C'est maintenant que l'on a besoin de vous voir pour nous entendre. Le spectacle de ce jeudi soir ne se reproduira jamais. Il y a de moins en moins de monde dans les théâtres à Paris, alors on s'inquiète. Les gens serrent les cordons de leur bourse. Ayant rêvé de ce concert, nous ne voudrions pas que cela tourne au cauchemar... Des fois que l'organisateur imagine que notre projet n'intéresse personne, on aurait l'air de quoi ? C'est justement le titre de notre création, Rêves et cauchemars, mais les nôtres sont vrais, aventures vécues, intimes, déterminantes. C'est la première fois qu'Antonin-Tri Hoang et moi jouons avec le batteur que tout le monde s'arrache, Edward Perraud. Lâchez vos charentaises ! C'est tout près, Le Triton est à côté du Métro Mairie des Lilas, au bout de la ligne 11, vingt minutes depuis Châtelet, montre en main. Profitez-en, parce qu'en jouant nous oublions le temps. L'enjeu réside alors à vous le faire oublier à vous aussi. On ne sait pas combien de temps dure un rêve. Il paraît que ses péripéties filent à une vitesse vertigineuse. Freud suggère qu'il s'agit toujours de l'expression d'un désir. Nous avons envie de vous raconter les nôtres, il y en a neuf, trois chacun, extravagants, hallucinants, bouleversants... L'orchestre est un mélange d'anches, de percussion, d'instruments électroniques, de voix aussi. La question qui me trotte dans la tête en attendant ce soir, c'est comment (ou pourquoi) s'arrête un rêve ?

Pour les paresseux qui souhaitent nous contrarier en restant chez eux et qui possèdent un iPad2 ou un iPad3, ils peuvent toujours télécharger La machine à rêves de Leonardo da Vinci. L'œuvre interactive créée avec Nicolas Clauss est gratuite, elle ne ressemble à aucune autre application. Vincent Segal y joue du violoncelle et de l'arbalète. C'est un objet contemplatif qui se renouvelle sans cesse. Laissez vous bercer. Là aussi vous vous surprendrez à rêver à votre tour... Pour les plus curieux je ne peux m'empêcher de vous conseiller les deux : le concert où vous partagerez un moment unique et l'appli qui le prolongera à l'infini. C'est une figure rhétorique. L'infini nous est étranger, une question sans réponse... Les artistes ne finissent jamais rien, ils laissent ce soin au public. C'est pour cette raison que votre présence et votre participation sont indispensables.