Je ne savais où je mettais les pieds, ou plutôt les oreilles. Jusque là, OTTO n'était pour moi qu'un album de Marc-Antoine Mathieu, un de mes auteurs de bande dessinée préférés. J'étais donc allongé sur le canapé avec le nouveau Télérama dont je ne feuillète toujours que les pages magazine. J'avais glissé Danses, le CD du groupe OTTO reçu le matin-même. Bach s'est imposé tout de suite, et puis la Bretagne, la danse et la transe. Le tricot m'a fait penser à la chanson Dévisage (index 13 et 29) que j'avais écrite et que Bernard Vitet avait mise en musique. Mon camarade adorait Bach. Je le trouvais trop mathématique, pas assez narratif. J'en suis revenu depuis, peut-être grâce à Glenn Gould. Et puis là j'ai accroché d'emblée à la guitare d'Ivann Cruz à laquelle la batterie de Frédéric L'Homme dessine un cadre. Il faudrait que vous voyiez le tableau. Les deux complices prennent le large. Ils débordent. L'électricité y pourvoit. Comme si Bach visitait leurs rêves. Ou comme s'ils essayaient de se souvenir des émotions ressenties lorsqu'ils l'avaient découvert, enfants, swinguant comme on danse dans les provinces où la musique continue d'animer les fêtes. Avec la distorsion que l'exercice impose pour y retrouver ses petits. Et lorsqu'ils commencent, ils n'arrivent plus à s'arrêter. Treize pièces du maître. L'ivresse de Jean-Sébastien Bacchus !

→ OTTO, Danses, CD Circum-Disc, dist. Les Allumés du Jazz / Atypeek (digital), sortie le 15 avril 2022