Si l'accordéoniste Vincent Peirani et le pianiste Michael Wollny ont glissé progressivement vers le jazz, leur album en duo, Tandem, montre qu'ils sont tous deux, avant tout, des musiciens classiques. Le swing qu'ils ont apprivoisé, la chanson qu'ils ont accompagnée et leur ouverture d'esprit leur permettent de jouer l'Adagio pour cordes de Samuel Barber, Hunter de Björk, Vignette de Gary Peacock, Fourth of July de Sufjan Stevens, Travesuras de Tomás Gubitsch, Song Yet Untitled de leur collègue Andreas Schaerer, avec un naturel et une précision exceptionnelles, tout en s'appropriant chacune de ces icônes. Cet éclectisme auquel s'ajoutent leurs compositions personnelles développe autant de facettes d'un même engagement à livrer avec une extrême sincérité les univers variés qu'ils déploient. D'une plage à l'autre, le cristal réfléchit tristesse ou gaité, excitation ou retenue, avec une élégance occultant l'extrême virtuosité des deux jeunes musiciens. L'entente est telle que l'on en oublie l'origine de chaque pièce pour ne considérer que l'ensemble comme une suite qui coule de source, une suite lyrique où les deux instruments qu'on dit complets forment un orchestre de cordes, cuivres et percussion virtuels. Tandem est l'un de leurs plus beaux albums parce qu'il aborde l'éventail de leurs répertoires en assumant leurs amours de jeunesse comme origine de toutes leurs aventures. C'est ce que l'on appelle généralement la maturité.

→ Vincent Peirani & Michael Wollny, Tandem, The ACT Company, CD 17,50€