70 Perso - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 4 mars 2022

Merci à vous tous et toutes


Merci à vous toutes et tous qui m'avez envoyé vos vœux et encouragements ! Vous avez contribué à ce que je garde un moral d'acier. La scintigraphie de ce matin indique que je suis sorti d'affaire. Il restera les contrôles tous les six ou douze mois, mais je tourne une page... En avant la musique !

Deux jours et pourtant


Mon isolement hospitalier n'aura duré que quarante-huit heures. Le principal désagrément fut essentiellement la nécessité de boire quatre litres d'eau par jour pour éliminer la radioactivité de l'iode 131. Je dois continuer les prochains jours, quitte à pisser tous les quarts d'heure ! Je voyais les infirmières seulement à travers le hublot de la porte plombée lorsqu'elles m'apportaient le plateau repas. Je mangeais tout et regrettai même que la collation du goûter annoncée sur une affichette ne soit que pure fiction. Les aliments ne correspondaient pas toujours au menu imprimé, mais quelle importance ! En isolement les trois repas sont les seuls indicateurs du rythme quotidien, avec le soleil qui se lève et se couche. Je ne pouvais m'empêcher de penser à la réclusion des prisonniers, même si la plupart peuvent prendre un tout petit peu l'air de temps en temps, de quoi devenir fou. Ici les fenêtres ne s'ouvrent pas et toute sortie est définitive. Invité par Nicolas Frize il y a une quinzaine d'années, j'avais fait une intervention à la prison de Fleury-Mérogis auprès des longues peines, à l'époque d'Alphabet. Cette visite m'avait beaucoup appris sur les conditions d'incarcération. À Saint-Louis le personnel est autrement plus prévenant, presque digne d'un grand hôtel. Et puis j'ai pensé que j'aurais du mal à partager la vie des sous-mariniers. Pourtant mon isolement n'aura duré que deux jours. Cela m'a rappelé le siège de Sarajevo où j'étais resté trois semaines alors que ses habitants y ont été séquestrés plus de trois ans. Il m'en avait fallu un pour m'en remettre. La seconde nuit j'ai fait des rêves ou des cauchemars qui mélangeaient fiction et réalité. Je me souviens avoir pensé que tout est documentaire.

Depuis l'annonce de mon cancer thyroïdien j'avais décidé de tout prendre expérimentalement. Comme la Claudette qui, ayant couché avec Jimi Hendrix, s'était proclamée avoir été "experienced" ! Si je me suis intéressé à mon cas médical, j'ai bien joué avec la télécommande du lit, les volets coincés et les connexions énigmatiques d'Internet. J'ai regardé par les fenêtres les gens qui n'imaginent pas qu'un jour ils seront probablement de ce côté de la rue, ou peut-être l'ont-ils déjà été ? J'étais déjà entré dans un hôpital en visiteur ou en accompagnateur, mais c'est la première fois que je me faisais opérer. À l'avenir, au minimum, j'aurai droit à des visites de contrôle. Je préfère tout de même d'autres aventures comme celle qui m'attend dans les Cévennes, en pleine nature. Penser à ma santé ne m'empêche pas de travailler ni de créer, mais le grand projet qui me titille avance au ralenti. Si la scintigraphie de ce matin s'avère rassurante, j'espère m'y atteler sérieusement.

Heureusement les affaires roulent toutes seules, puisque fin mars sortira déjà le CD que j'ai enregistré le 14 février en compagnie de Francis Gorgé et Dominique Meens pour le retour d'Un Drame Musical instantané, suivi du vinyle 30 centimètres de mon duo avec Lionel Martin dont la pochette est une magnifique sérigraphie d'Ella & Pitr, sans compter l'exhumation de mes archives comme avec le Drame en 1976 sur une face de 33 tours, l'édition CD du vinyle Les bons contes font les bons amis de 1983 et encore tout un tas de trucs que j'évoquerai en leur temps. Il n'y a que pour les concerts que je ne croule pas sous les propositions. C'est un secteur où les organisateurs et les musiciens ont la mémoire courte. La mémoire est un concept qui se conjugue à tous les temps. Le futur est mon préféré. Tout le monde ne le partage pas.