70 Pratique - octobre 2015 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mercredi 28 octobre 2015

Un petit coin à Saint-Michel


La fenêtre de mon kinésithérapeute donne sur un petit coin où les hommes incontinents font régulièrement leurs besoins. Un riverain a eu l'amusante idée d'y déposer une cuvette de WC. C'était risqué ! Mais quelques minutes plus tard un énorme chauffe-eau est venu lui tenir compagnie. J'imagine qu'avant la fin de la matinée on aura le droit à toute la salle de bain, et probablement le reste de l'appartement d'ici demain matin. En fait d'humour le plombier incivique s'est déchargé d'appeler les encombrants. Les ordures appellent les ordures. Dès qu'un individu jette un objet dans la rue d'autres indélicats viennent gonfler la décharge sauvage. Très vite l'endroit est régulièrement envahi par les détritus sans que l'on sache quoi faire pour enrayer cette fâcheuse habitude. Nos voisins d'en face ont trouvé une astucieuse parade en créant un parterre de fleurs autour de l'arbre où les poubelles s'accumulaient depuis des années. Sauf que maintenant c'est devant chez nous ! Tant que personne ne jette rien, l'endroit reste propre, mais aussitôt le premier pli l'empilement se construit à une vitesse étonnante.
Il en va de même pour toutes les affaires de la cité : il suffit que le pouvoir donne le mauvais exemple pour que toute la population s'y engouffre. Il est terrible de constater que cette épidémie fonctionne beaucoup mieux avec les mauvaises actions qu'avec les bonnes. On se lâche. "Si un gros dégueulasse (j'emploie ce terme parce que les filles sont bien obligées de se retenir) a pissé, pourquoi m'en priverais-je ?" Tous ne suivent heureusement pas le mouvement, mais quelques uns suffisent à polluer l'air ambiant. N'est-ce pas un trait typique des indigènes de notre pays, l'indiscipline faisant partie des coutumes françaises ? Cela n'a pas que des inconvénients, mais c'est fou le nombre de questions que l'on peut se poser à partir d'une cuvette de chiottes !

lundi 5 octobre 2015

Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?


Lorsque nous avons refait la cuisine ma fille l'a trouvée très belle, mais un peu trop moderne. Lorsqu'elle a besoin de quelque chose elle préfère fouiner chez Emmaüs ou Neptune à Montreuil. Ce n'est pas seulement une question d'argent, mais les objets formatés n'ont pas d'âme, il leur manque une histoire. Et cette histoire peut continuer pour peu que l'on y soit sensible ! Françoise pense la même chose, aussi adore-t-elle chiner de temps en temps, à Troc de l'île, dans un vide-grenier ou à Emmaüs comme la semaine dernière à Marseille. Sur la photo on la voit mettre la main sur des chaises modernes à huit euros les trois. Elle craque pour les années 60 qui me rappellent trop l'appartement de mon enfance. Une fois par mois, le samedi matin, ils mettent en vente les objets précieux et l'on trouve des bijoux incroyables pour une bouchée de pain. Parfois nous allons chez Bravo, un brocanteur spécialisé en mobilier de café indiqué par Raymond ou bien sur LeBonCoin.


Françoise est ravie d'avoir dégoté ce superbe plat à poisson de soixante centimètres de long en porcelaine de Limoges pour sept euros. Il ne me reste plus qu'à aller au marché et inviter des copains pour l'étrenner ! Ulysse s'est porté volontaire pour la vaisselle... "Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?"