Les Allumés du Jazz ont demandé à l'ensemble des labels adhérents quelles sont leurs actions - réactions face à l’impossibilité de vendre des enregistrements « physiques" et du fait de ne pouvoir les présenter, ni les vendre en concert. J'ai répondu à cette petite enquête menée par Bruno Tocanne.

Le label GRRR a anticipé la crise puisqu’en diversifiant les supports depuis 2010, en particulier avec la mise en ligne de 82 albums / 1064 pièces / 157 heures d’inédits, mp3 gratuits en écoute et téléchargement, nous restons actifs sur Internet, à défaut de pouvoir envoyer ou vendre nos disques. Quarante parmi eux et parmi les vinyles et CD sont aussi disponibles sur Bandcamp au format AIFF, mais il nous est impossible de les envoyer physiquement.
La Poste retient évidemment tous les albums qui m’ont été envoyés par les autres labels depuis 3 semaines et que je ne pourrai donc pas chroniquer sur drame.org/blog et Mediapart avant perpète. Je crains que le confinement ne dure au moins jusqu’à début juin et j’ai besoin de l’objet pour arriver à écrire.
Perspectives du XXIIe siècle, mon nouvel album, devait sortir le 7 mai sur le label du MEG (Musée d’ethnographie de Genève) en coproduction avec GRRR, mais je ne sais pas du tout quel planning nous allons choisir. La responsable de la collection, Madeleine Leclair, évoque le 21 juin. Qui sait ce que nous réserve l’avenir ?
Donc pas vraiment de conséquence dramatique due à la crise sanitaire. Je continue à travailler dans mon studio comme les autres jours. Personnellement, étant au régime de la retraite après avoir été pendant 42 ans à celui des intermittents du spectacle sans discontinuer, cela ne change pas grand chose sauf pour les concerts évidemment annulés. C’est vraiment triste, mais tous les festivals de l’été seront très certainement interdits.
Le merdier existait avant et cela ne va pas s’arranger. Je suis plus inquiet d’un point de vue citoyen qu’en tant qu’artiste ou musicien.
Notre gouvernement de mafieux à la solde des banques risque de saisir cette opportunité pour accentuer la dérive policière et la casse sociale.

Illustration: Tarek Atoui, THE GROUND, 58ème Biennale d'Art de Venise