Vendredi soir Lutherie Urbaine, dont l'atelier-laboratoire est situé à Bagnolet, s'était associée à Babbel Productions et aux Rendez-vous contemporains de Saint Merri pour organiser Les Essaims #1 avec Spat'sonore. Au milieu d'un concert plutôt bruitiste, le violon lyrique d'Amarylis Billet s'envola vers les voûtes de l'église pendant Maelström composé par Karl Naegelen. Les tentacules de la pieuvre de métal enveloppaient le public serré sur les coussins au milieu du dispositif sonore acoustique. On souhaiterait tout de même un peu plus de confort à nos fesses glacées ! La guitare de Christelle Séry sonnait parfois comme des ondes Martenot. Les huit spatistes dont ici Olivier Germain-Noureux et Nicolas Nageotte, profitaient du décor de Saint Merri pour souffler dans les tuyaux à rallonges qui encerclait les spectateurs.


Quand la nuit fut tombée, les lumières de Thomas Costerg éclairèrent le spectacle en soulignant la magie du lieu et les pianissimi de l'orchestre. Ça chuchote et picote, ça hoquète et cliquète, ça frappe et ça rape, ça chante et ça hante, ça souffle et emmitoufle...


Moments particulièrement émouvants lorsqu'Elsa Birgé chanta I pirati a Palermu et O maharagias, accompagnée par les huit musiciens de Spat'sonore. Une en sicilien, l'autre en grec. Pendant ce temps-là je tournais autour du chœur avec Eliott dans sa poussette !


Comme tous les autres spatistes, y compris la violoniste, la guitariste et la chanteuse, Roméo Monteiro, Philippe Bord, Joris Rühl, Nicolas Chedmail actionnent des pistons qui dirigent le son vers des pavillons situés autour et au dessus du public.


Elsa Biston avait composé Les jardins à la française (ne supportent pas l'orage), une pièce portée par le système de partitions défilantes de Nicolas Chedmail avec des solistes de Spat' et une soixantaine d'amateurs agitant des sacs plastique, frappant des morceaux de bois, déchirant du papier kraft, soufflant dans des flûtes, des trompes et des harmonicas.


S'appuyant sur le même système grâce aux quatre écrans encadrant le public qu'ils suivaient scrupuleusement, les interprètes de The call of the wild du percussionniste Roméo Monteiro frappaient, soufflaient, frottaient... Le concert se termina sur les pétards de Aux enfants sauvages de Frédéric Pattar... La photo a été prise au cours de l'une des répétitions à Lutherie Urbaine.


Pendant les entr'actes, Pierre Bastien et Rie Nakajima faisaient évoluer leur petit théâtre d'objets mécaniques dans la crypte située au sous-sol, autre moment magique où les miniatures semblaient obéir à un rituel profane d'un autre temps.