Tous les jours, les faits-divers hantent les colonnes des journaux. Lorsqu'ils croisent la vie privée, nous permettant de mettre un nom et un visage sur les victimes, le vertige s'empare de nous et nous rappelle à la vie.
Au Journal Télévisé, Jean-Claude, le père de Françoise, aperçoit l'épave de l'Accroche-cœur en mille morceaux, Patrick prostré sur un banc. Tous les sites d'infos reproduisent la dépêche de l'AFP : deux membres de l'équipage d'un catamaran français sont morts dans un naufrage lundi soir au large de la Costa Brava, dans le nord-est de l'Espagne, et deux personnes sont portées disparues. Le catamaran, qui avait six personnes à son bord, cinq hommes et une femme, a chaviré lundi soir près de Port de la Selva, en Catalogne, alors qu'il regagnait son port d'attache à Canet Plage, dans le sud de la France. L'équipage venait de participer à la régate de La Route du Sel qui va de Barcelone à Ibiza et qui s'est terminée dimanche. Les vents violents qui soufflaient à une force de 40-45 noeuds (70 km/h) pourraient expliquer le chavirage du catamaran, lundi entre 21H00 et 23H00. Les passagers ne possédaient pas de radio-balise automatique d'urgence, un dispositif de sécurité qui s'active lorsqu'il est immergé, et n'ont pu utiliser leur radio. Les deux survivants du naufrage ont réussi à regagner la côte à la nage mardi matin avant d'être localisés par la police espagnole et d'être hospitalisés. Deux membres de l'équipage, munis de leur gilet de sauvetage, ont été retrouvés morts mardi matin près du lieu de naufrage. Deux hélicoptères et deux navires de sauvetage maritimes espagnols étaient mardi à la recherche des deux passagers portés disparus... L'Agence Reuters précise : deux personnes sont tombées à la mer, dont on recherche toujours les corps. Deux autres se sont accrochées à l'épave avant d'être balayées par une vague. Leurs corps ont été découverts mardi matin. Les deux survivants ont réussi à se maintenir à l'intérieur de la coque, qui a finalement dérivé jusqu'à la côte au nord de Barcelone. Ce sont eux qui ont prévenu les secours. Hospitalisés en état d'hypothermie, ils souffrent de coupures et de contusions.
Brigitte avait aidé Patrick à réaliser son rêve de voile. Ils ne vivaient que pour le catamaran, s'endettant, revendant la maison de Luchon, louant le bateau pour pouvoir naviguer. Un catamaran de cette taille coûte une fortune à entretenir. Pourquoi sont-ils sortis malgré l'avis de tempête ? Patrick est costaud, il a pu regagner la côte à la nage, Brigitte y est restée. Elle aimait rigoler. Nous ne connaissons pas les quatre autres passagers, ils rejoignent le fait-divers. C'est une histoire triste. On pense aux vivants.

Sur la photo : Françoise avec Brigitte (chemise blanche) et Patrick.