Si les canards mangent les grenouilles, se repaissent-ils des souris ? Françoise qui a mis en eau le nouveau bassin construit par son père m'appelle pour assister à un match de rugby entre les six canetons étroitement surveillés par leur mère. Un souriceau tombé entre leurs becs sert de ballon à la bande de palmipèdes excités comme des puces. Ils n'arrêtent pas de se nager après en essayant de se chiper leur proie. Diabolo surveille la mêlée en arbitre de touche sans avoir droit d'y aller de son museau. Je l'ai enregistré en début d'après-midi avec un os entre les dents. Sa plainte phénoménale rappelait le cri d'un lion qui vient de se Quincy Jones dans la porte de sa cage. Loulou, le vieux labrador paralysé de l'arrière-train, s'en fichait éperdument, se réveillant de temps en temps pour lancer un aboiement aussi terrible que celui du jouet qui nous terrorisait lorsque nous étions enfants Passage du Panorama. Entre les grincements de ténor du Jack Russell, les sub-basses du Labrador, les coups de klaxons de la cane, les piaillements de sa marmaille, les stridulations des cigales, les gémissements des tourterelles, les jacassements des pies et le concert des petits oiseaux, il n'y a que les abeilles que l'on n'entend pas, cantonnées derrière les figuiers, trop absorbées à travailler.