70 Pratique - janvier 2009 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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lundi 26 janvier 2009

Le tamis de la correspondance


Envoyer des mails n'est plus une méthode fiable pour correspondre. Spams ou afflux considérable de courrier risquent de faire passer à la trappe des messages importants.
Avant l'ère informatique, écrire une lettre à la main ou dactylographiée impliquait une démarche signifiante, d'autant qu'elle nécessitait de s'appliquer lisiblement, de rédiger une enveloppe, d'y coller un timbre et de passer à la poste. Il suffit aujourd'hui de taper quelques mots et d'appuyer sur un bouton. La gratuité profite à la frénésie. Quand je pense qu'à l'avènement des mails certains ont prétendu que cela allait tuer l'écrit !
La quantité délirante de spams publicitaires et autres imbécilités absorbe des messages importants sans que l'on comprenne pourquoi le filtre a dirigé tel ou tel dans la poubelle qu'il sera bien imprudent de vider sans en vérifier le contenu.
Ces derniers temps, au lieu de me plaindre des centaines de spams envahissant mon dossier d'indésirables, je me suis systématiquement désinscrit, réduisant leur nombre au moins par dix. Il faut d'ailleurs que je pense à coller une étiquette "Pas de publicité" sur ma boîte aux lettres pour la soulager elle aussi.
Envoyer un SMS, décrocher son téléphone ou se fendre d'une missive postale est aujourd'hui beaucoup plus prudent si l'on veut être certain de toucher son correspondant.
Lorsque je désire que mon courrier ressorte du lot distribué par le facteur, je colle un timbre de collection plutôt qu'une banale Marianne, personnalisant l'enveloppe en fonction du destinataire. Ma petite collection de timbres en vigueur (ils le sont tous hormis ceux édités par le Gouvernement de Vichy et l'on peut commander les nouveautés sur le site de La Poste) rassemble trois Tex Avery (le loup, Droopy et la pin-up), un Auguste, la baie d'Halong, un mammouth, Henner et Garouste... Les augmentations régulières m'obligent néanmoins à compléter le tarif par des Marianne à centimes.
Lorsque je veux être certain d'être lu, je choisis également une carte postale qui marquera le coup parmi une seconde collection, toujours d'images. Par exemple, L'origine du monde de Courbet génère immanquablement une réponse !
Quant à Internet, les réseaux sociaux comme FaceBook ou MySpace s'avèrent plus fiables que le mail traditionnel. Certains y accumulent pourtant les "amis" afin de promouvoir leurs activités. Si vous souhaitez être fixé il suffit souvent de vérifier le nombre de leurs "amis". Pour ne pas être submergé par le nombre et préserver une qualité de la relation, j'ai pris l'habitude de n'accepter que les personnes que je connais ou dont les informations m'en donnent envie. J'envoie sinon un mail intitulé "Qui êtes-vous ?" en copiant-collant le message : "Avant d'accepter une demande d'amis, je pose cette question à tous ceux et à toutes celles que je ne connais pas, quand ma mémoire fait défaut ou que les informations de FaceBook ne me permettent pas de l'apprendre."
L'autre méthode consiste à posséder un nombre dément d'adresses mail dédiées chacune à une activité, mais si l'on se connecte avec son iPhone cela peut s'avérer fastidieux. On choisira.
Le Blog peut aussi être considéré comme une manière de communiquer sans être obligé de radoter. Je l'espère. Il y a mille façons d'écrire, de parler, d'échanger, de voir et d'entendre, mais il n'y en a qu'une pour vivre véritablement, il faut sortir, marcher, étreindre pour sentir ce qui ne peut s'écrire.

vendredi 23 janvier 2009

Du poil de la bête


Imaginez comme il peut être pénible d'être réveillé par les régurgitations du chat vomissant sur la moquette. J'avais vraiment la tête dans le pâté. D'habitude Scotch a la délicatesse de s'exécuter en choisissant une surface lavable. Comme je lui courrais après pour le mettre dehors, il a terminé dans l'escalier. Une manière de se purger ? À peine ai-je rangé l'eau chaude et le Sopalin, c'est sympa comme billet pour le petit-déjeuner ! La bêêête avait arrêté ce genre de sport depuis que nous la brossions avec une brosse magique, complément indispensable de la brosse électrostatique pour les coussins où elle se vautre. Ses longues et fines dents en métal ressemblent à des griffes rétractables. Scotch adore ça. Il tend le cou en avant comme si c'était pour lui caresser le menton, mais pas du tout ! Enfin, cela se négocie. Quand les poils sont pris dans la brosse, comme arrachés à la fourrure féline, il suffit d'appuyer sur le bouton rouge pour que les dents de la brosse s'escamotent. Attrapons alors délicatement la touffe tressée. On pourrait la garder pour s'en faire des moufles comme les Russes avec ceux de leur chien. À Moscou, on vend même des pull-overs tricotés ainsi, mais il faut du temps ou un animal énorme. Les Moscovites peuvent alors garder sur le dos un souvenir chaud et chaleureux de leur animal après qu'il soit passé à trépas. Comme cela pousse vite, ils ne sont pas non plus obligés d'attendre quinze ans. La touffe grise que je jette à la poubelle ressemble plutôt à petit mouchoir carré en fourrure tissée, quel métier !

mercredi 14 janvier 2009

Comme un chef


Suite du billet d'hier qui vous retrouverez topographiquement en-dessous de celui-ci !

... La chute de Roland Cahen à la question "Quelle question ai-je oublié de vous poser ?" montre encore que les gens sérieux et sensibles ne peuvent envisager leur art, et la vie en générale, sans penser à la gastronomie ! À ce propos je tiens à signaler l'excellent livre que Sacha Gattino, amusante coïncidence, puisqu'il est lui-même un designer sonore inventif et raffiné, m'a conseillé, soit Comme un chef, pavé de 650 pages publié par Larousse. Les auteurs se sont entourés de 18 grands chefs, du pâtissier Pierre Hermé au Catalan Ferran Adrià, du Japonais Hisayuki Takeushi au spécialiste des épices Peter Gordon, de Ken Hom à Christine Manfield... Le principe de cette encyclopédie est calqué sur celui de Cuisine Succès, l'école de la cuisine chez le même éditeur, une autre bible, à savoir qu'il ne s'agit pas d'un livre de recettes proprement dit, puisqu'il montre en images comment les réussir. S'il privilégie un tour du monde des palais fins, on apprendra donc aussi à cuire le riz, faire des œufs brouillés, rattraper une mayonnaise aussi bien que découper une viande, ébarber ou désarêter un poisson, voire créer une écume... Quant aux recettes, elles sont à la hauteur des chefs convoqués. Je n'ai fait que lire l'ouvrage sans me mettre aux fourneaux, mais j'en ai l'eau à la bouche, d'autant que l'ami Sacha nous en a donné un avant-goût la semaine dernière en enfilant son tablier (en fait il s'habille en noir pour l'occasion "car on voit moins les tâches !"). Si vous pensez que je m'égare, relisez Impro Soupe que j'avais écrit pour le Journal des Allumés.