Pour le Blog de Superfly Records, Jacques Denis ma demandé "mon Top 5 des années 70 autour du jazz, etc. des années 70 en France". Superfly est à la fois un magasin et un label de réédition de vinyles introuvables, plutôt orienté vers le jazz et la soul, l'Afrique et les Amériques. Je me suis donc prêté au jeu pour suggérer 5 disques qui m'ont marqué personnellement et faire écouter un morceau de chacun d'eux. Ayant écrit le texte en anglais comme il était stipulé, je vous en livre ma traduction en vous renvoyant au site de Superfly pour en savourer la musique. Jacques Denis s'est chargé de récupérer les images de leurs pochettes. Je lui ai précisé que les cinq pièces devaient être présentées dans cet ordre.

Michel Magne "Carillon dans l’eau bouillante"
J'avais 7 ans en 1959 lorsque j'ai découvert Musique Tachiste de Michel Magne, compositeur de musiques de films inventif qui avait demandé à Sempé d'illustrer chaque pièce sur le livret inséré dans la pochette. Ce vinyle marque peut-être le début de ma vocation, un mix entre bruits, électronique et orchestre évoquant chaque fois une histoire.
Catherine Ribeiro "Âme debout"
En 1971 Brigitte Fontaine, Colette Magny et Catherine Ribeiro étaient nos mères de l'invention (Mothers of Invention dans le texte). Dans ce disque je suis également touché par la présence de mon ami disparu Claude Thiébaut qui joue du percuphone, un instrument créé par Patrice Moullet. J'ai toujours joué d'instruments auxquels personne d'autre n'avait recours.
Jacques Thollot "Cécile"
Mort récemment, Jacques Thollot n'est pas seulement un grand batteur, c'était aussi un compositeur très original. J'adore la culture encyclopédique qu'il insuffle à son travail. En France le jazz ne veut rien dire parce qu'il ne swingue pas (it don't mean a thing 'cause it ain't got that swing, référence à un morceau de Duke Ellington sur des paroles de Irving Mills), mais quoi que ce soit de vivant et d'inventif, en relation avec l'improvisation et les traditions européennes, peut être appelé du jazz!
Colette Magny "Répression"
Un de mes tubes favoris de 1971. Années d'or pour la révolution, dans tous les sens imaginables. J'ai eu la chance d'enregistrer et jouer avec Colette il y a vingt ans. Son humour était épatant et sur scène elle possédait un naturel que j'essaie d'adopter autant que possible. Ici Beb Guérin et Barre Phillips étaient tous deux à la contrebasse.
Ilhan Mimaroglu "Tract: A Composition Of Agitprop Music For Electromagnetic Tape Part II"
Une longue pièce pour terminer ce Top 5 de mes jeunes débuts. Même année. Partiellement composée et enregistrée à l'American Center, boulevard Raspail à Paris, un endroit où nous avions l'habitude de nous rendre sans savoir ce qui s'y passait. Jazzmen, rockers, poètes faisaient continuellement des performances. Un Drame Musical Instantané y donna son premier concert. Bakounine, Brecht, Marx, etc. figurent dans le miroir parfait de cette époque.