Tandis que les étudiants d'Autograf bûchent sur le son autour du quartier Saint-Blaise, je redécouvre un petit film sur les fourmilières dans une version un plus longue que celle entrevue sur FaceBook.
Les jeunes gens réfléchissent le quotidien des habitants de cet îlot du XXème arrondissement ou bien ils imaginent des cités utopiques, morceaux arrachés à une planète inconnue (me rappelant Magado que nous avions conçu en 2000 avec Moebius et Étienne Mineur pour Gallimard), projection surterraine d'un plan du métro, promenade commentée se déroulant tel le carton perforé d'un orgue mécanique, pop-up, etc. Pendant qu'ils enregistrent, montent et testent tous les effets à leur disposition, je pense à nos modèles absurdes. La ville ne correspond plus à nos besoins. L'automobile est son cancer. On adapte tant bien que mal les vestiges d'un passé révolu, mais quel architecte urbaniste redonnera du sens à vivre ensemble aujourd'hui ? Il faudrait tout remettre à plat, nos déplacements, tant réels que virtuels, nos espaces privés et collectifs, la nécessité de respirer, marcher, échanger, nous rencontrer à nouveau, seul comme dans la confrontation aux autres, tant d'autres... À mon petit niveau, je presse sur les tubes de couleur pour échapper à la grisaille, je plante des arbres, j'enfourche mon vélo, je crée du lien autant que possible... Cela mériterait que l'on si penche.
Que viennent faire ici les fourmis, envahissant l'évier comme ce matin, tentant d'autres sorties de-ci de-là, envoyant des exploratrices tout autour de nous ? Ont-elles construit un réseau de galeries sous la maison comme celui que l'on découvre à la fin de cet extraordinaire extrait documentaire ? Il n'est d'autre possible que celui qu'il nous reste à inventer.

P.S. : ce matin, je découvre que la Cité de l'architecture et du patrimoine expose GénéroCité jusqu'au 11 mai, cent projets français "généreux".