite fut une partie de plaisir jusqu'à ce que le projet explose en vol.
En plus de ses croquis initiaux et de ceux de Moebius, Étienne a donc mis en ligne le comptes-rendu d'une des réunions que je lui ai envoyé et, surtout, une animation de la très originale interface que nous avions imaginée avec Moebius. À l'époque c'était programmé sous Flash. Je continue d'espérer que d'autres dessins en couleurs seront un jour retrouvés...

Les grands projets inachevés ressortent un jour ou l'autre. Ainsi j'attends l'échéance de la clause de confidentialité de cinq ans pour évoquer l'étude du son du métro du Grand Paris, dite ligne 15, que j'ai réalisée entre 2014 et 2015 pour Ruedi Baur. Il ne restera probablement rien de ce travail colossal. Ceux qui font l'étude étant rarement habilités à l'exécuter, c'est l'opposé qui voit le jour quand on arrive à son aboutissement. J'avais imaginé l'intégralité de l'espace sonore depuis les parvis jusqu'aux rames en passant par les étages commerciaux, les couloirs et les quais, avec comme ligne directrice que les usagers devaient être heureux de prendre le métro chaque matin avant d'aller se faire exploiter toute la journée et impatients de le reprendre le soir pour rentrer chez eux, un sacré pari entraînant des propositions on ne peut plus originales ! Ruedi Baur avec qui j'ai eu l'immense plaisir de collaborer était sur la même longueur d'onde...

lundi 1 avril 2019

Le nouveau Blog d'Étienne Mineur


Le 4 août 2005 je mettais en ligne mon premier article de blog. Comme j'avais l'intention d'imaginer une œuvre artistique en m'appuyant sur ce nouveau mode d'expression, j'étais allé voir le graphiste Étienne Mineur qui publiait quotidiennement des choses passionnantes depuis le début de l'année. Mon ami m'aida à installer l'application DotClear que j'utilise toujours. Je fus instantanément happé par cette nouvelle addiction, le blog lui-même devenant au fil des années une de mes œuvres les plus importantes, totalisant plus de 4000 articles aujourd'hui !


De son côté, jusqu'en août 2012 Étienne Mineur s'appuya sur DotClear qu'il quitta après 1670 articles pour construire un nouveau blog d'Archives qu'il abandonna au bout d'un an. C'est donc avec surprise et ravissement que j'apprends qu'il remet le couvert avec une troisième mouture ! Cette fois le site d'Étienne rassemble son nouveau blog, un safari typographique à travers le monde où il photographie la signalétique urbaine sauvage (enseignes, graffitis, peinture murale, affiches, stickers…), un portfolio, des croquis et bientôt ses enthousiasmantes conférences filmées.


Lorsqu'on connaît l'entrain et la passion partagée généreusement de mon camarade on ne peut que se réjouir d'avoir à découvrir des merveilles dégottées par ce chercheur de trésors. Que ce soit pour sa fougue communicative et son insatiable appétit d'étonnements je me reconnais évidemment dans ce zébulon avec qui je commençai à travailler en 1995 sur le CD-Rom Au cirque avec Seurat chez Hyptique dont il était directeur artistique. Nous avons ensuite collaboré sur mon CD-Rom Carton, l'habillage télévisuel d'EuroPrix 98 à Vienne en Autriche, pour Gallimard avec Moebius le site Magado qui ne verra jamais le jour, La Maison Fantôme avec Sacha Gattino, la série Zéphyr des 5 Balloons et l'incroyable jeu World of Yo-Ho chez Volumique, les emballages des DVD de Françoise Romand, les pochettes et livrets de mes derniers disques (El Strøm et mon Centenaire), et pas mal d'autres projets...


Internet est devenue une encyclopédie vivante, une médiathèque tentaculaire, qu'il serait plus que regrettable, voire dangereux, de voir muselée, censurée, marchandisée par les gouvernements et leurs commanditaires sous les prétextes les plus fallacieux. Si les informations sont toujours à prendre avec des pincettes, cette règle vaut d'abord pour les organismes contrôlés par l'État et la presse traditionnelle qui ne s'est jamais privée de fake news et autres manipulations à des fins mercantiles ou politiques. Les blogueurs n'étant pour la plupart pas rémunérés pour leurs partages restent libres d'écrire ce qui leur chante...